La vague de changement qui se développe progressivement au sein du parti du MSP ne tardera pas à avoir raison de Abderezzak Makri, l’actuel premier dirigeant de cette formation politique qui a été sortie des rails sur lesquels elle a été placée par son père fondateur Mahfoud Nahnah et son premier successeur Boudjerra Soltani. Nombreux sont ses militants dirigeants et de base à affirmer que ce dernier a toutes les chances de reprendre les rênes et de rétablir la ligne politique originelle de ce parti qui, bien que d’obédience islamiste, n’avait pas vocation à être antagonique à l’endroit des intérêts supérieurs de son pays, mais à favoriser et à accompagner la domestication des adeptes de l’islamisme politique extrémiste, qui n’ont d’autre voie à suivre, pour avoir accès à un rôle sur l’échiquier politique algérien, que celle de laisser la religion à la bonne place où elle doit rester, c’est-à-dire hors du champ politique.
Regrettant le fond et la forme de la gestion des destinées du parti assumée par Soltani, la plupart des militants du MSP interrogés se disent prêts à soutenir son retour à la tête du parti, car de tous les dirigeants du MSP ayant occupé des fonctions gouvernementales, il est le seul à avoir servi l'image de son parti tout en adaptant harmonieusement sa démarche à celle des formations gouvernementales auxquelles il a successivement appartenu. Il se distingue nettement de l’ensemble des membres de la direction du parti qui ont été mis à l’essai au sein du gouvernement. Son charisme, sa culture patriotique authentiquement algérienne, son efficacité communicationnelle et son éloquence, à ses postes ministériels successifs et à la tête de son parti, lui ont permis de s’attirer la sympathie aussi bien des dirigeants de l’Etat que celle des citoyens à travers tout le pays. Ce n’est pas le cas de Abderezzak Makri qui a dilapidé le capital sympathie qu’avait le MSP au sein du peuple algérien.
En effet, ce dernier, qui a été jugé depuis le début de l’association du MSP au gouvernement, inéligible à un poste ministériel, n’a pas eu la possibilité d’acquérir ni une expérience gouvernementale, ni aucune connaissance des arcanes des hautes sphères du pouvoir. Son ressentiment et sa volonté de nuire à ceux par qui il a été rejeté ne lui ont pas permis d’inspirer la moindre sympathie autour de lui en dehors des rangs du MSP où la plupart des militants le trouvent « désagréable et répulsif comme une vieille fille que les prétendants ont évitée » selon les mots assassins d'un membre du Majlis Echoura du parti.
Il a été incapable, toujours selon les mêmes sources, de lier et d’entretenir des amitiés durables avec des membres du sérail, civils et militaires, et les acteurs majeurs de la sphère médiatique contrairement à Soltani. Tous ces handicaps et beaucoup d’autres encore, ont déterminé la posture contreproductive et inopérante dans laquelle il a entrainé, lui et ses partisans, le MSP qui s’est vu de ce fait régresser et perdre les atouts considérables qu’il avait du temps de Soltani. Il n’est plus dissocié de la kyrielle de partis islamistes qui s’obstinent à ne pas se fédérer dans une seule formation viable et digne de respect à l’instar de Ennahda de Tunisie.
Pour ne pas sombrer irrémédiablement, affirment ses détracteurs, le MSP qui ne peut se choisir pour chef aucun de ses anciens ministres qui ont tous tété les mamelles de la corruption et de la prévarication, n’a d’autre recours, "pour se sauver du naufrage qui le menace", que celui de s’en remettre à Boudjerra Soltani soulignant qu’il a « une stature de commandant de bord aussi adroit que clairvoyant et imaginatif."