Plus de 1,8 million de pèlerins musulmans se sont rassemblés, dimanche, sur le Mont Arafat, près de La Mecque, pour l'étape la plus importante du Hadj en Arabie saoudite.
Sans discontinuer, le flot des nouveaux arrivants, tout de blanc vêtus --la couleur de l'"ihram", les deux pièces de tissu que doivent porter les hommes-- se pressait vers l'imposante mosquée Namira et le Jabal al-Rahma (le Mont de la Miséricord).
La chaleur est brûlante, la foule s'asperge d'eau et des camions chargés de bouteilles d'eau sont postés à intervalles réguliers. Des femmes et des hommes se renversent des bouteilles sur la tête tandis que d'autres tendent des draps entre deux bus pour faire de l'ombre.
Des ambulances passent régulièrement, de même que des hélicoptères du Croissant-Rouge. Pour la prière de la mi-journée, des centaines de milliers de fidèles se sont prosternés, femmes et hommes côte à côte, la foule couvrant l'ensemble des larges allées qui séparent les différents campements.
Au lever du soleil, pour la prière d'Al Fadjr, ils étaient déjà des milliers accroupis, debout ou escaladant les marches creusées dans la rocaille sur ce mont couvert de rochers polis par le vent et le temps. En contrebas, une cohorte de pèlerins continue d'affluer de et vers les campements érigés pour les accueillir après avoir entamé la veille leur pèlerinage dans la vallée voisine de Mina, près de La Mecque.
Après le coucher du soleil, les pélerins doivent refluer sur la plaine de Mouzdalifa pour se préparer à l'Aïd al-Adha (la fête du Sacrifice) le lendemain, et se consacrer au rituel de la lapidation de Satan à Mina. Symboliquement, les pèlerins doivent jeter sept pierres sur une stèle lors de ce rituel qui avait tourné l'an dernier au cauchemar.
Le Hadj 2016 se déroule ainsi dans des conditions normales alors que tout le monde garde en mémoire ce 24 septembre de l'an dernier quand quelque 2.300 pèlerins y avaient péri dans une gigantesque bousculade, la pire tragédie de l'histoire du Hadj. Et cette année, pour éviter qu'une telle tragédie ne se reproduise, Ryad a assuré avoir pris des mesures, notamment la création d'un bracelet électronique stockant les données personnelles de chaque pèlerin.
Alors que des hélicoptères survolaient, dimanche, le Mont Arafat pendant qu'au sol des policiers à pied, à moto et à bord de véhicules tout terrain régulaient la circulation et orientaient la foule. Sur le Jabal al-Rahma, ils devaient parfois faire barrage de leur corps pour réguler le flot de pèlerins et éviter les engorgements. Au total, 1.855.406 pèlerins participent cette année au hadj, dont 1.325.372 venus de l'étranger, selon les autorités.
Fait inédit de ces trente dernières années, il n'y a pas de contingent iranien. En dépit de négociations, les deux puissances régionales rivales ne se sont pas entendues sur l'envoi des Iraniens au pèlerinage.
Dirigeant la prière de midi à Arafat, cheikh Abderrahman al-Soudeis, responsable des affaires des Lieux saints, a souligné que la sécurité de ces Lieux et des pèlerins "était une ligne rouge à ne pas franchir par des slogans politiques ou confessionnels". Il faisait allusion à l'Iran, accusé par Ryad de chercher à politiser le Hajj. Des centaines de milliers d'Iraniens ont convergé ce week-end vers la ville sainte chiite de Kerbala, en Irak, pour y accomplir un pèlerinage de substitution.