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Gaza: des milliers de personnes défient l'interdiction de manifester à Paris

26-07-2014 18:06  Abbès Zineb

Plusieurs milliers de personnes ont participé samedi à Paris à un rassemblement propalestinien, pourtant interdit, qui a donné lieu à des incidents, une semaine après de violents débordements lors de précédentes manifestations interdites. Après environ une heure trente de heurts limités entre forces de l'ordre et manifestants, le calme est revenu en fin d'après-midi. Selon des chiffres partiels et provisoires, une cinquantaine de personnes ont été interpellées, dont une trentaine placées en garde à vue, en marge de la manifestation.

Dans le même temps, des milliers de personnes ont défilé dans le calme dans plusieurs villes de France comme chaque week-end depuis le début de l'offensive israélienne à Gaza il y a près de trois semaines. A Paris, la justice avait confirmé à la mi-journée l'interdiction de la manifestation, décidée par la police au motif que les organisateurs n'avaient pas donné de garanties suffisantes de sécurité.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait appelé les organisateurs à renoncer à leur initiative, avertissant qu'ils seraient tenus pour "responsables d'éventuels débordements (...) et passibles de sanctions pénales".

Ignorant les mises en garde, quelque 5.000 personnes s'étaient rassemblées place de la République, point de départ initialement prévu du cortège, sans chercher à défiler. Ensuite des manifestants ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre, qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes. Un abribus a été détruit et des pierres lancées sur des magasins.

Au total, environ 2.000 policiers et gendarmes avaient déployés place de la République et dans le quartier de la Bastille où des incidents avaient éclaté près d'une synagogue à l'issue d'une manifestation le 13 juillet. Selon des sources policières, elles avaient reçu des "consignes de fermeté" pour intervenir "très rapidement et interpeller" en cas notamment de "slogans ou manifestations antisémites".

"Israël assassin, Hollande complice"

"Israël hors de Palestine, il est fini le temps des colonies", "Israël assassin, Hollande complice", "Nous sommes tous des Palestiniens," scandaient les manifestants. "Cette manifestation est illégale, mais pour nous elle est plus que légitime. Il s'agit de manifester notre solidarité avec un peuple qui est en train de se faire massacrer", expliquait Hugo, jeune militant du Nouveau parti anticapitaliste (NPA, extrême gauche) qui avait appelé au rassemblement.

De jeunes hommes hissés sur une colonne ont activé des fumigènes aux couleurs de la Palestine et brûlé un drapeau israélien, sous des applaudissements. Le président François Hollande avait dit le 14 juillet qu'il n'était pas question de laisser "s'importer" en France le conflit israélo-palestinien, au lendemain de débordements près de synagogues, dans le quartier de la Bastille, à l'issue d'une manifestation autorisée.

Le week-end dernier, deux rassemblements interdits avaient dégénéré, l'un à Barbès, dans le nord de Paris, l'autre à Sarcelles, ville de la banlieue nord de la capitale, où des commerces, dont une épicerie casher, avaient été saccagés. Le Premier ministre, Manuel Valls, avait adressé vendredi soir un message d'apaisement aux musulmans de France. Venu à la mosquée d'Evry-Courcouronnes, une des plus grandes du pays, pour la rupture du jeûne du ramadan, il avait assuré qu'il n'y avait pas "deux poids deux mesures" à leur détriment.

Contrairement à d'autres manifestations propalestiniennes en Europe qui ne suscitent pas de polémique, en France l'opposition à l'offensive israélienne s'est doublée d'une controverse sur l'interdiction de certains rassemblements et la montée de l'antisémitisme. Critiqué par sa gauche et par une partie de l'opposition de droite pour avoir joué le pompier pyromane en interdisant des manifestations, le président Hollande répète qu'il faut "faire respecter l'ordre républicain et refuser les slogans qui expriment la haine".

De leur côté, Amnesty international et Human Rights Watch se sont inquiétées des restrictions à la "liberté de réunion". En 19 jours, l'offensive israélienne sur Gaza a déjà fait au moins 1.000 morts côté palestinien et 39 côté israélien. Une réunion d'acteurs internationaux s'est tenue samedi à Paris, appelant à prolonger le cessez-le-feu humanitaire entré en vigueur en début de matinée. (Afp)



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