Malaise et embarras ce mardi au Parlement tunisien où en séance plénière les députés tunisiens ont prié à la mémoire de la moudjahida Djamila Bouhired, à la suite de l’annonce, erronée, de son décès par une députée.
Yamina Zoghlami, du parti islamiste Ennahda, a pris la parole et a, d'un air grave et attristé, annoncé la mort de madame Bouhired.
Le président de séance, Abdelfattah Mourou, issu de la même formation que la députée demande aux élus de réciter la Fatiha, la sourate d’ouverture du Coran. Les députés rendent, debout, hommage à la moudjahida.
Quelques instants plus tard, Abdelfattah Mourou, également vice-président du Parlement, intervient à nouveau, manifestement mécontent, pour faire état d’un message de l’ambassade d’Algérie. « On vient d’être informé par l’ambassade algérienne qu’elle est en vie. (…) Madame Zoghlami, tu as tué cette femme et nous avons lu la Fatiha alors qu’elle encore en vie ! », s’exclame-t-il, d’après la bande sonore mise en ligne par la radio privée Jawhara FM.
Le président de séance était visiblement embarrassé. « Qu’est-ce qu’on fait de la Fatiha maintenant? », s’interroge-t-il, avant de sermonner la députée. « Vérifiez avant de nous demander de réciter la Fatiha », insiste-t-il.
Circonstance atténuante pour les élus, la rumeur de la disparition de Djamila Bouhired circule depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux, par le biais notamment de photos accompagnées de messages de sympathie envers "une grande moudjahida".
Née en 1935, Djamila Bouhired est une figure historique de la lutte anti-coloniale, condamnée à mort par la justice française avant d’être graciée et libérée. Le réalisateur égyptien Youssef Chahine lui a consacré un film "Djamila" en 1958, et l’artiste libanaise Fayrouz une chanson.