Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a recommandé, dans une interview au journal français l'Opinion, de consolider les "acquis des derniers mois" de discussions en Libye, avec la constitution d’un gouvernement d’union nationale.
"Il faut maintenant consolider les acquis des derniers mois de discussions en constituant le gouvernement d’union nationale", a-t-il dit, dans cette interview publiée mercredi, soulignant que la question la "plus sensible" semble être "celle de la répartition des postes".
Le ministre a rappelé que l’Algérie avait entamé une médiation "prometteuse" avec les acteurs libyens et "a transmis le flambeau aux Nations unies", ajoutant que "nous devons tous soutenir le processus onusien autour d’un seul agenda de paix et de réconciliation".
"Tout vide politique serait dangereux", a-t-il averti, affirmant que les pays voisins ont "le plus besoin d’une Libye en paix avec elle-même comme avec autrui".
A la question de savoir si l’Algérie est-elle toujours hostile à une intervention militaire extérieure en Libye, le chef de la diplomatie algérienne a réaffirmé que l’Algérie privilégie "toujours" l’action politique à l’action militaire.
"Nous privilégions toujours la solution politique. Quand le nouveau gouvernement sera en place, il faudra réfléchir aux arrangements sécuritaires pour protéger les institutions et l’économie du pays, et défaire le terrorisme", a-t-il expliqué, précisant que si le gouvernement libyen demande une présence militaire des Nations unies, de l’Union africaine ou de la Ligue des Etats arabes, "il serait dans son droit".
"Nous sommes, par principe, contre les interventions militaires étrangères", a-t-il ajouté.
A une question sur les offensives militaires "répétées" du général Haftar qui pourraient, selon le journaliste, constituer "un frein" à la réconciliation libyenne, le ministre a répondu que cela "fait partie des dossiers à régler".
"A mon avis, tous les pays voisins de la Libye souhaitent une solution politique et durable qui apporte de la stabilité à leur frontière. Tous les pays doivent s’impliquer pour promouvoir une culture de conciliation de positions antagonistes, car il ne peut y avoir de solution militaire à ce genre de crise.
La solution militaire n’est ni possible ni souhaitable en Libye", a-t-il souligné. Il a rappelé, dans ce contexte, qu’en Libye, les dirigeants de l’Union africaine avaient négocié avec Kadhafi le principe d’une transition pacifique et inclusive avant que l’option militaire ne prévale.
"Une transition inclusive était possible. Les 'Printemps arabes' ont vécu ce que vivent les roses, et des hivers rigoureux se sont installés, en grande partie, du fait des interventions militaires étrangères précisément", a-t-il ironisé.
Au sujet du groupe terroriste de Boko Haram, le ministre a estimé l’éradication de la menace représentée par Boko Haram "reste un défi majeur pour le Nigeria, ses voisins immédiat et toute l’Afrique".
"Depuis l’avènement du président Buhari et l’implication organisée des forces armées de la région, la secte extrémiste voit son influence se réduire en termes d’occupation territoriale et de capacités opérationnelles", a-t-il expliqué, avertissant cependant qu’il ne faut pas relâcher les efforts car "la nocivité de ce groupe terroriste est toujours sérieuse".
Pour le chef de la diplomatie algérienne, ces groupes terroristes africains qui ont rejoint +Daech+ "cherchent manifestement une visibilité médiatique".
"Je ne vois pas, a-t-il admis, ce qui pourrait unir des groupes sous la bannière de +Daech+, qui est un produit des réalités irakiennes, né en 2006 dans le prolongement de la chute de Saddam Hussein, et des frustrations des populations avec le démantèlement de l’Etat et de l’armée. La dimension syrienne s’est ensuite greffée dessus".
Il a relevé, enfin, qu’en dehors du Moyen-Orient, "il n’existe pas de terreau pour que le groupe s’épanouisse, sauf peut-être en Libye où l’exclusion politique a également été codifiée et pratiquée à grande échelle, la ‘ékadhafisation’ ayant été instituée comme la +débaathisation+ de l’Irak".