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L'absence de vie nocturne: un "processus naturel" en Algérie

28-06-2013 09:02  Abbès Zineb

L'absence d'une vie nocturne susceptible d'agrémenter le quotidien des Algériens est un "processus naturel" eu égard aux péripéties qu'a connues le pays ces dernières décennies, notamment sur le plan sécuritaire, indique le sociologue Khaled Karim qui analyse à ce propos, l'impact "négatif" de cette situation sur leur comportement.

Les Algériens ont vécu durant la décennie 1990 un "moment de rupture" et en ont gardé une "mémoire traumatisante", relève le sociologue Khaled Karim, exerçant au Centre de recherches en économie appliquée pour le développement (Cread) à Alger.

Le chercheur notera que les Algériens ont toujours eu leur manière de s'organiser dans des "espaces de convivialité sexués", en ce sens que des lieux étaient fréquentés exclusivement par les hommes comme les cafés ou par les femmes comme les Hammams, suggérant ainsi que les Algériens ont de tout temps été réticents à la vie publique mixte et nocturne, contrairement à la majorité des autres sociétés.

Ce qui est le cas des sociétés traditionnelles où les espaces publics sont dominés par les hommes, poursuit-il avant de souligner qu'aujourd'hui, le sentiment d'insécurité "hante profondément" les esprits des familles.

Notre interlocuteur fait remarquer, en outre, une "régression" par rapport aux décennies 70 et 80 s'agissant de "la répartition et de la division du temps", en raison notamment de l'intégrisme religieux à l'origine de l'instabilité sécuritaire vécue plus tard.

Le rétrécissement et la rareté des espaces publiques nocturnes sont ainsi la "résultante" d'un "processus naturel", selon le sociologue qui explique que cette situation est étroitement liée à "l'orientation politique" dominante depuis l'indépendance à travers l'école qui a "empêché" l'émergence d'un individu "autonome" et où "l'altérité est un élément intégré dans l'éducation civique".

Interpellé sur "l'impact" de cette façon de vivre sur l'état d'esprit et "l'humeur" des Algériens, la réponse de Khaled Karim est sans appel: les conséquences sont "profondes" sur leur mental et leur psychisme dans le sens où elles donnent lieu à des êtres "introvertis". (Aps)



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