La Banque centrale européenne (BCE) a décidé de mettre fin à la production et à l’émission du billet de 500 euros, la coupure avec la valeur la plus élevée dans la zone euro, soupçonnée de faciliter les activités illégales.
La distribution de cette coupure à partir des stocks restants « sera arrêtée aux alentours de fin 2018 », a fait savoir la BCE dans un communiqué. Néanmoins, les billets actuels seront encore utilisables et leur valeur garantie à vie.
Tous les membres au sein de la BCE ne sont cependant pas d'accord. Benoit Coeuré, membre du directoire, a expliqué que les arguments pour un maintien de la coupure étaient de moins en moins convaincants. Mais son homologue luxembourgeois, Yves Mersch, insiste sur le fait qu'il n'existe pas de preuve qu'il existe un lien entre grosses coupures et activités illégales.
Si dans la plupart des pays européens, le débat a suscité peu d’intérêt, il a frisé l’hystérie outre-Rhin. Les autrichiens et surtout les allemands tiennent au billet de 500 euros comme à la prunelle de leurs yeux, dans un pays où le cash est roi et où il n'existe pour l’instant aucun plafond pour payer en liquide. Pour mémoire, avant l’introduction de l’euro, il existait en Allemagne un billet de 1.000 marks, équivalent aux 500 euros actuels.
Surnommés les " Ben Laden"
De nombreux experts estiment en effet que ces billets facilitent la circulation d'argent sale, la corruption et le financement d'activités illégales. Cette décision intervient également alors que l'Union européenne a décidé de renforcer son action de lutte contre le financement du terrorisme, sous pression notamment de la France.
Dans un rapport de 2015, Europol avait fait le calcul : 1 000 000 d’euros en coupures de 500 pèsent 2,2 kg et peuvent être facilement transportés dans une petite housse d’ordinateur portable. La même somme en billets de 50 euros pèse 22 kg.
Les billets actuellement en circulation resteront «légaux et pourront par conséquent continuer à être utilisés comme moyens de paiement», a précisé l'institution. En outre, ils garderont de manière permanente leur valeur et pourront être échangés auprès des banques centrales de la zone euro sans limite de temps.
Les «Ben Laden» -- surnom donné aux billets de 500 euros -- représentent seulement 3% du nombre de billets en euros en circulation mais 28% de leur valeur cumulée, soit 300 milliards d'euros, selon les statistiques de la BCE. Au total, près de 600 millions de coupures de ce type étaient en circulation en mars dernier.