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Haro sur Bélaib après ses propos sur la corruption et l'importation de véhicules de moins de 3 ans

25-09-2016 16:58  Khidr Ali

Bakhti Bélaib, est-il désormais un ministre en sursis, en attendant le prochain remaniement ? Tout porte à le croire, au vu des réactions irritées, qui ont suivi ses "confessions" faites mardi dernier devant les représentants de l’Association nationale des consommateurs.

Visiblement, ce ministre, adversaire assumé d’Ahmed Ouyahia, ils sont tous les deux du RND, a parlé un peu trop vite au goût de ceux qui se sont chargés de recadrer son propos. Ils lui reprochent deux choses, en particulier. Primo, d’avoir fait preuve d’imprudence en annonçant le retour de la formule d’importations des véhicules de moins de trois ans. Il n’en serait rien ! Et secondo, d’avoir dénoncé (ce qui est un secret de polichinelle) la pratique de la corruption dans son ministère.

Il citera, en l’occurrence le cas de ce gros bras de l’import/import qui a fait une fausse déclaration, en important des pièces détachées, en lieu et place de produits alimentaires censés être dans les containers. Cet importateur au bras longs se serait mis au vert, du côté de Dubaï, en attendant que les choses se tassent pour pouvoir rentrer tranquillement chez lui. C’est que le ministre du commerce ne s’est pas contenté de mettre le doigt sur la plaie en révélant le corps du délit. Il a surtout juré « combattre avec toutes mes forces » le mal de la corruption.

En se plaçant ainsi sur le registre de la dénonciation de la corruption, qui fait partie de la rhétorique de l’opposition, le ministre du commerce s’est mis en porte à faux avec le discours officiel qui est de marteler à l’envie que le gouvernement est engagé corps et âme dans la lutte contre la corruption. S’agit-il d’un pas de clerc de sa part ? Pour un vieux routier de la politique, comme lui, c’est à se poser la question. En tous cas le ministre de la Justice, qui répondait jeudi à une question orale s’est bien chargé de sonner indirectement les cloches de son collègue du commerce, assurant que « les parquets sont à la disposition de quiconque possédant un dossier sur la corruption ». Il ajoutera avec un air faussement naïf que cela aiderait « la justice et la société à la combattre ».

Mais avec le recadrage de Tayeb Louh, le ministre du commerce n’en a pas fini d’essuyer des plâtres. Une charge plus violente est venue ce matin de son propre parti, le RND où il n’est pas en odeur de sainteté. On sent d’ailleurs bien la touche d’Ahmed Ouyahia, dans les éléments de langage, même si c’est Seddiki Chihab, son fidèle porte flingue qui a parlé.

S’exprimant samedi devant les militants d’Alger, il a fait part du souci de son parti quant « à la cohésion de l’instance exécutive », selon les guillemets d’El Khabar. « Pourquoi aucune voix ne s’est élevée pour dire que cela (la corruption dénoncée par Bakhti Bélaib NDLR)) est impossible », s’est emporté interrogativement le député d’Alger. De nuancer ensuite un peu son propos en admettant que « nous ne nions pas que la corruption s’est incrustée dans la société, mais nous croyons à la volonté de l’Etat de la combattre. Notre rôle est de contribuer à réduire, les espaces de la corruption mais dans la sérénité et la rationalité ».

Et à propos du retour aux importations de véhicules de moins de trois ans, Chihab la considère à contre courant de la démarche d’Abdeslam Bouchouareb (RND), de promouvoir une industrie automobile locale.

On l’aura compris, Seddik Chihab aurait souhaité entendre dans la bouche de Bélaib des propos aussi « responsables » qui rassurent sur la « détermination » du pouvoir à faire la peau au spectre de la corruption.

Ce n’est pas le choix du ministre du commerce qui a pris « la responsabilité » de dire un peu de vérité dans ce qui semble être une sorte de « moi, je m’en lave les mains ». Il en paierait le prix ? Il s’y attend. Devant les représentants de l’association des consommateurs, il dira  dans un esprit d’amertume et de défi « je suis un ministre en fin de parcours politique, je n’ai plus rien à attendre » assurant qu’il n’a peur de personne et qu’il pèsera de tout son poids pour mettre de l’ordre dans le secteur du commerce avec ce souci de défendre les intérêts de l’Etat algérien en rétablissant la force de la loi.



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