Le ministre des affaires religieuses, Mohamed Aissa a vigoureusement réagi aujourd’hui aux dérapages ayant émaillé la marche tolérée de vendredi dernier à Alger dans le sillage de la dénonciation des dessins de Charlie Hebdo. «Ces dérives ne relèvent ni de l’éthique et de la déontologie ni de la passion des musulmans», a dit le ministre qui exprime à l’occasion la toute première réaction officielle à cette manifestation qui a servi de tribune à certains apprentis salafistes pour scander des slogans à la gloire de Daesh et des Al Saoud.
Mohamed Aissa a le mérite de tirer, via la chaine III le tapis sous les pieds de ces bandes d’excités sponsorisés par des officines étrangères qui souhaitent réinstaller le climat insurrectionnel des années 90.
Pour le ministre, les dérapages enregistrés ne traduisent pas les valeurs de l’islam qui prêche «la tolérance, la cohabitation, le travail, la propreté, l’intelligence et la convivialité».
Il en a profité pour donner une leçon de pédagogie à certaines chaînes de télévision privées coupables d’après lui d’avoir offert leurs plateaux à des extrémistes dont certains sont responsables des drames qu’a connu l’Algérie durant la décennie rouge.
Les dangers des minbars-«télé»
Mohamed Aissa pense que «La course à l’audimat les (télévisions NDLR) pousse à l’extrême, sans mesurer l’impact de ce qu’elles diffusent sur la société».
C’est pourquoi il estime nécessaire d’aller vers la «réorganisation» de ces chaînes en leur rappelant leurs responsabilités.
Le ministre s’est dit convaincu que la victoire sur le fondamentalisme est une affaire de tous y compris des médias qui doivent s’impliquer pour empêcher la diffusion d’un discours religieux dangereux et étranger à notre société.
Le premier responsable des affaires religieuses n’a pas manqué de charger certains partis islamistes ayant tenté de récupérer politiquement la manifestation «spontanée» des algériens de leur amour au prophète (QSSL) et leur dénonciation des caricatures de Charlie Hebdo à travers des marches dans les quatre coins du pays.
La fatwa du ministre
«Nous l’avons prévu. D’ailleurs, nos imams, sur les pupitres de l’ensemble des 15 000 mosquées, ont interpellé les fidèles à rester dans le contexte réel de la défense du Prophète et de la promotion de sa tradition. C’est-à-dire, au lieu de crier, de brûler, d’incendier et blasphémer, il est préférable de démontrer que l’Islam est une religion de cohabitation, de convivialité, d’intelligence, de travail et d’engagement», a souligné le ministre.
Pour autant Mohamed Aissa s’est dit rassuré que la majorité des Algériens soit «immunisée» contre ces tentatives de récupération des mouvements de masse.
«Nous avons vécu cela dans les années 90, cela nous a conduit à des violences qui ont fait 200 000 morts. Les Algériens en sont conscients et vigilants aujourd’hui», a-t-il appuyé.
Fidèle à sa ligne de conduite, le ministre a rejeté tout lien entre les auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo, et l’Algérie où ils n’ont d’ailleurs jamais mis les pieds, a-t-il précisé.