L'armée syrienne est entrée samedi pour la première fois depuis près de deux ans dans la province de Raqqa (nord), bastion du groupe jihadiste Daech (Etat islamique) contre lequel elle mène une offensive soutenue par l'allié russe, a indiqué une ONG.
Les troupes gouvernementales "sont soutenues par les frappes des avions russes et des supplétifs syriens entraînés par Moscou" dans leur offensive lancée jeudi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'armée avait été chassée en août 2014 de la province par le groupe ultraradical.
C'est une évolution importante sur le théâtre syrien, cette offensive de l’armée gouvernementale, qui a déclenché la bataille pour la restitution de Raqqa, le fief de Daech.
Situé au centre de la Syrie, ce gouvernorat entièrement occupé depuis 2013 fait aussi l’objet d’une bataille menée par les milices kurdo-arabes alliées des Etats-Unis, les Forces démocratiques Syriennes (FDS) qui ont lancé l’offensive terrestre depuis deux semaines, avec l’aide des frappes aériennes de la Coalition. Ces dernières ont également ouvert une autre bataille en direction de la ville de Manbaj, au nord-ouest de Raqqa, dans la province nord d’Alep.
Selon le journal libanais Assafir, l’attaque des forces régulières et de leurs alliés a été déclenchée à partir de la province Est de Hama où des renforts importants ont été acheminés ces derniers jours. C’est l’unité d’élite « Aigles du désert » qui constitue la colonne vertébrale de ces renforts. Elle avait joué un rôle décisif dans les batailles de Lattaquié, de Tadmor (Palmyre) et d’al-Qaryatayn.
L’armée a repris des zones qu’elle avait restituées puis perdues le mois de février dernier : une série de collines qui entourent l’autoroute reliant Ithriyya dans la province de Hama) à la ville al-Tabakat dans la province sud de Raqqa. Dans un laps de temps relativement court, elle a avancé une distance de 10 km, a indiqué l’activiste médiatique syrien Iyyad alHussein, grâce aussi à une couverture aérienne intense des avions russes
Le militant a prévu une bataille difficile et longue. Mais selon lui, indique Assafir, ceux qui sont parvenus à libérer en 10 jours les hauteurs de Lattaquié avec son terrain tortueux ne devraient pas avoir de grandes difficultés à Raqqa. D’autant que cette région est dans sa majeure partie désertique, à l’exception de quelques groupements.
Selon un autre journal libanais al-Akhbar, après la libération de la Perle du Désert Tadmor, les Russes ont voulu poursuivre l’opération en direction de Deir Ezzor. Alors que Damas et Téhéran ont demandé quelque temps, pour évaluer les effectifs nécessaires, tout en gardant l’œil sur la ville d’Alep.
Mais la trêve signée dans la cadre de l’accord russo-américain a permis aux milices adverses arabo-kurdes, aidées par les américains, de se réorganiser, se réarmer, et de réaliser en conséquences les dernières avancées inscrites à Hassaké, puis d’avancer en direction de Raqqa.
D’après al-Akhbar, pour Damas, il s’agirait dans les semaines suivantes de conquérir au moins la ville d’al-Tabakat et le barrage d’Assad. Question de ne pas laisser l’alliance des FDS-USA s’accaparer cette région et par conséquent de réaliser la partition de la Syrie avec la soi-disant fédéralisation annoncée déjà par les kurdes syriens. (Avec Agences)