Les amalgames entre terrorisme et la religion musulmane s'accentuent en France depuis les attentats terroristes du vendredi 13 novembre à Paris et la communauté de musulmans est sous pression.
Ajouté à cela l'état d'urgence décrété par le président François Hollande, certains responsables proches de l’extrême droite française profitent de cette situation pour faire sortir leurs griffes contre des français et de résidents étrangers de confession musulmane.
A l'image du maire de Béziers (Sud de France), Robert Ménard, un proche du Front national, qui a présenté, hier, une "charte", demandant aux dirigeants des mosquées de la ville de signer ce texte qui précise notamment que les imams doivent prêcher en français.
Dans le texte présenté à la presse, Robert Ménard assure que sous le régime d'état d'urgence qui a suivi les attentats de Paris, "les forces de police ont perquisitionné plusieurs mosquées et notamment celle de Brest, dont l'imam entretient des liens avec certains responsables de la communauté musulmane de Béziers".
Il assure "qu'un imam de Montpellier ayant déjà tenu des conférences dans une mosquée de Béziers vient d'être assigné à résidence par l'État" et en conclut que "s'impose une clarification des activités des mosquées de Béziers".
Pour le maire proche des thèses du parti de Marine Le Pen, "l'approbation sans réserve de cette charte sera de nature à rassurer l'ensemble des habitants de la ville".
Selon le premier point de la "charte", "les imams des mosquées de Béziers s'engagent à ne prêcher qu'en français et en toutes circonstances".
Second point, "les imams et fidèles des mosquées de Béziers s'engagent à ne faire aucun appel à la prière dans la rue sous quelque forme que ce soit". Pour les musulmans de Béziers, la proposition de Ménard est qualifiée d'une "charte de la honte".
Troisièmement, "les imams et présidents d'associations gérant les mosquées de Béziers s'engagent à ne pas poursuivre d'activités et à entretenir des liens avec des associations ou des mosquées, en France ou à l'étranger, appartenant aux courants les plus extrémistes, salafiste et Frères musulmans".
Quatrièmement, ils "s'engagent à ne pas diffuser les discours ou faire la promotion des cheikhs ou savants saoudiens wahhabites, des cheikhs des Frères musulmans de tous les pays".
Cinquièmement, les mêmes dirigeants doivent s'engager "à ne pas promouvoir les textes et livres comme ceux de l'école malékite qui prescrivent le djihad ou la peine de mort pour les apostats ou homosexuels".
Enfin, ils "s'engagent à ne recevoir aucun financement d'un État étranger, d'une collectivité d'un État étranger ou d'une association étrangère".
Après la présentation de ce texte, sur la page Facebook "Les musulmans de Béziers", des commentaires parlent de "charte de la honte" tandis qu'un autre indique laconiquement, "urgent Ménard doit être interné". Aucune réaction officielle des imams et présidents de mosquées concernés n'a pu être recueillie.
Tapis rouge à Alger
Pour rappel, Robert Ménard, homme de l’extrême droite française, était surtout connu pour avoir été le gourou de l'association "Reporters sans frontières" et qui était reçu dans les rédactions algéroises avec les grands honneurs. Celles-ci lui déroulaient le tapis rouge à chacune de ses visites à Alger et se mettaient sous son ombrelle protectrice dès qu'elles avaient maille à partir avec les autorités.