Une nouvelle fois l’Algérie a fait entendre sa voix logiquement discordante par rapport au consensus des pétromonarchies du Golfe. Alors que le Conseil de coopération du Golfe (CCG) peuplé de l’Arabie Saoudite, le Qatar, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et le Koweït a décidé de décréter le Hezbollah libanais «organisation terroriste», l’Algérie refuse de suivre aveuglement.
Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale M. Ramtane Lamamra a rappelé ce jeudi la position de l'Algérie concernant le principe de non ingérence dans les affaires internes des pays. «Le Hezbollah est un mouvement politico-militaire qui active sur la scène politique interne au Liban (…) Nous devons dans le même temps respecter la Constitution du Liban et les dispositions sur lesquelles repose la coexistence dans ce pays», a-t-il déclaré.
Comprendre : l’Algérie n’est pas prête à suivre la décision des monarchies du Golfe conformément à sa doctrine diplomatique qui prône la non ingérence dans les affaires internes des pays à plus forte raison un pays aussi proche que le Liban.
Du coup, Alger prend une nouvelle fois ses distances vis-à-vis des postions du royaume wahhabite qui mène le bal au sein du CCG en dictant sa loi sans qu’un émirat ou une autre monarchie ne puisse s’y opposer. Cela confirme la ligne de conduite diplomatique de l’Algérie qui ne s’encombre pas de contingences ou de volonté de plaire pour défendre ses principes immuables.
Non ingérence à toute épreuve
Cela été le cas une première fois quand le royaume des Al Saoud a lancé il y a quelque mois une grande coalition militaire dite «islamique» contre le terrorisme. Une idée inspirée par les think tank américain pour faire la guerre par procuration contre d’autres pays arabes.
L’Algérie avait également refusé de participer à l’autre coalition militaire contre le Yémen dont les bombardements durent à ce jour et qui ont fait des milliers de morts parmi la population. Contrairement au royaume du Maroc qui souscrit sans réserve à ce genre d’incitatives guerrières qui font plaisir aux alliés de l’OTAN et Israël, l’Algérie reste un îlot d’autonomie de décision s’agissant des actions à engager dans la sphère arabo- musulmane.
Il n’est pas fortuit d’ailleurs que notre pays soit le seul qui tente de faire aboutir la solution politique pacifique en Libye pour éviter le scénario catastrophique d’une intervention militaire à laquelle pousse les alliés occidentaux et leurs relais dans la région.
Des dignitaires saoudiens ont été dépêchées en Algérie plusieurs fois pour amener notre pays à marcher sur leurs pas, en vain. L’Algérie reste un os au travers de la gorge des Al Saoud qui n’ont aucun scrupule pour mettre en danger de mort des pays pétroliers comme l’Algérie, refusant obstinément de baisser leur production pour booster les prix.
Le refus de considérer le Hezbollah comme «organisation terroriste», est pour ainsi dire, une cinglante réponse algérienne à la diplomatie aventureuse du royaume wahabite