Arabsat, l'opérateur de communications par satellite, a suspendu la fourniture de ses services à la chaîne de télévision libanaise al-Mayadeen, dans un but visant à museler cette télévision indépendante qui fait une concurrence féroce à la Qatarie al-Jazeera et à la saoudienne al-Arabia.
Lors d'une conférence de presse, le directeur de la chaîne télévisée al-Mayadeen, Ghassan ben Jaddou a souligné qu'il a été mis sous pression par certains pays arabes, qui, selon lui, ont demandé à al-Mayadeen de traiter la guerre menée par l'Arabie saoudite sur le Yémen comme relevant d'une question humanitaire et de ne pas couvrir les bombardements saoudiens sur les cibles civiles yéménites.
Ben Jaddou affirme également qu'ont été mis en cause par les Saoudiens la couverture par la chaîne du drame de Mina, près de La Mecque, lors des rituels du Hadj ainsi que la couverture des nouvelles relatives à la résistance palestinienne ainsi que d'autres raisons pour lesquelles une pression croissante a été exercée sur cette chaîne... La couverture par la chaîne des événements en Syrie est un autre motif pour faire taire al-Mayadeen.
Le directeur de la chaîne dit que la décision prise par Arabsat constitue une violation de la liberté d'expression et les droits des médias.
Par ailleurs, Ghassan ben Jaddou a annoncé hier vendredi que le gouvernement libanais a été lui aussi mis sous pression pour stopper la diffusion de la chaîne à l'intérieur du Liban. Il exprimé sa confiance dans l'État libanais qui étudie une plainte déposée contre la chaîne par la compagnie opérant le satellite Arabsat.
« Nous anticipons avec optimisme la réponse du gouvernement libanais à la demande d'Arabsat pour enquêter sur le statut juridique d'al-Mayadeen », a déclaré Ghassan Ben Jeddo lors d'une conférence de presse tenue au Coral Beach (Beyrouth).
Il a affirmé avoir été pris au dépourvu par le dépôt de cette plainte et a assuré que sa chaîne n'a pas « violé les lois libanaises », soulignant que certains pays arabes cherchent à intimider les journalistes qui manipulent les nouvelles au sein de l'entreprise médiatique.
Le ministre de l'Information libanais, Ramzi Jreige, a déclaré pour sa part qu'un comité étudiera la plainte déposée à la lumière des textes de la loi libanaise et de la Constitution qui garantissent les libertés.
« Quelle que soit la décision de l'État libanais et malgré la décision de suspendre la diffusion de nos programmes sur Arbasat, nous ne changerons pas notre ligne éditoriale qui, et nous n'avons aucune honte de l'afficher, est proche du Hezbollah », a-t-il dit.
Plainte pour « insulte à un pays arabe »
Pour rappel, Arabsat a porté plainte contre la chaîne al-Mayadeen, basée au Liban, pour « insulte à un pays arabe » après avoir accueilli un invité qui a insulté des dirigeants saoudiens.
Le directeur de la chaîne a refusé d'assumer la responsabilité des propos tenus par un invité d'une émission télévisée diffusée par al-Mayadeen et qui, selon lui, « n'engagent en rien les journalistes de la chaîne, encore moins la chaîne elle-même ».
La chaîne de télévision al-Mayadeen a été lancé au Liban en Juin 2012, en cherchant à présenter une alternative aux médias traditionnels satellitaires arabes (al-Jazeera, al-Arabia...), qui sont financés par les monarchies moyenâgeuses du golfe.
Notons également qu'il y a quatre ans, la direction d’Arabsat, sous la pression des saoudiens et des qataris, avait interrompu la diffusion des programmes des chaînes satellitaires syriennes dans le cadre de la campagne terroriste et médiatique de tromperie qui avait accompagnée la guerre contre la Syrie.