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Important déficit de la balance des paiements en 2016 et urgence d’une nouvelle politique socio-économique

24-04-2016 13:29  Pr Abderrahmane Mebtoul

Les exportations algériennes y compris les dérivés d’hydrocarbures représentent 97/98% des exportations totales, le petit commerce/services accaparant selon l’ONS plus de 83% de la superficie économique et plus de 95% du tissu productif (le secteur industriel moins de 5% du PIB) à organisations familiales, étant peu préparé à la concurrence internationale. Selon l’Agence internationale d’Energie et le FMI existent deux scénarios devant éviter toute euphorie : un retour de la croissance de l’économie mondiale où le cours du pétrole fluctuerait entre 60/70 dollars entre 2016/2020, et un ralentissement de la croissance de l’économie mondiale où le cours serait inférieur à 40 dollars. Or, les dernières données statistiques officielles concernant le commerce extérieur sont inquiétantes et imposent une autre gouvernance, la mobilisation de tous les algériens, l’Algérie possédant d‘importantes potentialités pour dépasser la situation actuelle.

1.-Selon les statistiques douanières, l’Algérie pour 2015 accuse un déficit de 13,7 milliards de dollars US (Mds US) en 2015 en raison de la baisse des cours des hydrocarbures et le taux de couverture des importations par les exportations s’est réduit de 73% contre 107% en 2014. Bien que son excédent commercial vis-à-vis de l’UE diminue en 2015, de -95,7% à 457 MUSD en glissement annuel en 2014 de 14,8% à 10,7milliards de dollars US , avec des flux de 51,1 Mds USD (-27,0% par rapport à 2014), l’UE demeure le premier partenaire commercial de l’Algérie avec une baisse de -36,1%, passant de 40,4 Mds USD à 25,8 Mds USD (soit 68,3% du total des exportations algériennes, contre 64,2% en 2014). Les importations algériennes en provenance de l’UE sont passées de -14,6%, passant de 29,7 Mds USD à 25,3 Mds USD (soit 49,2% du total des importations de l’Algérie). Mais le déficit concerne également l’Asie qui en 2015 est le deuxième partenaire de l’Algérie, avec des échanges commerciaux qui se sont établis à 14,4 Mds USD (- 18,6% en glissement annuel).

Selon les statistiques officielles, elle couvre 23,0% des importations alors qu’elle n’absorbe que 6,8% de ses exportations, avec un déficit commercial vis-à-vis de cette région, -9,3 Mds USD, en augmentation de 22,6% par rapport à 2014, où le déficit n’était que de 7,6 Mds USD, en raison du déséquilibre de ses relations notamment avec la avec la Chine. Les échanges entre les pays du Maghreb représentent moins de 3% de leurs échanges globaux et les échanges avec les pays arabes (UMA comprise) ne représentent que 4,8 Mds USD, en baisse de -24,8% par rapport à 2014, soit 5,0% des importations algériennes et 5,9% de ses exportations. Les relations commerciales entre l’Algérie et les pays d’Afrique subsaharienne sont en baisse -19,6% à 442 MUSD, soient 0,7% des importations de l’Algérie et 0,2% de ses exportations.

L’Espagne en 2015 est le premier client de l’Algérie, malgré une baisse de 31,2% du montant de ses importations, à 6,6 Mds USD, et l’Italie le deuxième, avec 6,2 Mds USD d’importations, en baisse de 25,6% par rapport à 2014. La France est le troisième client de l’Algérie, avec un montant de ses importations à 4,9 Mds USD (en baisse de 29,2%). Globalement, on observe une concentration de la demande adressée à l’Algérie : ses trois premiers clients représentent 46,7% du total de ses exportations en 2015 alors qu’ils ne représentaient que 39,4% du total en 2014. La France, pour la troisième année consécutive est le deuxième fournisseur de l’Algérie, derrière la Chine. Les exportations algériennes à destination de la France ont été de 6,744 milliards de dollars et les importations de 6,342 milliards de dollars. Les échanges pour 2014 entre l’Algérie et la France sont en valeur de 13,086 milliards de dollars. Pour 2015 la France détient 10,5% de parts de marché, pour un montant de 5,4 Mds USD, la Chine pour 8,2 Mds USD, avec 16,0% du marché ; l’Italie est à la troisième place avec 4,8 Mds USD et 3,9 Mds US pour les importations d’Espagne.

La France reste pourtant le premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie avec un stock d’idE estimé par l’ambassade de France à Alger à plus de 2,2 milliards de dollars. En retour, les importations françaises se composent à 95% d’hydrocarbures. Selon l’APS reprenant les statiques douanières, au premier trimestre 2016, le déficit commercial de l’Algérie s’est établi à 5,616 milliards de dollars, contre 3,464 milliards durant la même période en 2015, soit une hausse de 62,12%. Les exportations ont atteint 5,914 milliards de dollars, en recul de 39,65%. Les importations se sont établies à 11,53 milliards de dollars, en baisse de 13,07%, précise la même source. Sur cette base, l’estimation du déficit annuel de l’année s’établit à 24 milliards de dollars. Mais si l’on inclut les services qui fluctue de 2010/2014 entre 10/12 milliards de dollars et les transferts légaux de capitaux des firmes étrangères ente 4/6 milliards de dollars, le seul document significat étant la balance des paiements nous aurons en 2016 un déficit global entre 38 et 42 milliards de dollars. Au rythme actuel les réserves de change étant de 143 milliards de dollars au 01 janvier 2016 pourraient clôturer à 100 milliards de dollars fin 2016 et pourraient s’épuiser entre 2018/2019, avec le risque d’épuisement du fonds de régulation des recettes courant 2017(1).

2.-Chaque pays privilégiant ses intérêts propres, les intérêts économiques l'emportant souvent sur les considérations politiques, dans la pratique des affaires, il n’existe pas de sentiments, les entrepreneurs étant mus par la seule logique du profit. Mais la mise en œuvre d’affaires saines, comme l’image d’un pays, ne repose plus comme par le passé des relations personnalisées entre chefs d’Etats ou de ministres, mais doit être la résultante de réseaux décentralisés favorisés notamment par l’implication de la société civile d’ONG et d’entreprises dynamiques innovatrices. C’est que l’on assiste au niveau mondial à l’évolution d’une accumulation passée se fondant sur une vision purement matérielle, caractérisée par des organisations hiérarchiques rigides, à un nouveau mode d’accumulation fondé sur la maîtrise des connaissances, des nouvelles technologiques et des organisations souples en réseaux comme une toile d’araignée à travers le monde avec des chaînes mondiales segmentées de production où l’investissement, en avantages comparatifs, se réalisant au sein de sous-segments de ces chaînes.

Dans la pratique des affaires n’existent pas de sentiments, les entrepreneurs étant mus par la seule logique du profit. Mais la mise en œuvre d’affaires saines, comme l’image d’un pays, ne repose plus comme par le passé des relations personnalisées entre chefs d’Etats ou de ministres, mais doit être la résultante de réseaux décentralisés favorisés notamment par l’implication de la société civile d’ONG et d’entreprises dynamiques innovatrices. C’est que l’on assiste au niveau mondial à l’évolution d’une accumulation passée se fondant sur une vision purement matérielle, caractérisée par des organisations hiérarchiques rigides, à un nouveau mode d’accumulation fondé sur la maîtrise des connaissances, des nouvelles technologiques et des organisations souples en réseaux comme une toile d’araignée à travers le monde avec des chaînes mondiales segmentées de production où l’investissement, en avantages comparatifs, se réalisant au sein de sous-segments de ces chaînes. Mais il faut éviter toute vision de sinistrose, la situation étant différente de celle de 1986,( dette extérieure inférieure à 4 milliards de dollars et des réserves de change de 143 milliards de dollars au 01 janvier 2016 ayant un répit de trois années) l’Algérie pouvant surmonter les difficultés actuelles sous réserve d’une gouvernance rénovée.

Chaque Nation privilégiant ses intérêts propres, la réussite du partenariat gagnant/gagnant n’est pas réalisable sans une autre gouvernance, une vision cohérente se fondant sur des réformes structurelles tant politiques, sociales (dont le marché rigide du travail) qu’économiques. Pour cela, la dominance de la démarche bureaucratique devra faire place à la démarche opérationnelle économique avec des impacts économiques et sociaux positifs à terme. Cela suppose un profond réaménagement des structures du pouvoir. Aussi, face aux nouvelles mutations mondiales, l’Algérie confrontée à la transition vers une économie productive intimement liée à la transition énergétique, a besoin surtout d’une accumulation technologique et managériale. Il faut éviter de voir l’ennemi extérieur de partout car les réformes dépendent avant tout des Algériens si l’on veut bénéficier des avantages comparatifs mondiaux. Les tactiques doivent s’insérer au sein de la fonction/ objectif stratégique qui est de maximiser le bien-être social de tous les Algériens.



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