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Etats-Unis : un projet de taxis réservés aux femmes fait un tabac

16-04-2016 07:47  Djamil Mesrer

Des taxis conduits par des femmes et réservés aux femmes et aux enfants, le projet de l'Américain Michael Pelletz a suscité une telle demande que cet ancien chauffeur de VTC a décidé de repousser la date de lancement. Chariot For Women, le nom de cette jeune société entièrement financée par son fondateur et des proches, devait initialement entrer en service mardi.

7.000 femmes candidates

Elle s'appuie, en grande partie, sur la méfiance de certaines femmes envers les taxis et les VTC, nourrie par plusieurs affaires d'agressions sexuelles par des chauffeurs hommes. Son fondateur souhaitait rassembler, dans un premier temps, un fichier de mille conductrices potentielles dans l'Etat du Massachusetts (nord-est). Elles auraient utilisé leur véhicule personnel pour convoyer femmes et enfants, sur demande. Mais sans avoir dépensé un centime en publicité, ce sont pas moins de 7.000 femmes candidates qui l'ont contacté ces quatre derniers jours pour devenir chauffeurs de sa société.

Les mêmes tarifs que Uber

"Si nous nous lançons le 19 avril, nous allons avoir des centaines de milliers de personnes qui voudront utiliser notre application. (...) Je ne veux pas laisser tomber qui que ce soit en laissant l'application planter", a expliqué vendredi Michael Pelletz, basé à Boston, cité par l'agence AFP. Dès lors, "nous allons repousser (le lancement) de quelques mois, juste pour être sûrs", a-t-il annoncé, sans être plus précis. Pour Boston où devait être lancé le service, les tarifs sont peu ou prou les mêmes que ceux d'Uber et Lyft, les deux géants des voitures de transport avec chauffeur (VTC), et sans tarification progressive, comme chez Uber.

"Assurer la sécurité des femmes et des enfants"

Les taxis roses, ces voitures de transport conduites par et pour des femmes, ne cessent de gagner en popularité à travers la planète. Depuis leur apparition à Londres il y a cinq ans, ils ont fait des petits à Dubaï, Puebla, Beyrouth, au Caire…À Londres, les premiers Pink Cabs

Un jour de 2005, deux mères de famille britanniques ont décidé que leurs adolescentes seraient dorénavant en sécurité dans les taxis. C’est à elles que l’on doit les premiers Pink Cabs. Il faut dire que dans la métropole anglaise, une dizaine de femmes sont agressées mensuellement par des pseudo-chauffeurs. Depuis, les mythiques taxis noirs «british» aux allures rétro ont de la concurrence : celle des petites Renault Kangoo peintes en rose éclatant avec, à leur bord, que des femmes.

Puebla : Taxis Rosas

Avec ses 1,5 million d’habitants, Puebla est la 4e ville en importance au Mexique. À quelques kilomètres de là, dans la capitale, Mexico, on enregistrait en 2008, 87 viols de femmes, commis par des chauffeurs de taxi. Et ça, ce sont uniquement les viols déclarés. Les Taxis Rosas ont donc fait leur apparition il y a près de deux ans à Puebla. Ils sont munis d’un système de navigation, d’un bouton d’a­ler­te sous le volant qui communique directement avec la police et d’un terminal bancaire. Avec moins de dineros à bord, on réduit les risques d’agression pour vol. Ces Taxis Rosas connaissent un succès retentissant, même s’ils chargent 10 % plus cher qu’une course classique. Non seulement les clientes s’y sentent en sécurité, mais elles aiment ne plus être exposées au harcèlement sexuel des chauffeurs masculins.

Au Moyen-Orient : malgré les critiques…

C’est au Moyen-Orient que les Pink Taxis font plus de petits qu’ailleurs : au Caire (photo), à Téhéran… Même Beyrouth, la capitale du Liban, a ses Taxis Banat (taxis pour femmes). Au départ, la directrice de ce dernier service, Nawal Yaghi Fakhri, a cru qu’il lui serait difficile de recruter des employées. Après tout, peu de femmes conduisent au Liban. Surprise : les demandes ont afflué! Une belle façon de créer de l’emploi. Dans un pays où la principale religion limite beaucoup les femmes, les critiques ont évidemment afflué. Mme Fakhri a dû défendre son entreprise dans Le Monde : «Des taxis roses, il devrait y en avoir dans le monde entier!» s’est-elle indignée.

Nanous sur quatre roues… et plus encore

Dans le monde entier ? Pas encore, mais l’idée fait son chemin. À Moscou, les taxis roses se transforment, lorsque nécessaire, en «auto-nanous» afin de ramener les petits de l’école. Besoin de faire livrer des fleurs ou des médicaments? Pas de problème, les taxis roses sont là. À Mumbai et New Delhi, en Inde, les taxis For-She ne sont peut-être pas roses (ils sont argent et blancs), mais ils disposent de grands miroirs, ainsi que de trousses à manucure, question que ces dames joignent l’utile à l’agréable. À grands coups de stéréotypes? Peut-être… Mais les femmes adorent.

On critique, mais…

À Puebla, les Taxis Rosas ont soulevé des désaccords. Pour certains, l’initiative renforce l’idée que la femme est vulnérable et qu’elle a besoin de protection, alors que d’autres désapprouvent ce qu’ils jugent discriminatoires, à une époque où les femmes elles-mêmes luttent pour l’égalité des sexes. Beaucoup d’hom­mes avouent cepen­dant qu’ils aiment bien savoir leur con­jointe, leur soeur ou leur mère en sécurité dans un Taxi Rosa.(Avec agences)



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