Francis Perrin, spécialiste français des questions énergétiques était mardi l’invité du forum hebdomadaire de Liberté. L’occasion pour lui d’intervenir dans le débat sur le gaz de schiste qui fait actuellement rage en Algérie entre une opposition vent debout contre cette énergie non conventionnelle et un gouvernement qui ne veut pas se passer de cette « richesse » pour la sécurité énergétique de l’Algérie.

M. Perrin n’a pas de position tranchée sur la question, mais il est partisan « d’un large débat national où tous les éléments seraient mis sur la table ». Poursuivant son analyse, il estime que la décision finale sera prise au terme de ce débat et en toute connaissance de cause.

Ce débat, explicite t-il doit associer politiques et experts en économie et en énergie et spécialistes de l’environnement car, ajoute t-il, le gaz de schiste est à la confluence de toutes ces problématiques. La position de Francis Perrin se veut une critique très soft de la politique du gouvernement algérien qui veut passer en force dans cette affaire.

« Il y a actuellement deux attitudes à avoir : celle qui consiste à dire qu’on y touche pas dés lors que toutes les données ne sont pas encore maitrisées et c’est le cas de la France dont le gouvernement a décidé de clore le débat même si un débat n’est jamais clos; et il y a celle qui consiste à débattre, à faire de la pédagogie et à sortir des jugements moraux et religieux qui consistent à dire que le gaz de schiste c’est bon ou c’est pas bon.

"l’Algérie sera contrainte de recourir au gaz de schiste"

» Mais dans le même temps, l’expert français laisse entendre que l’Algérie sera contrainte dans un avenir pas très lointain à recourir à ce gaz non conventionnel. « L’Algérie est un gros producteur de gaz naturel plus que le pétrole, et qui tire l’essentiel de ses revenus de l’exportation, mais avec la demande interne qui ne cesse de grimper l’Algérie a besion d’autres ressources pour ses besoins internes afin de pouvoir maintenir sa place sur le marché mondial », explique encore cet expert.

Ce dernier a tenu d’ailleurs à apporter une précision de taille en expliquant qu’ « on ne peut pas parler de réserves en Algérie, mais de potentiel, car pour parler de réserves, il faut faire de l’exploration ». Pour lui, les "réserves" est un mot qui n’est pas valable pour les Etats-Unis où les réserves sont prouvées et où ce gaz est exploité dans certains Etats.

"La technologie actuelle n'est plus celle des années 2000"

Au sujet des risques environnementaux, qui constituent la substance des arguments des adversaires du gaz de schite, Francis Perrin assure que « la technologie actuelle n'est plus celle des années 2000, au moment où les USA se sont lancés dans l’exploitation ».

Peut-on pour autant dire que ces technologie made in USA sont fiables et sans danger ? La réponse de cet expert est très nuancée. Plus important, il laisse entendre en termes sibyllins que les USA sont entrain d’exercer une pression sur l’Algérie pour aller au gaz de schiste avec une technologie américaine.