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Importation de véhicules : quand les intérêts des citoyens et des concessionnaires divergent

20-09-2016 13:45  Abbès Zineb

L’annonce faite lundi par le ministre du commerce au sujet du retour à la formule d’importation des véhicules de moins de trois ans est loin de faire l’unanimité. En gros, il y a une ligne de séparation entre les citoyens qui s’en félicitent et l’association des concessionnaires automobiles  qui y voit, au contraire, un péril à la fois sur le marché, et sur la corporation elle-même.

« C’est une bonne chose, je dirai même que c’est une décision de bon sens, explique Hassan. L rencontré au show room de Peugeot, rue Hassiba Ben Bouali. « Actuellement, il est difficile d’acheter un véhicule neuf d’abord faute de disponibilité. A cause de la politique du contingentement imposé par le gouvernement, l’offre est largement inférieure à la demande. Conséquence, il faut attendre des mois, voire même plus pour pouvoir réceptionner son véhicule. L’autre problème, c’est les prix, c’est simple : les concessionnaires ont tout simplement doublé les prix de leurs véhicules pour doubler leurs chiffres d’affaires. Un véhicule qui coûtait, il y a une année 100 millions de centimes fait aujourd’hui le double et comme je vous l’ai déjà dit, ce n’est pas évident de trouver de la disponibilité".

Laisser les concessionnaires importer avec leur propre argent

Hakim, rencontré lui aussi dans le même show room, indique, quant à lui que "Cette mesure est de nature à faire baisser la tension sur le marché, en donnant aux citoyens lambda la possibilité d’acheter un véhicule en fonction de leurs moyens financiers. Même les entreprises peuvent profiter de cette opportunité pour renouveler leur parcs ».

Samir lui préconise de ne plus donner des devises aux concessionnaires, cette "nouvelle caste de milliardaires" dit-il, mais de "les laisser importer avec leur propre argent des véhicules et donner la possibilité également à tous les algériens d'importer librement leurs véhicules et pièces détachées sans qu'un seul sou ne sorte des banques algériennes".

Au sujet du risque de voir cette décision du gouvernement provoquer une « surchauffe » sur le marché parallèle de la devise, B.M interrogé par la radio nationale est vent debout : « c’est archi faux, ce marché a ses propres règles de régulation, et puis celui qui veut acheter de la devise s’il en a les moyens c’est son droit absolu ».

En revanche, l’intervenant sur les ondes tombe à bras raccourcis sur les concessionnaires autos « Plus de 70 milliards de dollars dans l’importation de véhicules depuis 15 ans. Rien que pour 2014, c’est pas moins de 6,5 milliards de dollars. Avec cette somme astronomique ponctionnée au trésor public, c’est de quoi construire au minimum une dizaine d’usines chez nous en Algérie. La politique d’importation de véhicule a ruiné l’Etat algérien, tout en permettant l’émergence d’une caste qui a bâti sa fortune en devises et à l’étranger en pratiquant la surfacturation sur le dos des citoyens et de l’Etat et le comble en important des véhicules à l’état brut qui ne répondent à aucune norme de sécurité » peste cet auditeur qui ne met pas "toute monde dans le même sac".

Kilométrage traficoté

Un autre citoyen interrogé par la radio a un point de vue plus nuancé en saluant la décision « qui peut être une sorte d’appoint aux concessionnaires auto, actuellement en incapacité de satisfaire toute la demande ». Tout en rappelant que ce genre d’importation existe au Maroc, en Tunisie, en Egypte et d’autres pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, il préconise la mise en place de « conditions rigoureuses pour ne pas retomber dans les travers des années 2.000 avec des voitures au kilométrage traficoté sur le tableau de bord, des dates de mise en circulation qui ne correspondant pas à la date de sortie d’usine, en plus des défaillances techniques multiples ».

Pour cette raison, l’intervenant préconise la mise en place d’ateliers techniques de contrôle au port de Djendjen et toute voiture importée doit être « tchekée » avant de se voir délivrée par l’administration un permis de circuler.

L’association des concessionnaires pour sa part pointe d’abord « l’absence de traçabilités financière » mais aussi l’absence de « traçabilité technique » en cela qu’il est difficile de contrôler les véhicules importés. Sauf que par rapport à cette préoccupation, le ministre a expIiqué qu’un cahier des charges fixera les modalités d’importation. Les adversaires de la mesure estiment qu’elle est aussi en contradiction avec la nouvelle politique du ministère de l’industrie et des mines qui veut promouvoir une industrie automobile made in Algéria.



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