Les producteurs de résine de cannabis du Maroc alimentent les trois-quarts de la consommation française, et les producteurs d’herbe européens, indique mardi un rapport commandé par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca).
Le marché du cannabis est évalué à 1,117 milliard d’euros par an et le chiffre d’affaires global du marché de la drogue français est estimé à 2,3 milliards d’euros, soit 0,117 % du PIB, selon le même rapport qui relève que les Français dépensent en moyenne 36 euros par an en stupéfiants.
Ce rapport intermédiaire, réalisé par l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ), note que ce marché «gigantesque» est dominé par le cannabis et la cocaïne, qui représentent, à eux seuls, plus de 85 % du chiffre d’affaires global.
«Le cannabis reste en volume et en valeur le premier marché des drogues illicites en France», souligne le rapport, relevant que cette drogue est de loin le produit le plus consommé (17 millions de personnes disent l’avoir expérimenté au moins une fois).
Estimé en 2005 à 832 millions d’euros, ce marché du cannabis a vu son prix augmenté «avec une substance plus dosée et donc jugée de meilleure +qualité+ par les consommateurs », explique David Weinberg, chercheur à l’INHESJ.
Les auteurs du document notent que le prix du gramme au détail a augmenté de 25 % entre 2005 et 2010, ce qui explique que cette hausse du prix a entraîné une augmentation de 33 % du chiffre d’affaires du cannabis.
Cette évolution est liée à un contexte fortement concurrentiel, selon Weinberg qui précise qu’il y a «un affrontement entre la filière productrice de résine de cannabis au Maroc et celle qui produit de l’herbe en Europe. Et pour séduire les consommateurs, les trafiquants ont choisi de doser davantage leur produit en le rendant ainsi plus attractif».
Concernant le marché de la cocaïne, son chiffre d’affaires a doublé entre 2005 et 2010, pour atteindre 900 millions d’euros, soit 38 % du marché. «Les producteurs de cocaïne ciblent principalement le marché européen, désormais considéré comme plus rentable que le traditionnel marché nord-américain», expliquent les chercheurs qui estiment, par ailleurs, le chiffre d’affaires du marché français des drogues de synthèse à 55 millions d’euros.
Ces drogues sont classées à la quatrième place, loin derrière le cannabis (1,117 milliard d’euros), la cocaïne (900 millions) et l’héroïne (266 millions), dont la consommation semble repartir à la hausse, selon le rapport.(Agences)