Le Gouvernement Ouyahia a réussi, bon an mal an, à stabiliser le front social en concédant des augmentations de salaires à quasiment tous les secteurs, avec en sus des rappels, à partir de janvier 2008. Mais cette accalmie, dans le monde du travail, est entrain d’être compromise par ce qui a tout l’air d’un véritable incendie avec plusieurs foyers dans différentes régions du pays : les contestation consécutives aux distributions de logements.
Il ne se passe pas un jour sans que des émeutes violentes n’éclatent ici et là dès que les listes des bénéficiaires sont affichées. Mardi à N'Gaous (Batna) des émeutiers ont saccagé des édifices publics, mercredi, le siège de la Daïra de Chéraga avait été assiégé par des centaines de citoyens, dont les noms ne figuraient pas sur la liste. Ce week-end les villes d’Annaba et d’El Kala ont été les théâtres de violentes échauffourées entre policiers et manifestants. Le même scénario s'est répété dans pratiquement toutes les wilayas du pays. Une distribution de logement, censée être un moment de joie, notamment pour les attributaires est entrain de tourner carrément au « cauchemar », pour reprendre le mot du ministre de l’habitat, Noureddine Moussa dont le département est en première ligne dans ce dossier.
Face à cette situation, qui est entrain d’alourdir le climat général, le Gouvernement est pris entre le marteau et l’enclume : d’un côté l’instruction du président Bouteflika aux responsables de distribuer tous les logements achevés et de l’autre les émeutes qui se déclenchent systématiquement. Un vrai dilemme cornélien pour le Gouvernement Ouyahia. Devant les risques de dérapage qu’une telle situation pourrait potentiellement engendrer, on se demande si une sorte de moratoire, dans la distribution des logements achevés n’est pas envisageable ? A charge, entre temps, mais très rapidement, pour les pouvoirs publics d’éliminer les causes de ces contestations. Du moins, tant que faire se peut, en introduisant de nouveaux paramètres par exemple dans le sens d’une plus grande équité dans les distributions.
Car force est de le reconnaître que les passe-droits, le « bni aâmisme », restent hélas des paramètres décisifs et souvent les quelques nécessiteux qui sortent dans les listes ne sont que du saupoudrage pour cacher des distributions complaisantes au profit de « la mafia du logement ». Mais, ce n’est certainement pas tout. Car par delà les micmacs et autres magouilles qui entourent la distribution des logements, c’est de noter que le problème fondamental reste la disproportion entre la demande et l’offre qui est de l’ordre de 1 pour 10, selon le collège algérien des architectes. D’où la nécessité d’une nouvelle politique du logement. Et maintenant plus que jamais, car l’Algérie a les moyens financiers pour résorber cette crise structurelle qui représente une véritable menace pour la stabilité du pays.