Le front social s’emballe chaque semaine un peu plus avec d’incessantspréavis de grève et parfois des arrêts de travail soudains de certaines catégories professionnelles. Le meilleur(le pire plutôt) exemple était venu des personnels d’Air Algérie qui ont paralysé l’aéroport HouariBoumediene lundi au grand dam des passagers laissés àl’abandon.
D’où vient donc cette accès defièvre du monde du travail alors même que l’UGTA qui se targue de représenterdes millions de travailleurs peine à stopper le valse de mouvements deprotestation ?
Les pouvoirs publics ne semblentpas disposer de solutions miracles pourprendre en charge les doléances exprimés par tous les travailleurs des secteursen ébullition. Les médecins résidents qui ont écouté les «garanties » duministre l’autre jour ont été contraints de reconduire aujourd’hui mardi leurrassemblement au CHU Mustapha Pacha. Il y avait du monde ce matin dansl’enceinte de l’hôpital malgré le refoulement des centaines de résidentsdevant rallier Alger depuis les différentes régions du pays.
Les animateurs du Comité autonome des médecins résidentsalgériens (Camra) y ont réitéré leur détermination à ne pas céder auxpromesses du ministre.
Le mouvement des résidents ensciences médicales n’est donc pas près de s’arrêter aussi longtemps que leministère de la Santé ne réglerait pas leurs revendications soulevées, notammentle fameux service civil.
Toujours au névralgique secteur de la santé, lesyndicat Algérien des paramédicaux (SAP) a lancé une grève cyclique initiée. Le tribunal administratif d’Alger ajugé lundi «illégale» cette grève après avoir saisi en référé, le tribunal administratif d’Alger.Les protestataires eux exhibent un préavis de grève dûment établi.
De son côté, le secteur dutransport aérien traverse une zone de turbulence. Les différents corps demétiers se succèdent au créneau de la protesta. Le syndicat autonome des PNC(personnel navigant commercial) d’AirAlgérie compte déposer un nouveau préavis de «grève cyclique» à partirde la semaine prochaine après que le tribunal ait déclaré «illégal» leurmouvement.
«Nous ne sommes pas des hors la loi ; nousavons décidé de suspendre notremouvement par respect à la décision de justice, mais nous allons déposer unnouveau préavis de grève», a estimé Karim Ourad, interrogé par l’AFP. Ducoup, la semaine prochaine s’annonce mouvementée dans plusieurs secteurs trèssollicitée par les citoyens puisqu’il s’agit de la santé et du transport.
Pendant ce temps, on annonceégalement que les retraités de l’ANP, empêchés samedi dernier de tenir leur rassemblement à Alger, menacent de revenirà la charge la semaine prochaine. C’est dire que les services de sécuritéresteront sur le qui-vive et les algérois vont devoir se préparer à d’immensesbouchons sur l’autoroute et les routes secondaires.
Le Cnapest, plus grand syndicatde l’Education, jusque-là calme, a annoncé lundi une grève ouverte à partir demardi prochain, pour dénoncer ce qui est qualifié dans son communiqué de « pourrissementde la situation dans le secteur. »
Plusieurs syndicats autonomessont montés mardi au créneau pour dénoncer les propos du ministre du TravailMourad Zemali qui a déclaré que « les recrutements sont gelés dans lafonction publique, de même que les salaires. »
Des propos qui ont l’effet d’unchiffon rouge auprès des syndicats qui estiment« vitales les augmentations des salaires, au vu de la dégradation dupouvoir d’achat des fonctionnaires » et proposent de réduire les salairesdes ministres et des députés et rétablir l’impôt sur les fortunes.
Face à ces feux qui dessinent unfront social en voie d’embrasement quotidien, la marge de manœuvre dugouvernement reste limitée, surtout sondiscours sur les limites des moyens financiers du pays passe très mal dans lemonde du travail.