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La culture serre (enfin) la ceinture

31-07-2016 20:58  Rafik Benasseur

Il était temps que le secteur de la culture, qui engloutit des milliards de dinars dans des manifestations assez souvent de prestige voire inutiles, se mette en mode de «rationalité économique» devenue un slogan du gouvernement. Le premier responsable de ce département budgétivore, Azzedine Mihoubi vient d’annoncer la fusion de plusieurs structures qui se marchent sur les pieds pour faire un peu d’économie. Ainsi, des établissements culturels placés sous tutelle du ministère de la Culture, dont l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), seront fusionnés à la faveur d'une opération de restructuration.

Intervenant lors d'une conférence à Alger, le ministre de la Culture a expliqué que cette restructuration était motivée par le «souci d'améliorer» la prestation de ces établissements et de «réduire les dépenses». On aura compris, il s’agit surtout de mettre fin aux dépenses inconsidérées dans des missions bidons à l’étranger ou dans des festivals et autres manifestations dont l’impact laisse trop à désirer. Ce qui était permis à la belle époque du pétrole cher ne l’est désormais plus. Et le secteur de la culture tout comme les autres doit s’adapter et se mettre au niveau des exigences budgétaires que dicte la délicate situation financière du pays.

Le ministre a en revanche rassuré que cette «réorganisation» n'impactera pas les personnels de ces établissements qui seront «réintégrés dans de nouvelles fonctions au sein des structures réorganisées». Concrètement, l'AARC par exemple sera rattachée à l'Office Riadh El Feth, désormais «Entreprise Riadh El Feth pour le rayonnement culturel."

Inflation de structures

De même que le Centre algérien de développement du cinéma (CADC) se voit confié les missions attribuées jusque là à l'AARC dont la promotion et la production de films. Créée en 2005, l'AARC qui avait le statut d'entreprise, était chargée notamment de promouvoir la culture algérienne à travers l'organisation de manifestations en Algérie et à l'étranger. La Cinémathèque algérienne intégrera, pour sa part, le Centre national du cinéma et de l'audiovisuel (CNCA), alors que l'Office national de la culture et de l'information (ONCI) fusionnera avec le «Village des artistes de Zéralda», un établissement chargé de l'accueil et de l'hébergement des artistes, a encore révélé le ministre.

La nouvelle restructuration concerne également le Ballet national, l'Orchestre symphonique national (OSN) et l'Ensemble national algérien de musique andalouse, tous trois rattachés à l'Etablissement Opéra d'Alger, récemment inauguré. Le ministre a de nouveau invité les opérateurs privés à s'impliquer, «en partenariat avec les institutions publiques», dans la gestion des salles de cinéma, gérées jusqu'à présent par les collectivités locales, pour la plupart.

Au-delà de la nécessité de mutualiser les efforts de cette flopée d’établissements dotés chacun d’un budget respectable pour en faire des pôles intégrés et efficaces, cette mesures, permettra aussi de mettre fin au gaspillage d’argent en ces temps de vaches maigres. Il est d’ailleurs opportun de s’interroger sur ce qu’a rapporté au pays le festival du film arabe qui vient de se terminer à Oran. En fait, il faut poser la question autrement à savoir combien a coûté cette manifestation et d’autres encore alors que l’on demande au peuple de serrer la ceinture…



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