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Libye : La Tunisie rejoint l’Algérie

18-02-2015 16:29  Rafik Benasseur

L’intervention militaire en Libye contre les éléments de Daesh est loin de faire l’unanimité.

L’Algérie qui s’oppose fermement à cette funeste perspective, avec raison d’ailleurs, vient de recevoir un soutien de poids puisque sa voisine la Tunisie vient de faire savoir elle aussi son opposition. «Nous sommes toujours opposés à une intervention militaire, la seule solution est une solution politique», a déclaré aujourd’hui le tout nouveau Premier ministre Habib Essid lors d'un point de presse.

Le chef du gouvernement tunisien craint légitimement les dommages collatéraux à toute intervention militaire chez son voisin libyen plongé déjà dans le chaos.

«La principale raison de la situation que nous voyons aujourd'hui (en Libye) a été une intervention militaire (occidentale contre le régime de Mouammar Kadhafi), c'est pourquoi notre position est claire», a souligné Habib Essid.

Du coup, l’Egypte qui a décidé unilatéralement de demander au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution pour l'intervention militaire d'une coalition internationale, perd un précieux allié potentiel. En effet, avec l’Algérie et l’Egypte, la Tunisie partage une frontière avec la Libye et craint de ce fait les conséquences dramatiques au plan humain et sécuritaire d’une telle intervention.

La Tunisie qui constitue le seul fruit mur de ce qu’on appelle le «printemps arabe» redoute d’être déstabilisée.

Non à la guerre en Libye !

En plus de la peur de voir des groupes jihadistes passer la frontière, les autorités tunisiennes craignent un afflux de réfugiés massifs, comme lors du conflit de 2011.

L’Algérie qui fait de la solution politique en Libye son leitmotiv, échaudée surtout par la campagne de l’OTAN en 2011, ne peut que se féliciter d’une telle décision de la Tunisie.

L’Egypte du maréchal Al-Sissi tente de forcer la main à l’Algérie à travers cette demande d’une intervention militaire. Le nouveau régime du Caire qui connaît une situation chaotique au Sinaï tente maladroitement de faire diversion en lançant des bombardements en Libye contre les repaires de Daesh après la décapitation sauvage des 22 coptes.

Al-Sissi fait diversion

Le comble est que l’Egypte est engagée avec l’Algérie et la Tunisie au sein du comité de suivi des pays voisin pour trouver une solution politique en Libye.

Sa décision unilatérale de frapper en terre libyenne et d’appeler le Conseil de sécurité est une manœuvre qui profite davantage en faveur de l’agenda interne du Rais Al-Sissi que la volonté de résoudre le conflit en Libye.

Le président égyptien qui fait face à une contestation politique de son élection, de ses décisions, mais aussi à une crise sécuritaire sans précédent au Sinaï, tente de se construire une légitimité à l’international.

Sauf qu’il s y prend très mal en appelant les occidentaux à intervenir chez son voisin alors que le chaos libyen a été précisément provoqué par la guerre Atlantiste contre le régime de Kadhafi.

Et l’appel d’Al-Sissi n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd puisque l’Italie s’est dite prête à mener une coalition militaire internationale en Libye.



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