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Ils l’accusent de soutenir le terrorisme : le Qatar mis au ban par ses «frères» du Golfe

05-06-2017 15:28  Amel Benabi

Le Qatar qui était jusque là le point de convergence diplomatique des pays du Golfe, incarne depuis aujourd’hui l’ennemi intime des pays du Conseil de Coopération du Golfe. L’Arabie saoudite, le Yémen, les Emirats arabes unis et le Bahreïn accusent Doha d’encourager Al-Qaïda, l’organisation Etat islamique et la confrérie des Frères musulmans. L’Egypte et la Libye ont emboité le pas à ces pays et décidé de prendre leurs distances du petit émirat indocile qui se voit grand.  

Signe de la gravité de la crise, les citoyens qataris sont sommés de quitter les territoires d’Arabie saoudite, des Emirats et du Bahreïn au plus tard dans 14 jours. Les diplomates qataris eux sont invités à faire leurs valises «sous quarante-huit heures». Et ce n’est pas fini, l’Arabie saoudite et le Bahreïn ont annoncé la suspension de toutes les liaisons terrestres, aériennes et maritimes avec l’émirat. De même que l’Egypte d’Al-Sissi a annoncé la fermeture des frontières « aériennes et maritimes » avec Doha.

Grave crise diplomatique 

Les compagnies aériennes émiraties Etihad, Emirates, flydubai et Air Arabia, ainsi que la Saudia et Gulf Air (Bahreïn), ont annoncé la suspension « jusqu’à nouvel ordre » de tous leurs vols vers ou depuis le Qatar. Par réciprocité, Doha a répliqué par les mêmes mesures. Voilà donc ce petit émirat aux grandes dents qui faisant la fierté des arabes transformé en un diable aux yeux de ses «frères». 

Accusé de financer et soutenir le terrorisme, le Qatar vient d’être exclu de la coalition militaire arabe qui combat des rebelles pro-iraniens au Yémen. Cela voudrait-il dire que Doha était du côté des houthis selon Riyad ?  Très possible. En tout cas, l’enlisement des forces saoudiennes et ses alliées au Yemen depuis deux ans, suscite des questions.

 Mais au-delà, c’est surtout les liens entre Doha et Téhéran qui irritent ses amis du Golfe. Il y a une semaine, des propos prêtés à l’émir cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, ont provoqué un tollé. Celui-ci déclarait dans l’agence QNA que son émirat entretenait des «une alliance stratégique» avec l’Iran. Des propos qui ont été jugés comme une «trahison» en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis qui sont les principaux adversaires de l’Iran. Mais le feu vert à cette escalade contre l’Iran et ses amis a été donné le 231 mai dernier par le président américain, Donald Trump qui avait appelé à Ryad tous les pays musulmans réunis à « chasser» les extrémistes et les « terroristes », et à «isoler» l’Iran.

Trump est passé par là… 

Dans la tête de Trump et des souverains du Golfe, les terroristes sont surtout les frères musulmans d’Egypte et ceux du Hamas palestinien ainsi que les chiites du Hezbollah que le Qatar et l’Iran soutiennent.    

De fait, Ryad qui ne supporte plus le poids géopolitique du petit émirat, est arrivé à son objectif de mettre hors d’état de nuire le Qatar. Au prix de plus de 400 milliards de dollars de contrat d’armement, les Al Saoud se sont achetés le soutien de Washington dans leur guerre froide contre le Qatar. .  

Ce dernier, a dénoncé des mesures « injustifiées » et « sans fondement », via un communiqué de son ministre des affaires étrangères Pour Doha, les mesures saoudienne visent «un  objectif clair : placer l’Etat [du Qatar] sous tutelle, ce qui marque une violation de sa souveraineté » et est « totalement inacceptable».C’est la plus grave crise  du Conseil de coopération du Golfe depuis sa création en 1981.  En 2014, Les Emirats Arabes unis et le Bahreïn avaient retiré leurs ambassadeurs pendant huit mois de Doha en signe de protestation contre les critiques de la chaîne qatarie Al Jazeera au putsch du maréchal al-Sissi en Egypte. Cette rupture des relations diplomatiques risque d’avoir des répercussions fâcheuses dans la région au grand bénéficie d’Israél et des Etats unis. 




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