Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika a appelé aujourd’hui lundi la jeunesse algérienne, à l’occasion de la célébration de la Fête Nationale de l‘Indépendance et de la Jeunesse, à un «sursaut patriotique pacifique et généreux pour gagner la bataille du développement». Dans un long message écrit, le président s’est surtout adressé à la jeunesse algérienne qu’il a invitée à prendre connaissance des atrocités commises par la France coloniale et participer à la bataille du développement.
«Cet appel que je vous adresse jeunes de mon pays, est dénué de tout paternalisme. C'est l'appel d'un de vos aînés qui a consacré sa jeunesse et toute sa vie au service de la Patrie. C'est un appel qui vous invite, en cette fête nationale de l'indépendance et de la jeunesse, à vous inspirer de l'exemple des meilleurs de vos aînés, les glorieux martyrs auxquels nous devons tous de vivre indépendants et souverains dans l'Algérie libérée», lit-on dans le message présidentiel.
Le président précise que cette «bataille est au-dessus de tous les clivages politiques, idéologiques, ou de quelque autre nature qu'ils soient, car c'est tout simplement la bataille de votre propre avenir, jeunes de mon pays, la bataille du devenir de l'Algérie». C’est l’une des rares fois où le président Bouteflika interpelle aussi solennellement les jeunes algériens sur l’avenir de leur pays qui ne se présente pas sous de meilleurs auspices surtout dans ce contexte de crise financière aigue. Le chef de l’Etat sait en effet que la conjoncture économique, politique mais aussi sécuritaire est délicate ; d’où l’impérieuse nécessité de tenir un langage de vérité à une jeunesse fougueuse qui pourrait être tentée par le pire alors qu’elle capable du meilleur.
Un sursaut pacifique
Pour ce faire, le président de la république a accompagné son appel à la mobilisation de la jeunesse algérienne pour le développement du pays par un long rappel des exactions de la France coloniale. Des rappels utiles pour montrer aux jeunes algériens que leur pays revient de loin et leur peuple a terriblement souffert dans sa chair.
Le président ne s’est pas empêché de remuer le couteau dans le dos de l’ex puissance coloniale en évoquant des «massacres, de tentatives d’extermination de nos ancêtres, de spoliation de leurs terres et d’une tentative d’éradiquer notre culture et notre identité …» C’est pourquoi il a demandé à la jeunesse algérienne de faire une «rétrospection» sur les souffrances de leurs ainés sous la domination française pour entretenir la flamme de la mobilisation. Pour le président, ce travail «est d'abord un Devoir de Mémoire à cultiver pour que notre peuple se souvienne au fil de ses générations qui se succèdent, du prix de son indépendance et de sa liberté». Et d’ajouter : «Nous devons aussi faire connaître à nos enfants, les répressions barbares qui ont frappé leurs ancêtres, chaque fois qu'ils ont tenté de briser le joug colonial, allant jusqu'aux déportations de milliers d'Algériens au-delà des océans».
Devoir de mémoire
Le chef de l’Etat estime que les «générations montantes doivent connaître également l'embrigadement forcé de nos compatriotes dans les troupes du colonisateur, au fil des guerres que celui-ci a livrées ou qu'il a subies, les dizaines de milliers d'Algériens tombés en Europe notamment pour la défaite du nazisme, mais aussi les massacres de leurs parents, ici en Algérie, en Mai 1945, alors que le Monde fêtait la victoire sur le nazisme».
Particulièrement soucieux de lever le voile sur le système colonial abject, Abdelaziz Bouteflika a invité les responsables du système national d'enseignement, les chercheurs, ainsi que les hommes et les femmes de lettres et de culture, «à redoubler d'efforts pour enseigner et faire connaître davantage notre Histoire et notamment celle du recouvrement de notre indépendance, car, l'Histoire est une source de fierté et d'unité nationales, et un puissant levier mobilisateur pour toutes les nobles causes, dont celle du développement national». Plus généralement, le message du chef de l’Etat sonne comme un passage de témoin voire un testament politique à une jeunesse qui, il est vrai, a d’autres chats à fouetter, comme demander un visas pour aller en… France.