Si l'influence du sexe sur le cancer du poumon est controversée, des études convergentes montrent qu'en matière de maladie respiratoire les hommes et les femmes ne sont pas égaux, non seulement à cause de la différence de leur système hormonal, mais aussi pour des raisons anatomiques.
«Des facteurs hormonaux sont probablement déterminants dans le fonctionnement du système respiratoire des femmes tout au long de leur vie d'adulte», souligne Francine Kauffmann, directrice de recherches à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) de Villejuif. En effet, l'asthme atteint deux fois plus de garçons que de filles jusqu'à l'âge de 4 ans. A l'adolescence cette courbe s'estompe, jusqu'à s'inverser à la puberté et l'on compte, à 30 ans, deux fois plus de femmes asthmatiques que d'hommes. A la ménopause le risque asthmatique diminue de 35 % par rapport à celui d'une femme pouvant procréer. "Entre 50 et 54 ans, l'asthme touche entre 20 et 30 % plus d'hommes que de femmes", précise le Dr Cecilie Svanes, du département de médecine respiratoire du Haukeland Hospital à Bergen (Norvège).
Système hormonal et facteur anatomique : Les différents spécialistes réunis à Florence (Italie) pour un congrès mondial de pneumologie mettent en cause le système hormonal féminin : d'une part avant les règles, les voies respiratoires se rétrécissent, exigeant une ventilation plus importante et, d'autre part, après l'ovulation les besoins respiratoires sont 30 % plus importants qu'avant.
Dans le cas de fumeurs, les femmes ont deux fois plus de risque que les hommes de souffrir de bronchopneumopathies chroniques obstructives, une famille d'affections largement imputables au tabac. "Outre les facteurs hormonaux, cette différence pourrait s'expliquer par un facteur anatomique : les poumons étant plus petits, l'exposition par unité de surface à la fumée est plus importante. Par ailleurs, on soupçonne également une plus grande sensibilité à la broncho-constriction" chez les femmes (contraction des muscles de la paroi des bronches qui entraîne leur rétrécissement), indique Eva Prescott, de l'Institut de médecine préventive du Kommunehospilatet à Copenhague (Danemark).
Tabagisme passif, les garçons plus exposés : Dans le même ordre d'idée, garçonnets et fillettes ne sont pas égaux face au tabac passif : "Une récente analyse de l'European community respiratory health survey (ECRHS) indique que l'exposition à la fumée passive fait plus de dégâts chez les garçons que chez les filles", relève Cecilie Svanes, médecin norvégien. "Si l'un des parents, ou les deux, fument, on dénombre une augmentation de risque de respiration sifflante à l'âge adulte respectivement de 15 % et 30 % pour les garçons, alors que rien de tel n'est observé chez les filles. Cette différence pourrait être due à ce que les garçons, durant leur jeune âge, ont des poumons moins bien développés que les filles, et donc plus sensibles aux dommages provoqués par le tabac".
En tout cas, tout le monde s'accorde à dire que les effets nocifs du tabac pendant la grossesse sont les mêmes pour l'enfant à naître, garçon ou fille : un accroissement de 30 % du risque de respiration sifflante. Une grossesse reste l'occasion rêvée pour arrêter, quelle que soit la couleur des chaussons à tricoter, roses ou bleus.
(doctissimo)