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Feuille de route post 5ème mandat : vrais engagements ou simple effet d’annonce ?

11-02-2019 15:39  La rédaction

Maintenant que la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à laprésidentielle du 18 avril est officielle et qu’on soit définitivement édifié que le 5ème mandat luiest acquis sans l’ombre d’un doute, alors le scrutin ne serait qu’une simpleformalité.

Il est opportun de poser les seules questions qui vaillent sur l’aprèskermesse d’avril. Dans sa lettre à la Nation, le président-candidat AbdelazizBouteflika a esquissé de quoi l’Algérie de demain sera faite.

Il a annoncé un véritable chantier politico-constitutionnel qui s’apparentenon pas à la correction des imperfections de la démocratie à l’algérienne, maisà une sorte de remise à zéro des compteurs.

Le président a en effet décliné tout un programme multidimensionnelcensé remettre de l’ordre dans un pays qui accuse un déficit de légitimité desinstitutions, une arriération démocratique, une panne économique et un désarroisocial.

Abdelaziz Bouteflika reconnait ainsi que ses réalisations durantles quatre mandats précédents : «demeurent à parfaire, notamment pourrétablir et consolider la confiance des citoyens dans les institutions,raffermir l'Etat de droit et la bonne gouvernance, et conforter undéveloppement économique fondé sur la justice sociale et l'affirmation d'uneéconomie nationale d'initiative, productive et compétitive».

C’est, toutes proportions gardées, une sorte de refondation nationaleque propose le candidat Bouteflika. Et pour cette gigantesque œuvre, il dit son«intention sincère d'associer toutes les forces nationales, politiques,économiques, associatives et syndicales à la poursuite de la construction denotre démocratie».

A la recherche du temps perdu

Cette recherche éperdue d’un «consensus» sonne comme un aveuimplicite du président-candidat que ce qui a été fait jusque-là était pour lemoins sujet à caution, voire à controverse.

C’est le contenu de cette fameuse Conférence nationale queBouteflika promet d’organiser «dès cette année» et qui sera «consacrée à laconcrétisation du consensus sur les réformes et les changements que notre paysdevra engager».

Aussi prometteuses qu’elles puissent paraître, on ne peut s’empêcherde s’interroger s’il s’agit bien d’une tentative de rattraper le temps perdu oualors d’un simple effet d’annonce d’un 5ème mandat difficilement soutenablemoralement et mal embarqué politiquement ?

Et que, aussitôt l’élection pliée au soir du 18 avril, ces annoncesseraient remisées au placard.

Et pour cause, le souvenir des réformes politiques annoncées dansle feu du «printemps arabe» de 2011 et qui n’ont pu être concrétiséesparcimonieusement qu’en 2016, est encore vivace.

Parce que, quand on examine de près la lettre du président aux algériens,on s’aperçoit qu’elle est quasiment la copie conforme de son discours de 2011.

A l’époque, l’objectif était d’éviter autant que faire se peut l’effetde contagion des révoltes arabes.

Aujourd’hui, c’est visiblement l’état de santé défaillant duprésident qui met entre guillemets sa volonté de rempiler pour un autre mandat,et en sursis l’avenir immédiat du pays dont les ressources se raréfient inexorablement.

L’histoire nous enseigne en effet que les régimes lâchent du lestdans des moments de crises.

L'hameçon 

Dans le domaine économique par exemple le candidat Bouteflika prometpèle mêle, que «nous devons approfondir les réformes structurelles etfinancières» et que «tous les changements nécessaires devront êtreintroduits sans dogmatisme aucun».

Il est clair que le président n’est pas sans savoir que son 5èmemandat passe mal au sein de l’opinion nationale y compris parmi ses supporterscompte tenu de son état de santé.   

D’où, sans doute la relance discursive de ce chantier de réformes emballéesdans un nouveau package pour attirer le maximum d’invités à la grand-messeannoncée.

Et ce n’est pas fini puisqu’outre l'élaboration d'une plateformepolitique, économiqueet sociale, la Conférence nationale de Bouteflikapourra «proposer un enrichissement profond de la Constitution».

Là aussi, il y a dire et à redire. Qu’est ce qui justifierait encoreune autre révision de la Constitution trois ans après celle de 2016 assimilée pourtanten son temps à une «Constituante» au point de l’appeler officiellement la «nouvelleconstitution» ?  

Il n y a rien à priori aucune urgence à triturer davantage la Loi fondamentalequi a déjà subi trois lifting en quatre mandats surtout que les constantesnationales, l’identité nationale et le caractèredémocratique et républicain de l'Etat ont été sanctuarisées.

Bis repetita

A quoi servirait objectivement cette «réforme profonde» dela Constitution mise à part peut-être la volonté prêtée au chef de l’Etat d’instituerle poste de vice-président pour déléguer, légalement, ses pouvoirs à l’heureux «élu» ?

Si tel était la finalité, cette réforme ne serait qu’une argutie constitutionnelledestinée à légitimer un transfert de pouvoir que l’état de santé déclinant duprésident réélu, rendrait indépassable.

Auquel cas, cette réforme obéirait non pas à une logique démocratiqueet d’Etat mais à celle du pouvoir.

En termes simples, un président algérien en bonne santé, n’aura absolumentpas besoin d’un adjoint au risque de transformer arbitrairement le régimepolitique en système hybride juste pour gérer une situation d’exception.

Aussi, la précision de Bouteflika selon laquelle «Lespropositions que dégagera la Conférence Nationale me seront soumises pour leurconcrétisation par les voies appropriées», laissent entendre que le derniermot sur ce qu’il va changer dans la Constitution lui reviendrait.

Autrement dit, une fois que les «copies» des invités à la Conférencenationale seront ramassées, le président usera de son pouvoir discrétionnairepour présenter une mouture finale à sa convenance et conforme aux projectionsdu régime.

Cela rappelle étrangement le feuilleton des consultations de Bensalahpuis celle d’Ouyahia qui avaient abouti aux amendements que l’on sait. Du déjà vu et entendu. Mais en attendant, voyons d'abord les attitudes qu'adopteront  des candidats potentiels après que Bouteflika a rendu l'oracle. 



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