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Ahmadinejad mis mal à l'aise à Al-Azhar

05-02-2013 22:20  Abbès Zineb

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a semblé mal à l'aise, lors de sa première visite mardi au Caire, lorsqu'un responsable de la haute institution sunnite d'Al-Azhar a dénoncé certains propos inacceptables de chiites envers les compagnons du prophète Mahomet.

Le cheikh Hassan al-Chafie, qui donnait une conférence de presse conjointe avec M. Ahmadinejad, s'en est vivement pris à certains chiites (...) qui portent atteinte d'une manière inacceptable aux compagnons du Prophète et ses épouses.

Cela nuit aux relations entre les peuples, a-t-il ajouté, suscitant une visible réaction d'agacement du président iranien et de sa délégation.

Le président (iranien) te dit d'en parler à huis clos, a fait remarquer discrètement à cheikh Chafie un dignitaire d'Al-Azhar, présent à la conférence de presse.

Nous nous sommes entendus sur l'unité et la fraternité, a fini par dire, en langue arabe, M. Ahmadinejad qui, d'habitude, ne s'exprime en public qu'en persan.

Les sunnites reprochent notamment aux chiites de dénigrer Aïcha, épouse de Mahomet, l'accusant de s'être opposée à Ali, que les musulmans de confession chiite considèrent comme leur premier imam.

Cet incident est survenu au terme d'une réunion entre le chef d'Al-Azhar, cheikh Ahmed Al-Tayyeb, et M. Ahmadinejad, président du plus grand pays chiite, qui effectuait une visite sans précédent à cette prestigieuse institution théologique de l'islam sunnite.

Après la réunion, M. Ahmadinejad a effectué une prière du soir à la mosquée Al-Hussein, au Caire. A sa sortie, il a été hué par un homme, qui a tenté de lancer une chaussure dans sa direction, selon une vidéo mise en ligne sur internet.

Sur la vidéo, on voit l'homme bousculer des agents de la garde rapprochée du président. Ces derniers l'ont rapidement neutralisé et ont permis à M. Ahmadinejad de prendre place dans sa voiture.

En face de la mosquée, quatre jeunes ont brandi des pancartes en carton sur lesquels on pouvait lire des slogans hostiles à l'Iran pour son soutien au régime du président syrien de Bachar al-Assad, selon un photographe de l'AFP.

O Ahmadinejad, ne crois pas que le sang syrien sera vain. Nous nous vengerons des chiites, lisait-on sur l'une des pancartes.

M. Ahmadinejad a entamé mardi une visite en Egypte, la première d'un président iranien en exercice depuis la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays en 1980.

Cette visite s'inscrit dans un cadre multilatéral, M. Ahmadinejad étant venu au Caire pour assister à un sommet des pays islamiques qui s'ouvre mercredi dans la capitale égyptienne.

"J'espère que cette visite sera un nouveau départ pour la solidarité entre nos deux peuples", a déclaré le président Ahmadinejad au terme d'une réunion avec le chef d'Al-Azhar, cheikh Ahmed Al-Tayyeb, au siège de cette prestigieuse institution théologique de l'islam sunnite.

M. Ahmadinejad, qui doit assister mercredi et jeudi au 12e sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) au Caire, a eu peu après son arrivée un entretien avec son homologue égyptien Mohamed Morsi sur la guerre en Syrie et la normalisation entre les deux pays.

"Je suis venu d'Iran pour dire que l'Egypte et les Egyptiens sont dans le coeur du peuple iranien", a déclaré le président Ahmadinejad, en rendant hommage à "l'Egypte, terre de culture et de civilisation".

"Les avis entre l'Iran et Al-Azhar sont proches", a-t-il encore dit, en annonçant avoir invité des oulémas d'Al-Azhar à visiter la République islamique, le plus grand pays chiite.

"Respecter Bahreïn et ne pas s'immiscer dans les affaires des pays du Golfe".

le chef d'Al-Azhar a indiqué dans un communiqué avoir demandé au président iranien de "respecter Bahreïn, un Etat arabe frère, et de ne pas s'immiscer dans les affaires des pays (arabes) du Golfe".

Il a également souligné la nécessité de donner aux sunnites d'Iran "leurs pleins droits en tant que citoyens, conformément à la charia et à toutes les lois et conventions internationales".

En outre, le chef d'Al-Azhar a exprimé son "rejet d'une expansion du chiisme dans les pays sunnites". "Nous refusons totalement une infiltration chiite", a-t-il dit.

Les relations sont au plus bas entre les monarchies du Golfe et Téhéran, soupçonné notamment de soutenir en sous-main la contestation chiite à Bahreïn contre la monarchie sunnite.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Mohamed Kamel Amr, a assuré de son côté mardi qu'un rapprochement de son pays avec l'Iran ne se ferait pas aux dépens de la sécurité des monarchies du Golfe, qu'il a qualifiée de "ligne rouge" à ne pas franchir.

L'Egypte et l'Iran, membres de l'OCI, n'entretiennent pas de relations diplomatiques, rompues en 1980 par Téhéran après les accords de paix israélo-égyptiens conclus en 1979 par le président égyptien de l'époque, Anouar al-Sadate.

Les deux pays ne disposent depuis que de sections d'intérêts dans leurs capitales respectives.

A son départ de Téhéran, M. Ahmadinejad avait émis l'espoir que sa visite ouvrirait la voie à une reprise des relations bilatérales.

Ce déplacement va "sans conteste influencer les liens bilatéraux", a-t-il estimé, ajoutant que "si Téhéran et Le Caire se voient plus souvent seul à seul sur les questions régionales et internationales, beaucoup d'équations vont changer".

L'Iran et l'Egypte s'opposent sur plusieurs dossiers régionaux notamment la crise syrienne, Téhéran soutenant le régime du président Bachar al-Assad et le Caire appelant à son départ.

En août, M. Morsi s'était toutefois rendu à Téhéran où il avait assisté à un sommet des pays Non-alignés, effectuant alors la première visite en Iran d'un chef d'Etat égyptien depuis la révolution islamique iranienne de 1979.(Agences)

 



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