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La loi criminalisant la violence contre les femmes adoptée par l'APN

05-03-2015 15:18  Mourad Arbani

Les députés  de l'Assemblée Populaire Nationale (APN) ont adopté, jeudi, un projet de loi criminalisant les violences contre les femmes, jugé par les islamistes contraire aux valeurs de l'islam.

Le texte dispose que quiconque porte volontairement des coups à son conjoint, et en fonction des blessures, risque de 1 à 20 ans de prison avec la réclusion à perpétuité en cas de décès.

Un autre article stipule une peine de six mois à deux ans de prison contre "quiconque exerce sur son épouse des contraintes afin de disposer de ses biens ou de ses ressources financières".

Sur les 462 députés, 284 étaient présents et 59 ont remis des procurations pour le vote de ce texte modifiant et complétant le code pénal.

Les forces rétrogrades que sont les islamistes de l'Alliance de l'Algérie verte (MSP, El Islah et Ennahda) ont boycotté la séance jugeant ce texte contraire aux valeurs de l'islam. Pis encore, ceux du parti El Adala ont exprimé leur refus de ce texte estimant notamment que criminaliser le harcèlement dans les lieux publics aurait dû s'accompagner par des lois mettant fin "au non port du voile et à la nudité des femmes dans les lieux publics, cause principale des harcèlements" selon eux. El Adala dénonce une loi "pour se venger de l'époux et de l'homme en général" qui cherche à "disloquer la famille".

Pour sa part, le ministre de la Justice, Tayeb Louh, a expliqué que la loi fait partie de la stratégie de lutte contre la violence et contre toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

Les députés du parti des travailleurs (PT) ont préféré s'abstenir lors du vote même s'ils estiment qu'il s'agit "d'un pas positif et progressiste mais contradictoire".

Dans le texte, le pardon de l'épouse met fin à toute poursuite judiciaire dans les cas les moins graves, mais sont maintenues, bien qu'allégées, dans les plus graves.

Amnesty International estime que cette loi est "un pas un avant" mais est "alarmée" par "l'arrêt des poursuites judiciaires en cas de pardon de la victime". Selon les statistiques, l'Algérie enregistre annuellement entre 100 et 200 décès de femmes chaque année de violences familiales.



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