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L’Algérie et les classements internationaux : loin des potentialités

26-10-2016 11:22  Pr Abderrahmane Mebtoul

Les classements   du The Global Competitiveness Report 2015–2016 du World Economic Forum et d’octobre 2017 du Doing Business  dela banque mondiale dénotent certes une petite amélioration dans le classement , mais ne reflètent pas les potentialités de l’Algérie et elles sont énormes.

 

1.-Le classement  du The Global Competitiveness Report 2015–2016 du World Economic Forum pour  140 Etats, analyse les contraintes du milieu des affaires et l'efficacité économique dans le monde et  tous les résultats sont   convertis sur une échelle de notes de 1 à 7 Il est établi  sur la base d'une centaine d'indicateurs quantitatifs émanant des Etats membres et des organisations internationales (Banque mondiale, FMI, UIT, CCI, Unesco...) ainsi que d'enquêtes qualitatives réalisées par le WEF lui-même, Ces 110 notes sont ensuite regroupées en 12 catégories appelées «piliers», eux-mêmes répartis entre grands «sous-indices». Ainsi pour 2015/2016, le rapport publié le 30 septembre 2015 nous donne le classement suivant sur 140 pays, la Suisse occupant pour la 7ème fois la première place, suivie du Singapour, des Etats-Unis, l'Allemagne, la Finlande et le Japon. Ainsi nous avons par ordre: 1.-Suisse -2.-Singapour- 3.-Etats Unis- 4.-Allemagne-5.-Pays Bas- 6.-Japon- 7.-Hong Kong-8.-Finlande- 9.-Suède- 10.Royaume Uni, Norvège 11e, Danemark 12e et le Canada 13e. Pour d'autres pays, la Belgique 19e, le Luxembourg   20e place, l'Australie 22e la France est classé 22e améliorant son score), Israël 27e, l'Espagne 33e, le Portugal 38e et l'Italie 43e. Pour la Russie et certains pays de l'ex- camp communiste, le classement se situe dans la moyenne avec la Russie 45e, la Pologne 41e, la Roumanie 53e, la Bulgarie 54e et la Hongrie 63e. Quant aux pays d'Amérique Latine, nous avons le Mexique qui est à la 57e place, le Colombie 61e, le Pérou 69e, le Brésil 75e, l'Argentine 106e place et le classement inquiétant du Venezuela  132e sur 140 pays.


Pour d'autres pays d'Asie, la Corée du Sud 26e, la Chine 28e, le classement ayant été établi avant les soubresauts boursiers de l'été et l'inquiétude pour la croissance chinoise l'Inde 55e place. Pour le classement des 20 pays africains les plus compétitifs nous avons : 1-Maurice (46) - 2-Afrique du Sud (49) - 3- Rwanda (58)- 4- Botswana (71)- 5-Maroc (72) - 6-Namibie (85) - 7-Algérie (87) - 8-Côte d'Ivoire (91) - 9-Tunisie (92) - 10-Zambie (96) -11- Seychelles (97) -12-Kenya (99) -13- Gabon (103) -14- Ethiopie (109) -15-Sénégal (110) -16-Cap vert (112) -17-Lesotho (113) -18-Cameroun (114) -19-Ouganda (115)- 20-Egypte (116). Parmi les plus fortes progressions en Afrique par rapport à 2014, nous avons la Côte d'Ivoire qui gagne 24 places, l'Ethiopie qui gagne 9 places, l'Afrique du Sud 7 places et le Rwanda qui gagne 4 places. Ce sont deux pays africains qui sont à la dernière place, le Tchad 139e et la Guinée 140e, le Mali   étant à la 127e place. Dans le monde Arabe, le Qatar se place à la 14e position, les Emirats Arabes Unis à la 17e, l'Arabie saoudite 25e, le Koweït à la 34e position, le Bahreïn 39e , Oman à la 62e place et trois pays musulmans émergents, la Malaisie 18e, l'Indonésie 49e , la Turquie 57e suivis par l'Iran 74e place.


Pour l'Algérie nous avons une bonne note seulement pour deux critères. Par contre, pour tout ce qui concerne l'attrait de l'investissement nécessitant des réformes micro-économiques et structurelles, le classement est dérisoire, loin des potentialités du pays. -La taille du marché 37e, -L'équilibre macro-économique mais l'enquête a été réalisé avant l'analyse de l'impact de la baisse des recettes de Sonatrach sur les équilibres financiers, 38e place -L'efficacité des institutions le classement est de 99e -Les infrastructures 105e, -La sophistication des facteurs d'innovation 124e, -L'enseignement supérieur/formation 99e -Le marché des biens 134e, -L'éducation/santé 99e, -Le développement du marché financier 135e, -L'efficacité du marché dut travail 135e, -La préparation technologique 126e -L'innovation 119e. Globalement, dans le dernier rapport de la compétitivité globale du Forum de Davos (2015-2016), l'Algérie a perdu 8 points, passant du 79e au 87e rang sur un total de 140 pays. Dans la onzième édition de ce rapport, l'Algérie a obtenu un total de points de 3,97 sur 7 contre 4,08/7 points lors de l'édition précédente. L'Algérie devance la Mauritanie 137e, la Tunisie, classée 92e, mais reste derrière le Maroc classé à la 72e place, la Libye ayant été exclue du classement.

 

2.-Concernant le rapport du  Doing Business 2017 de la banque mondiale, il est une référence en la matière pour les détenteurs de fonds qui cherchent des opportunités d'investissements, les exportateurs qui veulent s'attaquer à un nouveau marché et  les entreprises qui, pour des raisons de rentabilité, optent pour la délocalisation qui ont tous besoin de données sur le lieu qu'ils veulent investir. Les études et les bases de données pour évaluer des critères, sont notamment : la facilité de faire des affaires ; la création des entreprises ; l'octroi de permis de construire ; le transfert de propriété ; l'obtention de prêts ; la protection des investissements et le paiement des impôts. Ces premiers indicateurs ont été par la suite complétés par les indicateurs suivants: raccord d'électricité ;le commerce transfrontalier ; l'exécution de contrat et  le traitement de l'insolvabilité. Comme on peut le constater, ces indicateurs concernent de très près l'entreprise et surtout le créateur d'entreprise ou l'investisseur.


Si les indicateurs d'un pays ne sont pas bons, le promoteur est informé sur les difficultés qui caractérisent l'environnement économique, politique et réglementaire de ce pays où il n'est pas intéressant d'investir. Des données sur les paramètres suivants permettent d'apprécier la situation globale et par type d'indicateurs et attribuer un classement par pays : l'instabilité économique : le déficit, de la dette publique ;  le taux d'inflation ; l'instabilité politique (elle influe sur les aspects économiques) ;  la qualité des institutions financières ;  la concurrence ;le système  d'information économique ; l'efficacité ou non des services publics ; le poids du secteur informel dans l'économie ;  la corruption  et le  marché de l'emploi et sa flexibilité. Dans son rapport de 2017,  la Nouvelle Zélande a conservé la première place du classement, suivie de Singapour et du Danemark, tandis que les Etats-Unis ont reculé à la 8e place (7e en 2016). La Libye, l’Erythrée et la Somalie se retrouvent tout en bas du classement.


L’Algérie est classée à la 156ème  place, avec un score de 47,76 points sur 100 après avoir occupé la 163ème place dans l’édition 2016 sur   190 économies. Pour les facilités de création d'entreprise, l'Algérie se classe à la 142e place, pour la protection de la propriété commerciale et industrielle,  au 162e rang,  pour la protection des investissements des minorités à la 173e place et pour le commerce international,  au niveau des 13 derniers. Toutefois un bémol puisque dans  ce rapport, l’Algérie figure parmi les sept pays qui ont réalisé des réformes pour faciliter l’accès des PME à l’électricité. Cet indicateur porte sur la qualité de l’alimentation en électricité et la transparence dans les tarifs. Selon la BM, l’Algérie a réussi à «réduire la complexité de sa réglementation» en matière des affaires ainsi que les délais d’obtention d’un permis de construire. Cette amélioration a également concerné le volet fiscal où il a été constaté une réduction de la Taxe sur l’activité professionnelle de 2% à 1% , une simplification du processus de conformité fiscale en réduisant le nombre de déclarations de revenus et  des facilitations en matière de création d’entreprises à travers la suppression du capital minimal exigé pour le lancement d'une PME

 

3.- En résumé, l’Algérie sera ce que les algériens et ses dirigeants décideront qu’elle soit devant éviter l’économisme étroit, tout projet de développement étant forcément porté par des forces sociales et politiques. Toutefois, la leçon que l'on peut tirer des différents rapports  internationaux pour l'Algérie est que le bilan est très mitigé malgré l'importance de la dépense publique qui a tiré ces dernières années la croissance et que l’Algérie avec ses potentialités peut mieux faire, sous réserve de profondes réformes structurelles. En effet,  sur le classement des 47 pays africains évalués par le Doing Business qui ont mis en œuvre 80 réformes entre 2015 et 2016, l’Algérie vient à la 30ème place, ce qui montre   une insuffisance en termes de réformes à engager pour asseoir une économie diversifiée dynamique et donc la transition économique. 


Aussi, le  bilan pour l'Algérie est très loin des potentialités du pays et elles sont énormes renvoyant au mode de gouvernance. La situation risque d'être plus difficile sur le plan financier, l'Algérie ayant entre 2013/2014 fonctionné sur la base d'un cours de 115/120 dollars  et 88 dollars en 2016. Ainsi, le cours du bas du pétrole risque est inférieur à 70/80 dollars pendant de longues années, cela induira  des tensions budgétaires inévitables. Selon un rapport de l'OCDE dépensant deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats par rapport à des pays similaires au sein de la région Mena, l'Algérie souffre d'un environnement des affaires contraignant que l'on croit résoudre par des lois alors qu'il s'agit de s'attaquer au fonctionnement de la société : bureaucratie- système financier et système socio-éducatif inadapté, le foncier, occasionnant des coûts de transaction élevés. Il reste encore beaucoup d‘efforts à faire, renvoyant tant à des facteurs politiques, sociaux, culturels qu'économiques pour libérer les énergies créatrices, attirer les véritables créateurs de richesses privés locaux et internationaux confrontés à la lourdeur bureaucratique et au manque de visibilité et de cohérence de la politique socio-économique supposant une autre organisation institutionnelle gouvernementale autour de grands ministères et de grands éco-pôles régionaux sous tendue par des objectifs stratégiques précis.


Car, certains responsables, faisant fausse route dans leur politique économique, pouvant conduire le pays à terme dans l'impasse et des pertes financières considérables, ignorant les nouvelles  mutations mondiales 2017/2030 fondées sur l’économie de la connaissance, richesse bien plus importante que toutes les richesses d'hydrocarbures. Cela implique un changement de cap de la politique socio-économique, loin des aléas de la rente, se fondant sur  un nouveau modèle de consommation énergétique. Car c’est une lourde erreur stratégique de raisonner en modèle de consommation linéaire au niveau mondial , de  continuer  de vivre de l'illusion de de l’illusion monétaire , le capital argent   n'étant qu'un moyen, de  l'ère  matérielle ( industries industrialisantes et quand le bâtiment va tout va ) que des codes d'investissement et la généralisation de la règle des 49/51%, (aucun bilan réel de 2009 à ce jour), tant aux secteurs stratégiques que non stratégiques, sont  la solution miracle  Cela rend  urgent une mutation culturelle des responsables. J'attire l'attention du gouvernement que de l’urgence de l’adaptation des  politiques socio-économiques à la nouvelle révolution économique irréversible qui s’annonce supposant un minimum de consensus social. Le cas contraire, le risque est l'épuisement de ses réserves de change horizon 2019/2020, sans résoudre les véritables problèmes du développement du pays, à savoir l'accumulation technologique et managériale dans le cadre des valeurs internationales.

 ademmebtoul@gmail.com



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