Même si le contentieux mémoriel entre Alger et Paris n’est pas au menu des discussions, car faisant partie des questions qui fâchent, la puissante organisation des Moudjahidines a profité de la présence du président français à Alger pour réitérer la demande d’excuses pour ses crimes coloniaux, tout en exigeant par la même, l’indemnisation des Algériens comme préalable à l'édification de relations d'"égal à égal" qui répondent aux aspirations des peuples algérien et français.
Intervenant lors de la 2e session du Conseil national de l'ONM, M. Abadou a appelé les parlementaires à adopter un projet de loi criminalisant la colonisation soulignant que le traitement des dossiers soulevés en "toute responsabilité" restait la pierre angulaire de l'établissement de relations d'"égal à égal". Abadou a appelle également le Parlement français à retirer la loi glorifiant la colonisation adoptée en 2005 expliquant que la loi criminalisant la colonisation était intervenue en riposte à ce texte.
Le patron de l’ONM a défendu, par ailleurs la création d'une "école nationale d'histoire" pour contrer les actes de falsification de l'histoire d'Algérie. Il a précisé que la mission de cette école consisterait à "revoir la terminologie et concepts et contrer les actes de falsification auxquels l'école d'histoire coloniale continue de s'adonner". Abadou a aussi, appelé à la création d'une chaîne de télévision thématique sur l'histoire et la culture et du Conseil supérieur de la mémoire nationale tel que stipulé par la loi sur le moudjahid et du Chahid.
Pour sa part, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a affirmé lundi à Alger que l'indépendance de l'Algérie "n'avait pas été un cadeau", mais a été arrachée au prix des sacrifices des chouhada et moudjahidine parmi les enfants de cette patrie. "L'indépendance n'était pas un cadeau fait aux Algériens. Elle a été arrachée au prix des sacrifices des chouhada et moudjahidine pour que l'Algérie soit libre et souveraine", a indiqué le ministre dans une allocution prononcée durant la deuxième session du conseil national de l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM).
"La guerre de libération nationale, la Proclamation du 1er Novembre et les chouhada et moudjahidine représentent l'identité même de l'Algérie", a précisé M. Zitouni qui a souligné l'importance de la préservation des acquis de la glorieuse Révolution et de l'unification des rangs en semant l'espoir parmi les Algériens, notamment les jeunes". L'écriture de l'histoire est un des moyens permettant de préserver les acquis de la Révolution à travers la collecte des témoignages des moudjahidine.
Cette mission incombe aux chercheurs et experts, a indiqué M. Zitouni qui a ajouté que son département ministériel veillait à la collecte de la matière historique à travers un inventaire global des sites historiques sur l'ensemble du territoire national.
La sortie, concomitamment, de Abadou et Zitouni est visiblement orchestrée. Et le but de la manœuvre est de dire que même si la question de la mémoire est évacuée des discussions au profit d’enjeux économiques, elle reste importante, voire décisive dans l’apaisement des relations entre Alger et Paris.