L’économiste Mustapha Mékidèche, qui est aussi vice-président du CNES, s’est fait lundi l’écho des préoccupations des pouvoirs publics, face au cycle baissier dans lequel s’est installé, visiblement durablement, le prix du pétrole. La situation, à en croire son argumentaire, lors de la conférence animée à l'Institut national des études stratégiques globales (Inesg) sur la sécurité et la transition énergétique en Algérie, est plus préoccupante que ne le laisse supposer le discours officiel.
Pour lui, des réformes structurelles sont urgentes pour faire face aux vulnérabilités de l'économie nationale. "Il est impératif de procéder à des arbitrages urgents et de lancer des réformes structurelles pour assurer non seulement notre sécurité énergétique à long terme mais aussi pour financer un nouveau modèle de croissance", a-t-il fait valoir.
Selon lui, la chute des prix de pétrole met sous forte pression financière la transition économique, rappelant le creusement du déficit budgétaire et les prélèvements de plus en plus importants opérés sur le Fonds de régulation des recettes (FRR). Cette situation, a-t-il suggéré, impose de recourir en urgence à des arbitrages budgétaires, à la réduction des importations en les substituant par des produits nationaux, à la mobilisation de l'épargne nationale pour financer les investissements, à des réformes fiscales pour absorber et formaliser les ressources financières non bancarisées.
M. Mekidèche a également préconisé d’engager une réforme de la politique des transferts sociaux et des subventions à commencer par celles liées aux carburants. Pour l'économiste, la promotion de la PME est un levier potentiel, rappelant néanmoins que plus de 95% des entreprises sont de très petite taille (moins de neuf salariés) et que seulement trois entreprises assurent 80% des exportations hors hydrocarbures.
Concernant les investissements étrangers en Algérie, M. Mekidèche, qui est également vice-président du CNES, a préconisé de revenir au financement externe plutôt que de contraindre les investisseurs étrangers à se financer localement, d'élargir à l'international le Fonds national d'investissement (FNI) ou de créer un fonds souverain.
Par ailleurs, il a soutenu que la promotion du capital humain et des entreprises algériennes sont les deux clé de succès. Mais cette transition économique devrait accompagner la transition énergétique nécessaire pour assurer la sécurité du pays en matière d'énergie, a-t-il noté.