L'Iran a mis de côté de quoi faire face aux "lâches" sanctions européennes, ont fait savoir dimanche des responsables du régime, alors qu'entrait pleinement en vigueur l'embargo européen sur les importations de pétrole iranien.
"Aujourd'hui, nous faisons face aux plus lourdes des sanctions et nous demandons à la population d'aider les autorités dans cette bataille", a lancé le vice-président Mohammad Reza Rahimi, cité par le site de la télévision publique, lors d'une conférence religieuse.
Le vice-président a précisé que le pays avait stocké ce qui était nécessaire pour répondre aux besoins quotidiens de la population et réduire l'impact de l'embargo visant les secteurs pétrolier et bancaire.
Ces "lâches sanctions" risquent de provoquer "une confusion occasionnelle" sur le marché mais n'empêcheront pas la nation iranienne d'avancer, a-t-il assuré.
Le gouverneur de la banque centrale Mahmoud Bahmani a également déclaré à l'agence de presse semi-officielle Mehr que l'Iran avait des "plans" pour faire face à l'embargo et suffisamment d'espèces pour répondre aux besoins d'importations. "Nous ne sommes pas restés passifs. Pour faire face à ces sanctions, nous avons des plans en cours d'exécution", a-t-il dit, sans autres précisions.
Samedi soir, le ministre du Pétrole Rostam Ghasemi avait souligné que l'Iran avait déjà supporté plusieurs séries de sanctions. "Je ne considère pas comme un problème que des ennemis imposent un embargo aujourd'hui", avait-il déclaré à la télévision d'Etat. "Tout simplement parce qu'ils ont déjà imposé des sanctions similaires il y a des plusieurs années et rien ne s'est passé". Il a ajouté que l'Iran avait déjà cessé ses importations vers de nombreux pays européens et vendait son brut à d'autres à la place.
"Les pays en développement et les pays avec une croissance économique rapide n'ont pas d'alternative au pétrole", avait-il souligné. "Heureusement, grâce à la qualité du pétrole de notre pays, tous ont intérêt à l'utiliser".
L'UE avait rappelé cette semaine que les contrats d'importation de brut iranien devraient tous prendre fin avant ce dimanche. Les compagnies européennes ne pourront plus assurer non plus le pétrole iranien. En janvier dernier, l'Union européenne avait décidé de renforcer les sanctions contre l'Iran en raison de sa "préoccupation croissante" vis-à-vis du programme nucléaire de Téhéran, qui refuse de geler des activités sensibles, comme l'enrichissement d'uranium, susceptibles de servir à la fabrication d'armes nucléaires.
Le régime affirme que son programme est exclusivement destiné à un usage civil, pour la production d'énergie et la recherche. Parmi les nouvelles mesures, visant "les sources du financement" de ce programme nucléaire, l'UE a interdit notamment les importations de pétrole brut et de produits pétroliers en provenance d'Iran, l'exécution des contrats déjà conclus devant s'achever ce 1er juillet.
L'UE a aussi gelé les avoirs de la banque centrale iranienne au sein de l'UE, interdit le commerce de l'or, des métaux précieux et des diamants avec les organismes publics iraniens et la banque centrale iranienne ainsi que la fourniture à cette dernière de billets de banque et de pièces iraniens.
Ces mesures s'ajoutent aux sanctions déjà prises par les Nations unies, les États-Unis et les Occidentaux qui ont déjà durement touché l'économie iranienne. Selon les responsables américains, les sanctions prises par les États-Unis ont permis de réduire les exportations de brut iranien passées d'environ 2,5 millions de barils par jour l'an dernier à environ 1,8 million aujourd'hui. (AP)