Les procédures de recrutement en France sont discriminatoires vis-à-vis des candidats musulmans qui ont deux fois moins de chances d'être convoqués en entretien d'embauche que les autres candidats, selon les résultats d'une étude publiée jeudi. Selon le testing réalisé par la chercheuse Marie-Anne Valfort, "un candidat perçu comme musulman pratiquant (ou une candidate) a 10,4% de chances d'être convoqué, contre 20,8% pour un catholique pratiquant. L'écart est encore plus grand si l'on ne considère que les hommes : 4,7% contre 17,9%, du simple au quadruple pratiquement."

Pour parvenir à ces résultats, Mme Valfort, enseignante à La Sorbonne, citée par l'AFP, a envoyé, entre septembre 2013 et septembre 2014, des candidatures fictives à 6.231 offres d'emploi de comptables, assistants et secrétaires comptables et a ensuite comparé leurs taux de convocation. Les profils des candidats, censés être des Français d'origine libanaise nommés Haddad, sont identiques en tous points, à l'exception de la religion. Trois éléments suggèrent leur appartenance religieuse: leur prénom, leur scolarité confessionnelle avant leur départ supposé du Liban et leur engagement dans l'association de scoutisme de leur communauté.

Le résultat est sans appel: les musulmans "sont beaucoup plus discriminés" par rapport aux catholiques en France "que ne le sont les Afro-Américains par rapport aux Blancs aux Etats-Unis", souligne l'étude réalisée pour l'institut Montaigne. Pour vérifier que ces discriminations sont dues à la pratique religieuse, Marie-Anne Valfort a créé des profils "laïcs", qui mentionnent un engagement dans une association de scoutisme laïque. Le résultat est sans appel chez les hommes musulmans: en se montrant laïcs, ils doublent quasiment leurs chances de décrocher un entretien.(Aps)