Fin de suspens pour l’ex golden boy algérien et rideau sur un procès qui a fini par lasser les plus curieux. Abdelmoumène Rafik Khelifa, ex-patron du groupe Khalifa et principal accusé dans l'affaire éponyme, a été condamné aujourd’hui mardi à une peine de 18 ans de prison par le tribunal criminel de Blida.
Le tribunal a également condamné Moumène Khelifa à une amende d'un million de dinars et la confiscation de tous ses biens. Le prévenu est poursuivi pour les chefs d'inculpation que sont notamment «association de malfaiteurs, abus de confiance, faux et usage de faux dans des documents administratifs et bancaires, corruption, et banqueroutefrauduleuse».
Des chefs d'accusation ayant conduit le même tribunal à prononcer, lors du premier procès qui s'était déroulé en son absence en 2007, une peine par contumace d'emprisonnement à perpétuité. Lors du procès en cours, entamé le 4 mai dernier, le procureur général, Mohamed Zerg Erras avait requis la même peine, en même temps que la confiscation de tous les biens de l'ex-richissime homme d'affaires.
De fait le jeune flambeur voit sa voie sombrer dans un long tunnel noir après avoir touché le ciel du début des années 90 à la fin des années 2000 grâce à une formidable escroquerie politico-financière qui a coûté au trésor public prés de deux milliards d’euros.
Château de carte
Si le sort de Moumène Khalifa, qui va vieillir en taule n’émeut ni n’intéresse outre mesure les algériens, des questions légitimes se posent par contre sur l’implication directe ou indirecte des personnalités politiques dans son ascension.
Ce petit pharmacien de quartier, sans envergure, n’aurait en effet jamais pu construire son château de «carte» sans les coups de pouces décisifs de personnage haut placés dans l’administration publique.
Du beau monde parmi des anciens ministres, des présidents de clubs de football, des responsables de syndicats à l’image de Sidi Said ont défilé à la barre au tribunal de Blida mais n’ont jamais été inquiétés. La majorité d’entre eux a été entendu en tant que simple témoin.
En classant ce dossier fumant ouvert depuis plus d’une dizaine d’années, le pouvoir a sans doute ôté une grosse épine de son pied. Mais pour l’opinion publique, l’affaire Khalifa laisse un arrière goût d’un procès bâclé destiné à fermer définitivement un dossier sulfureux. Il y a aussi ce souci d’éviter que des hauts responsables qui se seraient sucrés ne soient inquiétés.
L’histoire de ce procès «scandale du siècle» va probablement s’écrire dans une dizaine d’années quand beaucoup de ceux qui y sont mêlés de prés ou de loin ne seront plus de ce monde. Il aurait été naïf de croire que ce procès Khalifa allait faire sensation.