La police a procédé vendredi matin à dix-neuf interpellations dans les milieux islamistes radicaux en France, dans plusieurs grandes villes de France, notamment à Toulouse (Haute-Garonne), à Nantes (Loire-Atlantique), Lyon (Rhône) ou encore Nice (Alpes-Maritimes), Marseille (Bouches-du-Rhône) et en Ile-de-France (Montreuil, Alfortville, Nanterre) rapporte l'AFP.
Parmi les personnes arrêtées en Loire-Atlantique figure Mohammed Achamlane (photo), le leader de Forsane Alizza, un groupe salafiste radical dissous, d'après une source policière.
Toujours d'après la même source, citée par l'AFP, «trois Kalachnikov (NDLR : fusil d'assaut russe), un pistolet Glock et une grenade» ont été saisies lors de l'arrestation d'Achamlane. Des armes ont été saisies lors des autres interpellations.
Cette vaste opération était menée par les enquêteurs de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) avec, pour certaines cibles, l'appui de l'unité d'élite de la police nationale, le Raid, celle-là même qui avait donné l'assaut contre Mohamed Merah. Les forces de l'ordre ont agi sur commission rogatoire de la juge antiterroriste parisienne Nathalie Poux dans le cadre d'une information judiciaire pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme, selon une source proche de l'enquête.
«Ces opérations vont continuer»
«Dans la république française, quand on habite dans un quartier, on n'a pas à y habiter avec une Kalachnikov» a estimé ce matin Nicolas sarkozy au micro d'Europe 1. «Je ne sais pas si ce sont des filières, mais ce que je peux vous dire, c'est que nous avons des questions à poser, des questions extrêmement précises à un certain nombre de gens et que ce qui s'est passé ce matin va continuer» a-t-il continué avant d'ajouter : «Il y aura d'ailleurs d'autres opérations qui continueront et qui nous permettront également d'expulser du territoire national un certain nombre de gens qui n'ont, au fond, rien à y faire»
Pas de «lien direct» avec Merah
Ce vaste coup de filet n'est pourtant «pas directement lié» à l'enquête sur les crimes de Merah, a expliqué une source proche de l'enquête. Il a pour but de «démanteler des filières», a-t-on ajouté sans plus de précision. Ce «n'est pas lié simplement à Toulouse» a confirmé ce matin le chef de l'Etat, avant de revenir en quelques mots sur cette tragédie, la comparant au traumatisme du 11 septembre aux Etats-Unis.
Juste après la mort de Mohamed Merah le 22 mars dernier, le procureur de Paris François Molins avait indiqué que les investigations allaient «porter désormais sur la recherche de tout complice». Nicolas Sarkozy avait également demandé à la police de procéder à l'«évaluation» de la dangerosité des personnes connues pour entretenir des sympathies avec l'islam radical. Après la mort des sept personnes abattues par Merah, le travail de la DCRI a été pointé du doigt. Le tueur au scooter de retour d'un voyage au Pakistan et en Afghanistan y avait entendu en novembre 2011.
Forsane Alizza, un groupuscule radical
Mohamed Merah, le tueur de Toulouse et Montauban était proche d’une association fondamentaliste connue sous le nom de Forsane Alizza, un groupuscule également baptisé les Cavaliers de la fierté, dissous au mois de février 2011 à la demande de Claude Guéant. Une décision prise par le ministre de l’Intérieur, qui considérait cette organisation comme incitant à la « lutte armée ».
Dès la constitution de ce groupe en 2010, ses membres avaient fait parler d’eux. Adepte d’un islam fondamental, l’association Forsane Alizza s’était signalée en juin 2010 en manifestant dans un restaurant McDonald’s de Limoges (Vienne). A l’époque, les représentants de ce groupuscule souhaitaient dénoncer les liens existants, selon eux, entre l’enseigne de restauration rapide et «la fondation juive».
Des slogans hostiles à Israël
Au mois de septembre 2010, ils avaient également demandé à leurs membres de piétiner le Code pénal, toujours à Limoges, en criant des slogans hostiles à l’encontre de l’Etat d’Israël. Ces deux actions avaient été filmées et mises en ligne sur Internet.
«La Direction centrale du renseignement intérieur s’était très vite intéressée à ce mouvement, confie une source proche de l’enquête. A l’époque, les policiers du renseignement avaient exprimé leurs inquiétudes quant à la dangerosité de certains des membres de ce groupuscule.»
Après ses évènements, son fondateur, Mohamed Achamlane, avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis et 2000 € d’amende pour provocation à la discrimination raciale. La page d’accueil du site Internet de cette association laisse apparaître aujourd’hui le message suivant : « L’équipe Forsane Alizza est dissoute, cependant nous subissons toujours de grosses pressions malgré la fin de nos activités, une vidéo sera diffusée et vous aurez bientôt plus de détails. »