Les militants du PPA s’apprêtent à célébrer mardi le 02 août une date que les historiens considèrent comme « décisive » dans la maturation du mouvement national : le 02 août 1936. Cette date, c’était un lundi, se souvient Ali Aggouni, ancien compagnon de Messali Hadj. Certaines formations politiques algériennes de l’époque, l’UDMA de Ferhat Abbbas, le parti communiste dont le secrétaire général, Amar Ouzeguane, et les Ulémas organisaient un meeting populaire au stade municipal de Ruisseau (El Annasser actuellement) sous la bannière du Congrès musulman algérien.
L’objectif des formations politiques organisatrices de l’événement était de revendiquer aux autorités coloniales plus d’égalité, dans le cadre du fameux plan Blum/Violette. Messali Hadj, qui incarnait l’aile radicale du mouvement national, réclamant l’indépendance de l’Algérie n’était pas invité. Il s’est invité lui-même à la surprise des organisateurs qui lui refusèrent de prendre la parole, n’étant pas inscrit préalablement sur la liste des intervenants. Mais à la demande massive des algériens présents à ce meeting, Cheikh Abdelhamid Benbadis, consent à l’inviter à la tribune.
"Cette terre bénie est la nôtre, elle n’est ni à vendre, ni à acheter, ni à hypothéquer, ses héritiers sont là et l’Etoile Nord Africaine y veillera"
Messali Hadj ravira la vedette aux autres leaders politiques en improvisant un discours flamboyant qui prône la rupture avec le système colonial. "Cette terre bénie est la notre, elle n’est ni à vendre, ni à acheter, ni à hypothéquer, ses héritiers sont là et l’Etoile Nord Africaine y veillera", dira t-il dans une tirade célèbre, ponctuée par le geste de Messali Hadj qui s’était agenouillé pour prendre dans sa main une poignée de terre la brandissant devant la foule en délire.
« Mes chers frères, je vous apporte le salut fraternel de vos frères émigrés en France qui luttent au sein de l’Etoile Nord Africaine (ENA) depuis plus de dix ans pour l’émancipation de notre peuple et pour l’indépendance de l’Algérie ». Avec son costume légendaire qui lui donnait l’allure d’un personnage biblique, Messali Hadj poursuivra sa harangue devant une population en délire "Nous rejetons de toutes nos forces le rattachement de l’Algérie à la France, car nous sommes pour la création d’un parlement algérien au suffrage universel, sans distinction de race ni de religion et pour l'indépendance de l’Algérie".
C’est cet événement fondateur, qui avait définitivement enterré l’illusion d’une coexistence entre les différentes communautés, sous le régime colonial, que les militants du PPA vont célébrer demain mardi. Même s’ils ne sont pas nombreux, les quelques survivants gardent toujours le feu sacré, au moment où l’Algérie, à la croisée des chemins, a besoin de retourner à son histoire pour retrouver le chemin de son avenir en tant que Nation.
Ali Aggouni, ancien compagnon de Messali Hadj, qui est à l’initiative de cette célébration, continue de se battre, malgré le poids des ans pour la réhabilitation du PPA de ses anciens militants, dans le cadre d’une réconciliation nationale. « Après plus de cinquante ans d’indépendance et d’une histoire truquée, falsifiée, l’essentiel du programme du PPA, qui fut celui de la Révolution, subsiste toujours et ne demande qu’à être appliqué pour le bienfait du peuple Algérien », souligne t-il dans une déclaration remise à Algérie 1.