Pour la deuxième fois en 7 mois, le Syndicat des pilotes de ligne algériens (SPLA) monte au créneau pour alerter l'opinion publique sur la situation catastrophique de la compagnie aérienne Air Algérie.
En janvier 2014, le SPLA avait déjà estimé que la cérémonie de signature de trois contrats pour l'achat de nouveaux avions « occulte les vrais problèmes et les enjeux ».
Invités à ladite cérémonie, les pilotes ont choisi le boycott en guise de protestation. « En tant que partenaire social, nous sommes aux premières loges d’un spectacle désolant. En effet, face au défi et à la concurrence auxquels la compagnie doit faire face avant qu’il ne soit trop tard, notre direction persiste dans sa politique léthargique de laisser-faire, elle fait toujours l’autruche quant aux actions correctives qu’elle devait entreprendre suite à la réception du rapport alarmant de l’audit de Lufthansa Consulting financé de surcroît par l’argent public en devise forte », où il en ressort de « nombreux écarts en terme de sécurité des vols, techniques et organisationnels".
Parallèlement à ce rapport, le syndicat déclare avoir alerté plusieurs fois la direction d’Air Algérie quant aux atteintes à la sécurité des vols. Des alertes qui sont "restées sans prise en charge" car "Cela souligne le manque de vision et la réticence au changement positif de la direction".
"Éviter un drame de plus"
Dans leur deuxième communiqué qui n'est qu'une suite logique du premier, le SPLA commentant le limogeage de 4 directeurs, indique que «le problème est plus profond et faire sauter quelques fusibles n’apportera rien du tout; quelques directeurs passent d’un poste à un autre, forts de leur incompétence avérée et de leur appartenance régionale.»
Pour ce faire, le SPLA en appelle aux responsables du pays afin d’intervenir «pleinement et rapidement dans la gestion d’Air Algérie et d’engager une démarche sérieuse avec les professionnels de l’aviation pour essayer de sauver le pavillon national». Il recommande «la plus grande vigilance l’ensemble des professionnels de l’aviation au sein d’Air Algérie afin d’éviter un drame de plus. Aujourd’hui, après un crash très récent, le comportement de certains responsables et le climat de travail qui règne au sein de la compagnie font craindre le pire».
Le SPLA s'indigne dans le même communiqué que «La mauvaise gestion et le non-respect du régime de travail des pilotes mettent en danger immédiat la sécurité des passagers.» d'autant, dit le syndicat que «La direction générale s’entête à recruter des pilotes en self-sponsor, sans le niveau requis (bac+2) avec des formations douteuses qui entraînera forcément une atteinte grave à la sécurité».
Le syndicat tire enfin la sonnette d'alarme en affirmant que «Les pilotes d’Air Algérie sont fatigués. Les refus de congés ont atteint des summums (14 mois de reliquat de congé pour certains) avec un total de plus de 132 ans de reliquats pour l’ensemble des pilotes. Cette situation dure depuis plusieurs années…».