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L’autre lecture du rapport du FMI

12-12-2014 16:04  Rafik Benasseur

Le Fond monétaire international (FMI) à beau produire des prévisions rassurantes sur l’économie algérienne, la réalité est nettement moins clinquante.

Le conseil d’administration du FMI a salué aujourd’hui dans sa nouvelle évaluation de la situation économique de l’Algérie, le «regain d’activité économique du pays».

Pour ceux qui adorent les satisfecit, ils en sont bien servis, quoique...

Certains responsables vont, on s’en doute, brandir ce «brevet» du FMI pour nous signifier doctement qu’il n' y a pas péril en la demeure. Soit. Mais, cette institution monétaire, souligne tout de suite après des «vulnérabilités» auxquelles est exposée, l’économie nationale surtout dans un contexte de baisse des prix de pétrole.

C’est précisément de ce «danger» qu’il est question aujourd’hui. Les prix du pétrole reculaient fortement aujourd’hui vendredi à l'ouverture du marché de New York, passant sous la barre des 60 dollars, au lendemain d'un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) pessimiste sur la demande mondiale en 2015.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en janvier cédait 1,19 dollar à 58,76 dollars le baril, évoluant à ses plus bas niveaux depuis mi-juillet 2009, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

«Chaque jour, il se passe quelque chose qui sert de prétexte à une nouvelle baisse», a estimé un analyste cité par l’AFP.

Vulnérabilités

Autrement dit, le marché pétrolier s’est inscrit -peut être durablement- dans une tendance baissière. Du coup notre pays dont les recettes en devise dépendent à 97% du pétrole, s’en trouve gravement impacté.

Le ministre des finances Mohamed Djellab est certainement dans son rôle de dire qu’il n' y a pas le feu. Après tout, il appartient à un gouvernement qui fait de la politique et qui, naturellement ne souhaite pas qu’il soit pris en défaut.

Mais la réalité des chiffres est têtue. Notre pays doit faire face à une situation où son pétrole nourricier n’est pas cher.

Et c’est tout le discours sur la diversification de notre économie qui se trouve rattrapé par une conjoncture pétrolière qui, elle, ne s’encombre pas de scrupules politiques.

Cette dernière note du FMI réaffirme certes que l’Algérie continue à avoir «d’importantes marges de manoeuvre sur les plans extérieur et budgétaire». Mais il met en garde contre «les menaces qui pèsent sur la stabilité macroéconomique s’accentuent».

L’institution de Bretton Woods souligne en effet : «Pour la première fois en près de 15 ans, le compte des transactions courantes devrait se solder par un déficit, avance le Fonds».

Un pétrole à 56 dollars !

Pis encore, on y lit que, «à moyen terme, les déficits devraient se creuser car la forte consommation intérieure d’hydrocarbures et la baisse des cours du pétrole sont défavorables aux recettes d'exportations, tandis que les importations, stimulées par les dépenses publiques, continuent d’augmenter, indique cette institution qui observe que les exportations ne sont pas suffisamment diversifiées».

Il serait donc de mauvaise fois de brandir le rapport du FMI comme une preuve de «bonne conduite».

Ce dernier prévoit ainsi le creusement du déficit budgétaire «à plus de 7% en raison du recul des recettes d’hydrocarbures, de la nette hausse des dépenses d’investissement et de la poursuite des fortes dépenses courantes».

Il en veut pour preuve une masse salariale «élevée, et les subventions et transferts coûteux, représentant environ 26% du PIB».

Conclusion du FMI : «L’Algérie jouit certes d’une stabilité macroéconomique, mais elle a besoin d’une croissance plus rapide et plus solidaire pour créer suffisamment d’emplois à l’intention de sa population jeune». Tout un programme.



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