Le film canadien Inch'Allah sorti en salle en France depuis mercredi, est en soi un événement, puisqu'il montre les souffrances du peuple palestinien, sous l'occupation israélienne, ce qui n'est pas du tout évident quand on connait le lobby sioniste et ses réactions intempestives quand l'image "idyllique" d'Israël est un tant soit peu écornée.
Les difficultés pour se déplacer, les humiliations dans les checkpoints, les soldats arrogants et agressifs ... Des images profondément choquantes. Les soldats Israéliens choisissant arbitrairement qui passe et qui ne passe pas.
Des millions de Palestiniens vivent sous occupation, quand ils se déplacent d'un village ou d'une ville à une autre pour aller travailler, rendre visite à des proches, avoir des soins médicaux, ils doivent passer par les checkpoints tenus par l'armée israélienne.
Les effets néfastes de la barrière de séparation sur la population palestinienne, sont relevés aussi dans ce film. Les villages et villes palestiniennes aux alentours du mur se sont transformés en ghettos isolés où la liberté de mouvement est fortement restreinte ou même rendue à néant, limitant l’accès au travail, à la santé, et à l’éducation.
Synopsis : Chloé, une obstétricienne québécoise, habite en Israël mais travaille dans un camp palestinien situé à proximité. Elle se lie d'amitié avec sa voisine Ava, une soldate israélienne chargée de la surveillance de la frontière, mais aussi avec Rand, une Palestinienne qui va bientôt accoucher et qui fréquente la clinique où elle travaille.
Elle se rapproche même de sa famille et vit quelques temps auprès d'eux. Alors que les attentats-suicides en sol israélien et les représailles de l'armée dans le camp s'accumulent, la tension monte à la frontière. Pour Chloé, la situation devient insoutenable.
Dans un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie, Chloé, la jeune sage femme québécoise accompagne les femmes enceintes. Entre les check points et le mur de séparation, Chloé rencontre la guerre et ceux qui la portent de chaque côté : Rand, une patiente avec qui elle va rapidement se lier d'amitié et Ava, jeune militaire, voisine de palier en Israël. A leur contact, Chloé va progressivement remettre ses repères en question.
Distribution: Evelyne Brochu, Sabrina Ouazani ( qui a obtenu pour son rôle le prix de la meilleure actrice de soutien), Sivan Levy, Hammoudeh Alkarmi, Zorah Benali, Carlo Brandt, Marie-Thérèse Fortin, Youssef Sweid -
Propos de la réalisatrice :
La réalisatrice canadienne, Anaïs Barbeau-Lavalette, explique son intérêt pour la Palestine en déclarant :
J'ai d'abord voyagé en Palestine pour le tournage du documentaire Si j'avais un chapeau. Nous tournions dans un camp de réfugiés, avec des enfants. J'ai eu comme un appel, un réel coup de foudre, avec tout ce que ça peut avoir d'ambigu. Un mélange d'amour/haine, de fascination et de confrontation.
J'ai décidé d'y retourner pour une plus longue période. J'y ai étudié la politique et l'arabe. Je m'y suis fait des amis. Mon séjour n'a pas été simple. J'ai été ébranlée à plusieurs reprises, particulièrement comme femme. Plusieurs fois je me suis demandée ce que je faisais là. Dans une société aux antipodes de ce qui me définit dans ma chair, dans mon âme : la liberté.
Puis j'ai compris que c'est sans doute ce paradoxe qui m'interpellait. Le fait que ce lieu que j'aime, si riche de ses gens, de ses résistants du quotidien, soit privé de cette liberté qui est essentielle à l'être humain. Autant à l'intérieur (celle des femmes) qu'à l'extérieur (du fait de l'occupation).
C'est ça quelque part qui me faisait m'y accrocher. J'y suis retournée plusieurs fois, dans plusieurs villes, et plus j'y revenais, moins je comprenais, plus je souhaitais m'y enfoncer. J'ai commencé à écrire mon scénario là-bas, suite aux rencontres que j'y ai faites. La plupart des personnages sont inspirés de personnes réelles.
Je ne sais pas si le film constitue l'aboutissement de ma rencontre avec la Palestine. Mais je sais que je suis arrivée quelque part en la racontant. Je ne me poserai plus la question de mon intérêt pour cet endroit, ma réponse est maintenant claire : pour faire ce film. Pour raconter la Palestine à ma façon.