Préambule
Cette contribution pour le site Algérie1 est la synthèse d’une partie de l’audit réalisé sous ma direction, d’une brûlante actualité remis au Premier ministre Abdelmalek SELLAL le 15 janvier 2013. Nous avons extrait trois contributions d’actualité de deux amis, le docteur Abdelhak LAMIRI PDG de l’INSIM, sur des propositions concrètes du système de la réforme du socio-éducatif et de la réforme des institutions par leur débureaucratisation et celle du professeur Benabbou SENOUCI Directeur de l’école préparatoire d’Oran, en Sciences Economiques, Commerciales, et Sciences de Gestion, sur les enjeux de la transition énergétique en Algérie rentrant dans le cadre du prolongement d’autres contributions parues dans le site Algérie1. Cette présente contribution sera suivie d’autres remises au Premier ministre intéressant le devenir de l’Algérie dont celles du docteur Camille SARI enseignant à la Sorbonne de Paris, expert international en finances, et du professeur Abderrahmane MEBTOUL concernant les indicateurs financiers et socio-économiques .
Au moment où avec la chute du cours des hydrocarbures, posant la problématique de la sécurité nationale, l’Algérie risque de connaitre d’importantes tensions budgétaires, nécessitant un Front social interne solide, tenant compte des différentes sensibilités sociales grâce à un dialogue productif au profit exclusif de l’Algérie et une réorientation urgente de la politique socio-économique afin d’éviter le drame des impacts des année 1986, j’ai jugé utile de mettre à la disposition du large public l’audit réalisé sous ma direction assisté de 20 experts internationaux (économistes- sociologues-juristes-ingénieurs) et remis au Premier Ministre le 15 janvier 2013 (huit volumes).
Cet audit a été réalisé sans aucune rémunération, à la demande de Mr Abdelmalek SELLAL, qui nous a donné comme orientations, nous ayant laissé libre de toute initiative sans aucune contrainte, de privilégier uniquement les intérêts supérieurs du pays et de dire la vérité, rien que la vérité, sans sinistrose, ni autosatisfaction. Cet audit réalisé avant la baisse du cours des hydrocarbures de juin 2014 au niveau mondial mais avec des prémisses dues à la chute en volume physique des exportations de SONATRACH depuis fin 2007, est d’une actualité brûlante.
Le contenu de cette brève synthèse n’a subi aucune modification. Au lecteur de juger, ayant insisté fortement en préface que la bataille de la relance économique future de l’Algérie et notre place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance et notre capacité à innover. Face aux tensions géostratégiques, des stratégies d’adaptation étant nécessaires tant au niveau extérieur qu’intérieur, espérons avoir fait œuvre utile pour le devenir de l’Algérie pour un devenir meilleur.
Les axes de la réforme éducative
Docteur Abdelhak LAMIRI , Expert, économiste et PDG de l'INSIM, institut privé de formation en gestion d'Algérie, constitué sur le modèle des business schools anglosaxonnes, auteur de nombreuses contributions nationales et internationales sur l’économie algérienne et notamment sur le système socio-éducatif .
Voici mes propositions pour le gouvernement
1.-Activités
Je recense sept activités :
A.-Se fixer un objectif grandiose dans ce domaine : ériger un secteur éducatif (de l’école primaire jusqu’à l’université) de classe mondiale.
B.-Commencer par le secteur universitaire, parce qu’il a des effets d’entraînement sur le reste des secteurs.
C.-Gérer tous les établissements de formation selon les normes du management moderne : gestion par des objectifs, rémunération au mérite, recrutements transparents, évaluation individuelle des enseignants à tous les niveaux.
D.-Créer des centres de contrôle (mesure de niveaux) afin d’évaluer selon un tableau de bord exhaustif, les progrès réalisés au sein de chaque wilaya, Daira, commune et établissement du primaire à l’université. Nous pourrons mesurer également les niveaux nationaux dans divers spécialités.
E.-Jumeler nos entités avec les meilleures universités mondiales.
F.-Les formateurs universitaires qualifiés par les partenariats vont recycler les enseignants à tous les niveaux (du primaire à l’université) en plus de mettre à niveau toutes les ressources humaines opérationnelles du pays.
G-.Recycler toutes les personnes en poste dans toutes les entreprises et les institutions publiques et privées, afin de jouer leurs rôles dans le nouvel environnement.
II-Principes
Je recense sept principes
A. Le secteur de l’éducation est le facteur clé de succès numéro un de tout pays. Son efficacité relève de la sécurité nationale.
B. A chaque palier du système nous devons avoir des établissements publics et privés, du primaire à l’université.
C. La gratuité des enseignements est garantie pour tous et à tous les niveaux. Le mérite l’emporte sur le milieu socio professionnel.
D. Le secteur public est dominant dans l’éducation mais un secteur privé de qualité est régulé professionnellement.
E. L’institution cerveau dispose d’un département éducation doté de nos meilleurs spécialistes, qui fait des Benchmarking, dialogue avec toutes les parties prenantes pour établir la stratégie éducative.
F. Le choix des langues se fait en fonction des orientations du pays et des exigences d’efficacité (par exemple langue nationale pour l’histoire, le droit etc. et les langues étrangères pour les sciences).
G. Etablir un département, au sein de cette institution, qui œuvre en tant qu’observatoire des métiers afin d’adapter constamment l’appareil de formation aux exigences futures ;H. Fournir à tous les citoyens des informations sur notre position internationale comparative à tous les niveaux du système éducatif ainsi que le rapport qualité/coûts du secteur.
En résumé Le redressement est tributaire d'une relance économique qui permettra de dégager plus de ressources et d'une ingénierie organisationnelle globale qui fera de l'éducation un vecteur d'intégration économique et de positionnement aux premiers emplois. Nous avons à repenser l'adéquation formation/emploi et donc redimensionner l'appareil de formation en fonction de la nouvelle stratégie de développement et des nouveaux besoins induits. Ces grands axes d'intervention cachent mal le travail titanesque qui attend nos spécialistes de l'éducation.
DEUXIEME CONTRIBUTION
Le développement économique passe par l’efficacité de l’administration et par la débureaucratisation
On n’écrira jamais assez sur le phénomène des états hyper-centralisés et hyper-bureaucratisés. Ils se sont faits piégés sans le savoir. Ils constatent que tout ce qu’ils entreprennent ne donne que de maigres résultats. Ils n’arrivent à résoudre aucun problème : logement, santé, éducation et emploi leur causent toujours des préoccupations insurmontables. Alors ils se réfugient derrière une des deux solutions ou les deux à la fois : injecter plus d’argent ou donner encore plus d’ordres à la bureaucratie pour résoudre les problèmes bureaucratiques. Même lorsqu’on essaye de débloquer la situation, on compte sur la bureaucratie pour se réformer elle-même. Aucune solution à leurs yeux ne peut voir le jour en dehors d’un renforcement du processus de centralisation. Pour enrayer la corruption, il faut créer une nouvelle structure bureaucratique ; pour réduire les importations, il faut introduire une procédure bureaucratique (le Credoc par exemple). Toutes les solutions passent par le même prisme. Pour alléger le problème du chômage, il faut donner plus d’argent à gérer à la bureaucratie en créant de nouveaux mécanismes administratifs.
Pris individuellement, les bureaucrates sont souvent de charmantes personnes. Ces individus sont en même temps bourreaux et victimes. Ils sont sous-payés, sous-valorisés et sous-formés. Ils font subir aux citoyens les affres du système pour les subir eux-mêmes dans d’autres activités. Chacun est malheureux dans son coin et blâme le reste de la société pour ses maux alors que nous sommes tous prisonniers d’un système grippé qui est structuré pour faire du sur place.Il est difficile d’extirper la bureaucratie d’un système parce qu’elle est plutôt plus enracinée dans les esprits des responsables que dans les pratiques. C’est une culture des dirigeants. C‘est un ensemble de croyances qui orientent les comportements et les décisions des supérieurs hiérarchiques. Un pays se bureaucratise lorsque les dirigeants croient au fond d’eux-mêmes que leurs citoyens sont des « incapables ». Il faut qu’on décide pour eux. Ils n’auraient ni l’information, ni le savoir-faire et encore moins la perspicacité et l’intelligence des dirigeants. Pour cela, ils pensent qu’ils doivent tout décider. Les citoyens ne sont bons que pour appliquer, et encore. Plus les dirigeants croient que leur peuple est incapable, plus ils centralisent. De nombreux pays en voie de développement ont une attitude de « Paternalisme Méprisant » vis-à-vis de leur peuple. Alors ils sur-bureaucratisent la vie économique. En premier lieu, il y a à ce niveau une terrible incompréhension. Les études qui portent sur l’intelligence humaine montrent qu’elle est également répartie à travers les différentes hiérarchies sociales. Ce qui implique que les PDG et les directeurs centraux des entreprises ne sont pas plus intelligents que leurs ouvriers. Les ministres ne sont pas plus brillants que les éboueurs. Nous autres, chercheurs, nous ne sommes pas plus ingénieux que les vendeurs de cacahuètes. Ceux qui ont été favorisés par le sort ont seulement eu des parcours de vie différents. Ils peuvent avoir plus de formation, d’expérience et d’informations mais pas plus d’intelligence. Deux attitudes doivent découler de cette observation. La première est la modestie. On n’est vraiment modeste que si l’on considère qu’autrui, mis dans de bonnes conditions, peut réaliser ce que l’on fait soi-même et peut-être en mieux. En second lieu, nous devons ériger un système qui profite de l’intelligence de tous les citoyens. Ils connaissent mieux que nous leurs problèmes et peuvent grandement contribuer à les solutionner. Ce n’est pas un système centralisé qui peut réaliser ce processus. Il faut alors former, simplifier et décentraliser. Donner les outils aux gens pour leur permettre de résoudre eux-mêmes leurs propres problèmes.
Lorsqu’on est confronté à un problème aussi complexe, il faut chercher les solutions dans les connaissances scientifiques et les expériences des pays qui réussissent. Qu’est-ce qui fait que des pays aux systèmes aussi variés que les USA, la Chine, la Malaisie et autres réussissent à avoir des économies performantes? Une caractéristique essentielle de ces pays est leur extrême décentralisation. Les décisions se prennent là où les problèmes existent et on profite de l’intelligence de tous. Prenons le cas de la Chine. Ce sont les plans de développement locaux (niveau des APC) qui font la force de ce pays. Les exportations des entreprises locales représentent plus de 50% du total des ventes à l’étranger. Le pays vient de lancer par internet un appel à tous les citoyens pour transmettre des idées aux responsables afin de limiter les migrations informelles (à l’intérieur du pays). Après avoir recyclé l’ensemble de la population, on leur décentralise le processus de décision pour régler leurs problèmes au niveau local et faire appel à leur génie pour régler les problèmes nationaux. Les USA font exactement la même chose depuis plus de deux siècles.
Bien évidemment, les décideurs centralisateurs se défendent de sous-estimer leurs peuples. Ils ne peuvent pas se l’avouer consciemment. Parfois, le discours est fortement contradictoire. On asserte que le pays a formé suffisamment de cadres compétents et investi massivement dans les recyclages. Mais alors pourquoi ne pas donner à ces personnes l’opportunité de régler leurs propres problèmes ? Entre l’an 2000 et 2014 nous aurions dépensé 500 Milliards de dollars d’une manière trop centralisée. Nous aurions pu au moins en laisser le tiers pour le développement local et régional. Mais il est rétorqué que les conditions ne sont pas propices pour le faire ; ce qui est vrai. Mais elles ne le sont également pas au niveau national. Dépenser sans stratégie et sans vision, c’est dilapider. Certes un état décentralisé fonctionne avec des mécanismes et des institutions différentes : audits, Benchmarking (étalonnage), qualifications, nouvelles missions, fonctions et structures différentes pour les entités décentralisées. Les facteurs clés de succès sont distincts. Il faut donc revoir en profondeur les structures et les mécanismes. Un modèle de développement hyper-centralisé et hyper-bureaucratisé comme le nôtre est synonyme d’inefficacité.
Le problème central qui se pose dans notre système bureaucratique est le suivant : pour toute décision ou tout accord à arracher, vous avez une chaîne d’autorisations à obtenir de plusieurs partenaires. Nul à lui seul ne peut régler le problème dans son ensemble mais chacun peut bloquer le processus pour toujours. Si vous devez investir pour créer une petite fabrique vous pouvez faire face à la banque, la wilaya, l’environnement, l’administration des forêts, Sonelgaz etc. Aucun de ces intervenants ne peut régler tous les problèmes mais chacun peut bloquer le projet durant des décennies (le guichet unique est actuellement une illusion). La dé-bureaucratisation est un processus qui commence par la prise de conscience. Une bureaucratie ne se réforme jamais d’elle-même. Il faut une volonté politique forte qui mène à la décentralisation des décisions et des procédures. Pour cela, nous devons créer les conditions nécessaires : développement humain, modernisation managériale et restructuration des entités administratives. Tous ces éléments sont des processus techniques. Il faut donc une volonté politique qui fait confiance à l’expertise nationale qui va identifier et travailler avec les adeptes du changement pour reconfigurer les processus administratifs. On ne peut le faire que si l’on est convaincu. On échoue si l’on désire fonder une économie de marché avec une culture et des réflexes d’un système planifié et centralisé. Une administration s’améliore par les actions suivantes :
1. Allègement : nous disposons de centaines de milliers de postes à productivité marginale nulle voire même négative. Il est normal de les supprimer et de déplacer leurs occupants vers des emplois dans des entreprises économiques. Les personnes sont innocentes mais le système ne l'est pas. Il y a lieu de les prendre en charge jusqu'à les positionner dans de nouveaux emplois productifs ;
2. Simplification : la mission essentielle des réformateurs du système consiste à concevoir des systèmes plus simples en s'inspirant partiellement des modes de fonctionnement d’autres pays. On peut aisément appliquer la réingénierie des processus par des bureaux d’études ;
3. Expertise : l'administration doit être légère et experte. Les spécialistes en contrôle de l'environnement, de la qualité, de l'information, des politiques macroéconomiques et autres en font partie, aidés d'un minimum d'employés ;
4. L’administration doit être gérée par des résultats. Chaque entité (Wilaya, Daïra, APC, administration centrale, douane, etc.) doit être dotée d’indicateurs de performance. Les responsables auront des contrats de performance avec des objectifs mais aussi les moyens et l’autorité qu’il faut pour obtenir des résultats.
TROISIEME CONTRIBUTION
Professeur des Universités Benabbou SENOUCI
Directeur de l’école préparatoire d’Oran, en Sciences Economiques, Commerciales, et Sciences de GestionLes enjeux de la transition énergétique en Algérie
Ancien étudiant du professeur Abderrahmane MEBTOUL devenu professeur - 1993 - 1996 : chef de département filières de spécialités auprès de l’institut des sciences économiques de l’université d’Oran. . -1998 - 2005 : Directeur du centre d’Oran de l’Université de la Formation Continue. -1998-2001 : Membre du conseil d’orientation de l’Université d’Oran.- -1998 - 2006 : Membre du conseil scientifique de l’Université de la Formation Continue –Alger- - -1999 - 2004 et depuis 2010 : membre du comité scientifique du département des sciences économique de la Faculté des sciences économiques de Sciences de Gestion et des Sciences Commerciales de l’Université d’Oran. -1999 - 2004 et depuis 2010: membre du conseil scientifique de la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’université d’Oran.-2010 à ce jour : Membre du conseil scientifique de l’Université d’Oran.-1997 à ce jour : Membre de l’Association de Comptabilité Nationale A.C.N, en France. -2009 à ce jour : Membre du bureau du Réseau SHS Réseau Environnement et Développement Durable de la Méditerranée (REDD Med). IRD – Marseille. - 2009 à ce jour : Membre du bureau du Réseau de Recherche sur l’Innovation RRI. -2010 à ce jour : Directeur de l’Ecole Préparatoire, en Sciences Economiques, Commerciales, et Sciences de Gestion d’Oran (EPSECG). Président du Conseil Scientifique du même établissement. -2011 à ce jour : Président du conseil scientifique de l’Ecole Préparatoire, en Sciences Economiques, Commerciales, et Sciences de Gestion d’Oran (EPSECG). -Depuis 2011 : membre de l’Association Algérienne de l‘Industrie du Gaz AIG- A publié « Economie, environnement, et développement durable ». Deuxième Colloque international sur la Biodiversité et Ecosystèmes Littoraux BEL02, organisé par le Laboratoire Réseau de Surveillance Environnementale LRSE, en collaboration avec l’Université de Nantes. Oran 28 – 30 novembre 2010-« Développement, Développement durable : concepts et indicateurs de mesure » -« La nouvelle stratégie industrielle de l’Algérie », Les 3èmes Journées Scientifiques Internationales du FEM sur le thème : « Politiques économiques et performance globale de l'économie ». Organisées par l’Université Abdelmalek Essaadi, l’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion de Tanger et le Forum des Economistes Marocains (FEM). Tanger, les 09 et 10 mai 2008. - « Les nouvelles technologies de l’information et de la communication nous apportent-elles une « nouvelle économie, ou des changements structurels ». Revue de l’EHEC n° 13 juin 2012. . ISSN 1112-3818- « Les options industrielles en Algérie, quelques éléments ». « Journal maghrébin d'économie et de management ». Mars 2010. Université de Mascara. ISSN 2170-1083.
1.-Introduction
Il est évident, que notre mode de vie est fondé sur (et façonné par) une énergie abondante et bon marché, et en tout premier lieu sur les hydrocarbures fossiles (pétrole et gaz naturel). Mais ce modèle est manifestement insoutenable, comme en attestent les différents indicateurs disponibles (notamment l’estimation des réserves et de la capacité annuelle de production, mises en regard des projections de consommation domestique). Au vu des chiffres et statistiques annoncés ça et là, il apparaît clairement que vu le diminution de la production nationale d’hydrocarbures, (Pétrole et gaz), la pénurie et le tarissement physique de ces énergies fossiles en Algérie est une réalité devant nous : ce n’est plus le seul problème des générations futures, mais déjà bien celui de la génération actuelle. Certes, le gaz naturel pourrait permettre de gagner quelques décennies, mais la demande nationale en la matière ne cesse de croitre. Le système de tarification énergétique actuel est une véritable incitation au gaspillage des ressources énergétiques du pays, (c’est aussi valable pour les prix du carburant, que pour les prix du gaz et de l’électricité), et encourage en surcroit une contrebande tout au long des frontières. Il est donc urgent de repenser notre système de redistribution de richesse.
2. Le bilan énergétique : un bilan énergétique présente, la décomposition, par sources d’énergie et par utilisation, de la consommation totale d’énergie (énergie primaire et énergie finale) exprimée en unités physiques, le plus souvent en millions de tonnes d’équivalent pétrole MTEP-L’énergie primaire à l’état brut. Les principales énergies primaires sont le pétrole, le charbon, le gaz naturel, l’uranium, l’hydraulique, le vent, le solaire.-L’énergie disponible, = la production nationale + les importations + ∆ stocks,-L’énergie secondaire = L’énergie primaire — (les exportations à l’état brut + pertes de transformation)-L’énergie finale est la quantité d’énergie livrée effectivement consommée au cours de la période considérée.-La consommation nationale d’énergie = La consommation finale + La consommation des industriesIl y a ainsi, dans le système énergétique global des pertes fatales liées aux principes de la thermodynamique et des pertes récupérables par accroissement de l’efficacité énergétique des appareils utilisés. Durant l’année 2011, les consommations nationales de l’électricité, des produits pétroliers et du GN se sont accrues respectivement de 8%, 7% et 4%, tirées par une hausse de la demande du secteur des ménages et des transports. Durant l’année 2011, les consommations nationales de l’électricité, des produits pétroliers et du GN se sont accrues respectivement de 8%, 7% et 4%, tirées par une hausse de la demande du secteur des ménages et des transports (5 millions de voitures en circulation en Algérie). Nous avons donc une demande en carburant qui explose. Une accélération de la demande interne en carburant et produits pétroliers dérivés, laquelle a atteint, selon les chiffres de Naftal, 13 millions de tonnes en 2010. Cependant, la saignée provoquée par la contrebande de carburant aux frontières contribue grandement à maintenir une certaine tension sur le marché. Tandis que les prix des pétroles raffinés flambent sur le marché international, l’Algérie est classée 3e pays où le prix du carburant est le moins cher au monde avec un prix à la pompe de 0,22 euro/litre pour l’essence et 0,13 euro pour le gasoil en 2010, Face à cela nous avons un tarissement de l’offre, une baisse de la production qui fait face à une demande accrue notamment domestique. Ce seuil critique est dépassé non pas quand la ressource a disparu ou qu'elle est devenue complètement inaccessible aux moyens humains et techniques raisonnablement disponibles, mais avant, quand l'opérateur doit investir plus de ressources ou d'énergie dans l'action que ce que cette même action lui rapportera. Ceci explique qu'une crise peut survenir alors qu'une ressource semble encore largement disponible. Pour les hydrocarbures comme le gaz ou le pétrole, au delà d'un certain seuil, il faut consommer plus d'énergie pour les récupérer qu'ils n'en procureront,
2.-Economie d’énergie & Efficacité énergétique
L’efficacité énergétique est l’un des principaux leviers de l’Economie d’énergie qui désigne l'état de fonctionnement d'un système pour lequel la consommation d’énergie est minimisée pour un service rendu identique. L’indicateur de l’intensité énergétique, qui est le rapport de la consommation d’énergie sur le produit intérieur brut PIB; mesure l’efficacité énergétique d’une économie. Globalement, plus cet indicateur est bas, plus l’efficacité énergétique est grande. En Algérie l’intensité énergétique finale a connu une augmentation de près de 3%. Entre 2000 et 2005, La consommation énergétique finale nationale a enregistré un taux de croissance moyen annuel de l’ordre de 5,68%. L’intensité énergétique a atteint 0.357 TEP pour 1000 dollars de PIB soit 2 fois plus que dans les pays de l’OCDE. Ainsi l’économie nationale consomme le double d’énergie pour créer la même unité de valeur ajoutée. A titre d’exemple, le potentiel d’économie d’énergie globale cumulée jusqu’en 2020 en Israël pourrait atteindre 96,4 GWh. La diminution des coûts d’achat de l’électricité d’ici 2020 en raison de la mise en œuvre des mesures d’efficacité globale dans le pays représenterait une valeur d’environ 5 milliards d’euros. En Algérie le potentiel d’économie d’énergie a bien été identifié mais le Programme National de Maîtrise de l’Energie (PNME) 2007/2011 n’inclut pas d’objectif chiffré. Les cibles d’économies d’énergie en 2011 sont relativement modestes et la stratégie axée essentiellement sur le court terme. C’est l’Agence Nationale pour la Promotion et la Rationalisation (APRUE), qui est en charge de la politique de maitrise de ‘énergie c’est elle qui a mis en place le PNME et a prévu le FNME, ce dernier a pour mission de cofinancer les actions visant à réaliser des économies d’énergie en partenariat avec les opérateurs concernés. En Algérie le cadre juridique et légal est cohérent et couvre tous les aspects de la régulation, du financement et de la mise en œuvre de la politique relative à l’efficacité énergétique. La loi cadre n°1999-09 du 29/07/1999 relative à la maîtrise de l’énergie a été complétée en 2000 et 2004 par deux décrets sur la réglementation thermique dans les bâtiments neufs (n°2000-90) et sur les procédures d’élaboration du programme national de maîtrise de l’énergie - PNME (n°2004-149). Deux autres décrets ont suivi en 2005, fixant les règles spécifiques d’efficacité énergétique applicables aux appareils fonctionnant à l’électricité, au gaz et aux produits pétroliers (n° 05- 16) ainsi que celui relatif à l’audit énergétique des établissements grands consommateurs d’énergie - EGCE (n° 05-495). Depuis 2008, trois arrêtés interministériels fixent les catégories d’appareils à usage domestique et définissent leurs classifications énergétiques, ainsi que les dispositions générales relatives aux modalités d’organisation et d’exercice de leur contrôle d’efficacité énergétique. Depuis 2009, trois arrêtés interministériels définissent l’étiquetage des réfrigérateurs, des congélateurs et des appareils combinés, des lampes et des climatiseurs à usage domestique. Signalons le Programme triennal d’efficacité énergétique « 2011-2013 », adopté par le Conseil des Ministres en février 2011. Ce programme concerne les volets suivants- l’isolation thermique des bâtiments; Le développement du chauffe-eau solaires ;la généralisation de l’utilisation des lampes basse consommation, l’introduction de l’efficacité énergétique dans l’éclairage public; l’aide à l’introduction de l’efficacité énergétique dans le secteur industriel et les établissements grands consommateurs d’énergie, par la réalisation d’audits et l’aide aux projets d’économie d’énergie; l’augmentation de la part de marché du Gaz de pétrole liquéfié carburant et la promotion du Gaz Naturel Carburant la conversion des centrales électriques au cycle combiné quand cela est possible ; La réalisation de projets pilotes de climatisation au solaire. Le premier gisement d’énergie pourrait très bien résider dans une meilleure efficacité de la chaîne de production et du mode de consommation. Le projet de réalisation d’audits énergétiques baptisé «Top-Industrie» au profit des entreprises industrielles. Selon les responsables de l’APRUE la réalisation des projets a permis de faire un gain dépassant les 1.000 TEP durant la période 2008 à 2010. En Tunisie les programmes de maitrise de l’énergie ont permis des économies de l'ordre de 3,5 Mtep cumulé sur la période de 2005 à 2011.
3.. Les Energies Renouvelables (EnR)
Les énergies renouvelables sont : l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’énergie hydraulique («la houille blanche»), la biomasse parfois qualifiée de «houille verte», la géothermie. Le recyclage et la valorisation des déchets industriels et ménagers constituent également une source importante d’énergie au niveau local dont la part biodégradable est considérée comme renouvelable. Le solaire est l’EnR qui s’adapte le mieux pour un pays comme l’Algérie. En moyenne, la puissance reçue annuellement à la face du globe peut varier entre 85 et 290 W/m2. Carlo Rubia, prix Nobel de physique, rappelle qu’au Sahara, il « pleut » chaque année l’équivalent d’un baril de pétrole par mètre carré sous forme solaire. L'Algérie dispose d’un potentiel énergétique solaire infini dépassant les 5 milliards de GWh/an, avec une moyenne annuelle d'ensoleillement variant de 2550 heures dans le Nord à 3819 heures dans le Sahara avec une capacité de production respective de 1700 et 2650 Kwh/m2/an. Les énergies renouvelables ont un impact moins important sur l’environnement que les énergies conventionnelles: elles sont en général plus chères que les énergies fossiles ; elles se développent le plus souvent dans le cadre de politiques volontaristes : subventions, prix de rachat de l’électricité produite, Quelles sont les perspectives algériennes ?Le programme des EnR est défini ainsi pour les différentes phases :- il était prévu pour 2013, l’installation d’une puissance totale de l’ordre de 110 MW (dont 30 MW de la centrale électrique hybride de Hassi R’mel) ;- à l’horizon 2015, une puissance totale de près de 650 MW serait installée;- d’ici 2020, il est attendu l’installation d’une puissance totale d’environ 2 600 MW pour le marché national et une possibilité d’exportation de l’ordre de 2 000 MW;- Le solaire devrait atteindre d’ici 2030 plus de 37% de la production nationale d’électricité.- Malgré un potentiel assez faible, le programme n’exclut pas l’éolien qui constitue le second axe de développement et dont la part devrait avoisiner les 3% de la production d’électricité en 2030, ça donne un taux total de 40% d’EnR en Algérie- C’est ainsi que d’ici 2030, il est prévu l’installation d’une puissance de près de 12000 MW pour le marché national ainsi qu’une possibilité d’exportation allant jusqu’à 10 000 MW.
4. L’option nucléaire et du gaz de schiste
Pour le nucléaire, même en incluant les mesures de sécurisation post-Fukushima existent des risques majeurs :- accidents- prolifération nucléaire - gestion des déchets- potentiel de développement dépendant de l’acceptabilité sociale. L’uranium 235 existe en quantité limitée. Les réserves prouvées de l'Algérie en uranium avoisinent les 29.000 tonnes, de quoi faire fonctionner seulement deux centrales nucléaires d'une capacité de 1.000 Mégawatts chacune pour une durée de 60 ans, Quel avenir pour les projets de recherches nucléaires en Algérie ? L’Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 pour faire face à une demande d'électricité galopante, selon le ministre de l'Énergie et des Mines, l'institut de génie nucléaire, créé récemment, devant former les ingénieurs et les techniciens en partenariat, qui seront chargés de faire fonctionner cette centrale. Et le gaz de schiste ? La loi adoptée par l’APN au début de l’année 2013 ouvre la voie à l’exploitation de ce gaz. Son extraction se fait par fracturation hydraulique en plusieurs étapes jumelées au forage horizontal. Cette technique est réalisée avec de l'eau très chaude mélangée à du sable qui permettra aux fractures de rester ouvertes à très haute pression. Il faut des compresseurs puissants et 10 000 à 15 000 m3 d'eau par forage, et quelques dizaines de produits chimiques toxiques. Loin de toute attitude idéologique ou « écologiciste », nous pensons qu’il serait plus sage de défendre l’idée que le gaz de schiste deviendra rentable en Algérie, lorsqu'on découvrira des techniques moins coûteuse et surtout moins polluantes, pour notre nappe albienne non renouvelable.5.-En guise de conclusionCe qui fait défaut en Algérie ce ne sont pas le manque des textes de lois en matière de maitrise de l’énergie ou les l’insuffisance des institutions en charge. Nous avons trois reproches :- le retard dans la prise de conscience de l’intérêt des EnR ; la non application des textes en matière d’efficacité énergétique et des engagements par les instances concernées malgré des avancés à signaler dans certains secteurs et le manque d’adhésion du citoyen lambda expliqué par l’absence de sensibilisation et manque de mesure incitatives. A cet effet il aurait été possible d’intégrer les objectifs de maitrise de l’énergie et des EnR dans la politique de l’emploi à travers le dispositif ANSEJ et CNAC. Le succès des programmes de transition énergétique les mieux réussis sont ceux alliant les caractéristiques suivantes :- cohérence (bonne définition du groupe ou de l’entité ciblée et bonne articulation des mesures entre elles),- coût bien réparti entre les acteurs concernés et l’Etat, revoir la politique des prix des produits énergétiques (électricité et carburant). Il est donc urgent de repenser notre système de redistribution de richesse qui ne favorise pas le gaspillage des ressources énergétiques.- souplesse, simplicité administrative, qualité de l’information et de la sensibilisation, participation et des mesures incitatives en direction des différents acteurs.Pour terminer, que grâce à une concertation économique et sociale des différents acteurs, la transition énergétique en Algérie est une voie possible.