Alors que les partis politiques ontréduit leurs activités au minimum syndical qu’exigent leurs réunions organiques, sanctionnées par des communiqués souvent sommaires qui sonnent le déjà entendu,voilà une association qui fait nettement mieux. Rassemblement Action Jeunesse(RAJ) innove, ose et propose des débats intéressants sur des questions quiagitent l’actualité nationale. Avec des moyens de bord, ceux d’une simpleassociation qui ne bénéficie même pas de subvention, RAJ étonne et détonne parson sens d’initiative et sa volonté de mettre les mots sur les maux qui rongentl’Algérie. Comme chaque année en pareille circonstance, cette association dejeunes sur le terrain depuis une vingtaine d’années, nous propose un précieuxséminaire digne de grands événements qu’organisent les Etats. «56 ans aprèsl’indépendance, quel horizon démocratique pour l’Algérie ?» C’est autourde cette thématique riche, variée et d’une brûlante actualité que RAJinvite des centaines d’invités à réfléchir deux jours durant à partir de demain5 juillet jusqu’à vendredi.
Cette dynamique association va unenouvelle fois se distinguer, y compris par rapport aux institutions et organismed’Etat, qui vont se contenter de quelques menues manifestations devant meublercette journée historique à coups de discours incantatoire, gorgés de patriotismeà deux balles. RAJ, lui offre un espace de débat sur l’Algérie de demain dansun contexte difficile marqué par des incertitudes politiques, économiques etsociales. Vu sous cet angle, le séminaire des jeunes de RAJ, s’annonce comme unbol d’air frais dans une Algérie qui étouffe avec ces scandales de corruptionset cette polémique sur un éventuel cinquième mandat. Cette jeunesse met lecurseur au-delà de ces petites querelles qui n’intéressent pas grand monde.
L’Algérie de demain…
Elle ouvre un débat sérieux et serein surnotre pays pas seulement dans une perspective historique mais également avecune vision prospective à la lumière des constats et des possibilités quis’offrent à l’Algérie. Le sociologue, Mohamed Mabtoul ouvrira le premier paneldu séminaire en plantant un décor presque fataliste avec saconférence : « Algérie, l’impossible citoyenneté» qui estégalement le titre de son livre. Boualem Amoura, secrétaire général du Satefplanchera sur l’état des lieux et les défis du syndicalisme en Algérie. De soncôté, Said Salhi, vice président de la LADDH fera un focus sur la situation deslibertés en Algérie 56 ans après l’indépendance.
Le deuxième panel propose un «Regardcroisé» entre les deux rives à travers les expériences associatives de RAJ etSOS Racisme en France autour du thème : Quelles visions du passé et del’avenir pour les sociétés civiles et les jeunes des deux rives ? HakimAddad, Nicholas Abdelaziz, Justine Bourasseau, Souha Lakhdari et Colette Drogozvont se relayer à la tribune pour décliner leurs visions. La première journéesera clôturée par un pèlerinage à la Casbah d’Alger, ce haut lieu de mémoired’histoire, théâtre d’une grande bataille de plusieurs mois contre l’armée française.
Vendredi, les participants seront invitésà écouter les expériences de jeunes engagés à l’image du fondateur du journalsatirique en ligne «El Manchar», Nazim Baya, Melle Nesrine Iwal membre dugroupe Chaoui éponyme et Marzouk Tiza, membre du collectif des étudiants libresde Bouira. L’après midi, sera entièrement consacré au débat et l'enrichissementd’un mémorandum pour l’encouragement des jeunes à la participation à la viepublique que l’association RAJ rendra public prochainement, dans le sillage deson étude sur la jeunesse et la politique qu’elle a réalisée durant lesélections législatives de mai 2017.
Ce séminaire se terminera sur une notecinématographique avec la projection de deux courts métrages : «laprésence de l’absent» et «Demain sera un autre jour» réalisés respectivementpar Abderrahmane Krimat et Amel Blidi et Nabil Boubekeur. Si seulement lesmilliers d’associations qui tètent lesmamelles de l’Etat consacrent un peu de leur temps et de leur argent perdu àorganiser des activités de sensibilisation comme le fait RAJ !. Quant aux partispolitiques, leurs préoccupations sont ailleurs. L’histoire de l’Algérie n’estau mieux qu’un fond de commerce alors que son avenir ne les intéresseguère.