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Le plus grand poète populaire algérien vivant : Ahmed Bouziane, cha’irou el hidhab

22-06-2015 12:48  Salem Bnourachik

C’est le plus fécond et marquant de nos poètes populaires contemporains. Il a rencontré la consécration lorsque, à Tiaret, sa ville natale, il a eu à déclamer, à deux occasions dans la même journée du 13 octobre 2002, sa poésie en présence du Président de la République Abdelaziz Bouteflika : lors de la séance d’ouverture du « colloque sur les aspects de l’unité nationale à travers les proverbes » et ensuite à la fin du déjeuner que celui-ci a offert, sous une immense et magnifique tente traditionnelle dressée dans le parc de la jumenterie de Tiaret, en l’honneur du ministre des affaires étrangères saoudien Saoud Al Fayçal venu en mission spéciale pour l’y rencontrer.

Il déclama deux poèmes, l’un en langue classique et l’autre en langue populaire. Il fit une si grande sensation que le prince Saoud Al Fayçal, transporté de plaisir, quitta son siège, se dévêtit de sa magnifique ‘abaya et alla en couvrir le poète en guise de présent sous les applaudissements du Président de la République, de sa suite et des hôtes saoudiens.

Ahmed Bouziane fit honneur, ce jour-là, à Tiaret, à l’Algérie toute entière et à la poésie. Depuis, notre poète fit son chemin vers la notoriété nationale et même internationale en publiant un recueil après l’autre les uns à frais d’auteur et les autres aux frais du Ministère de la culture. Il est le premier poète algérien à avoir assorti sa demie douzaine de recueils de disques compacts audio comportant les enregistrements de ses poèmes déclamés par lui-même.

Notre poète quinquagénaire vit à Tiaret. Il poursuit sa carrière qu’il partage entre la création poétique, les récitals qu’il donne à l’invitation des maisons de la culture, des universités et des associations culturelles à travers le pays et ses participations aux émissions de télévision et aux festivals de poésie qu’organisent certains pays arabes qui l’y invitent.

La responsabilité de faire connaître davantage ce grand poète, en passe de devenir majeur parmi ses pairs algériens et arabes, incombe à notre ministère de la culture qui n’accorde toujours pas suffisamment d’intérêt à la poésie. Il convient que ce créateur de talent certain, soit accompagné et encouragé à travers la mise en valeur, par nos médias audiovisuels, de ses qaçaïd de morphologie strophique qui n’ont rien à envier aux chefs-d’œuvre des grands maîtres algériens et marocains des temps anciens.

La ligne directrice qui semble guider ce poète, déterminé à égaler, voire dépasser les anciens, est celle qui conduit à la restauration de l’art poétique populaire algérien authentique, sa revivification et sa rénovation à travers la démonstration de la capacité des poètes d’aujourd’hui de créer une poésie de haute facture et contemporaine. Il suffit d’écouter l’interprétation faite par le chanteur chaabi tiaretien Adda Guerouani des qaçaïd de Ahmed Bouziane pour se rendre compte de la virtuosité qu’a atteinte ce dernier dans la maîtrise du verbe.

Il y est parvenu au prix d’une très grande exigence envers lui-même. Il investit tout son cœur et toute sa verve dans chaque pièce de poésie qu’il compose. Les interprètes de chaabi, à Alger, Mostaganem et ailleurs, gagneraient à cesser de ressasser les pièces que plus personne ne veut écouter et à chanter les magnifiques poésies anciennes qui n’ont pas encore été mises en musique ou celles de Ahmed Bouziane ce qui va donner assurément un nouveau souffle au chaabi.



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