Depuis l'arrivée au pouvoir du roi Salmane, l'Arabie Saoudite s'enfonce de plus en plus dans l'extrémisme. Soutien total aux terroristes en Syrie et en Irak, guerre d'extermination au Yémen, critiques acerbes de la légitime intervention russe en Syrie, menaces de mort contre le président Bachar Al Assad, exécution d'opposants et la liste des méfaits de la monarchie féodale est bien longue.
L'exécution ce samedi matin de l’opposant et religieux saoudien cheikh Nimr Baqer al-Nimr en est une facette, puisqu'elle a démontré le véritable visage de cet Etat moyenâgeux, qui avançait comme arguments pour ce crime "la sédition, la tentation de renverser l’Etat, et la désobéissance à l’imam du royaume et son gouverneur». La cour saoudienne avait alors taxé cheikh Nimr de « mal qui ne peut être déraciné qu’en le tuant ».
Mouvement pacifique et non violent
Les forces de l’ordre saoudiennes avaient arrêté Cheikh Nimr une sixième et dernière fois en 2012 après l’avoir blessé à la cuisse par 4 balles. Il était la figure de proue d’un mouvement de contestation qui a éclaté en 2011, par des manifestations qui exigeaient la libération de jeunes saoudiens « les 9 détenus oubliés » qui avaient été arrêtés en 1996 après l’attentat d’al-Khobr à l’est de l’Arabie. Ils ont passé de longues années sous les verrous sans jugement, et pour des accusations infondées.
Ses partisans ont accusé les autorités saoudiennes d’avoir fabriqué de toutes pièces la version qu’elles ont véhiculée sur les circonstances de son arrestation et selon laquelle elle s’est faite après des échanges de tirs. Ils ont assuré que cheikh Nimr a toujours insisté pour que le mouvement de contestation reste pacifique et non violent.
A partir de 2013, son procès a débuté et s’est poursuivi jusqu’au 15 octobre date à laquelle il a été condamné à la peine de mort.
"Opposition réfléchie"
Le religieux, 56 ans, qui est originaire de la région d'al-Qatif à l’est de l’Arabie est sans aucun doute l’une des figures de l’opposition les plus influentes, et les plus virulentes aussi dans ses critiques de la dynastie des Saoud.
Depuis son retour en Arabie dans les années 90 du siècle dernier, il stigmatisait dans ses discours la politique de ségrégation qu'elle a exercée contre les minorités, son pouvoir absolu, et son accaparement des richesses et des postes-clés administratifs et militaires dans l’appareil de l’Etat.
L’une de ses requêtes consistait aussi à reconstruire les tombes des gens de Ahl al-Beit (les membres de la sainte famille du prophète Mohammad) dans le cimetière d’al-Baki dans la ville sainte de Médine et qui ont été rasées a ras-le sol depuis la fondation du royaume wahhabite. Pratique qui rappelle bien celles de Daesh en Syrie et en Irak.
Mais l’une de ses revendications pour laquelle il ne s’est pas lassé de lutter pour elle est la formation dans le royaume « d’une opposition réfléchie » qui puisse dévoiler la corruption sociale et celle de la caste religieuse, et lutter contre l’injustice politique, dont celle exercée contre les adeptes de l’école des Ahl al-Beit, en l’occurrence les chiites.
En 2009, il avait prononcé un discours très violent contre les forces de l’ordre saoudiennes qui ont tabassé des femmes chiites pour la seule raison qu’elles exerçaient le rite de la ziarat ( les salutations) à l’adresse des défunts du cimetière d’al-Baki à Médine.
En plus de sa marginalisation, la communauté chiite qui vit dans la province orientale en Arabie fait l’objet d’un mouvement de répression de la part des autorités qui lui impose des restrictions dans l’exercice de ses rites religieux. Elle est d’autant plus répudiée par l’école wahhabite qui légitime l’élimination de ses adeptes.