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Energies renouvelables en Afrique, besoins et sécurité énergétique

22-10-2016 08:49  Pr Abderrahmane Mebtoul

Il ne faut pas être utopique, les énergies fossiles notamment le gaz,  pendant encore longtemps 2017/2030,  seront la principale source d’énergie. Mais gouverner est prévoir, il appartient aux gouvernements  africains d’ores et déjà, de faire face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales irréversibles avec les résolutions récentes de la COP21 à Paris, qui sera suivie de la COP22 au Maroc, ratifiées par la majorité des Etats, axées sur le MIX énergétique entre 2020/2030,  de préparer la transition énergétique. C’est  une erreur stratégique de raisonner sur le modèle de consommation énergétique linéaire du passé. Aussi, l’énergie engageant la sécurité  des Nations, la stratégie des énergies renouvelables  doit s’inscrire  dans le  cadre de la  définition claire et datée  d’un nouveau modèle de consommation énergétique axée sur un Mix énergétique, par l’évaluation des ressources pour atteindre les objectifs fixés qui devront préparer les industries de l’avenir,  les nouvelles technologies  et les  industries écologiques, objet de la  nouvelle révolution économique 2020/2040

1. L’irradiation solaire moyenne des pays africains est, selon l’Irena (Agence internationale des énergies renouvelables), comprise entre 1 750 kWh/m2/an et 2 500 kWh/m2, soit près du double de celle de l’Allemagne (1 150 kWh/m2) qui dispose d’un parc photovoltaïque installé de l’ordre de 40 GW (soit une capacité photovoltaïque 20 fois plus importante que celle de l’Afrique). Le facteur de charge des installations photovoltaïques serait ainsi bien supérieur en Afrique que dans les pays européens. A fin 2015, l’Afrique disposait de 2 100 MW d’installations solaires photovoltaïques installées, 65% de cette capacité étant concentrée en Afrique du Sud (13% en Algérie et 9% à la Réunion). Lors des deux dernières années, le continent a plus que quadruplé la puissance installée de son parc photovoltaïque mais ce dernier reste encore modeste au regard du très grand potentiel africain car  près de 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité.  Selon l’Agence, cette énergie serait aujourd’hui compétitive par rapport aux énergies fossiles actuellement employées, que ce soit dans le cas d’importantes centrales ou de micro-rpoéseaux isolés (ainsi que de systèmes domestiques).

Selon l’Irena, les coûts d’investissement de grandes centrales photovoltaïques en Afrique ont diminué de 61% depuis 2012. Ils atteindraient actuellement près de 1,3 million de dollars par MW installé (la moyenne mondiale pour le photovoltaïque avoisine 1,8 million de $/MW selon l’Irena). Le président de l’Agence Adnan Z. Amin envisage encore une baisse possible de 59% de ces coûts durant la décennie à venir. L’Irena met en exergue le fait que l’énergie photovoltaïque présente pour l’Afrique une solution décentralisée et « modulaire » (avec des installations de quelques W à plusieurs dizaines de MW) pour électrifier rapidement des régions non connectées à des réseaux électriques. Selon des experts, il est   vrai que les besoins énergétiques des africains se limitent à quelques KWh par habitant et par an, l'usage étant  principalement l'éclairage électrique. Il n'y a pas de réseaux électriques en Afrique. Il n'y a pas d'économie d'échelle possible. Les africains payent 2 fois plus chère l'électricité que les européens. C'est toujours plus intéressant d'avoir de l'électricité à bon marché. Mais le  développement industriel exige de grandes puissances et surtout de la chaleur.  Certes le  photovoltaïque est certes plus adapté pour des petites installations hors réseau  et pour certains  pays africains mais une production industrielle nécessiterait de la combiner  avec le thermique

 2.-Il était nécessaire, au préalable de porter quelques remarques sur l’approche actuelle de développement des énergies renouvelables.  Il faut  cibler en priorité les projets qui concourent le plus à l’atteinte des objectifs. Sans avoir une position tranchée entre le photovoltaïque  et le thermique, nous aborderons   le solaire thermique  qui s’inscrit lui-même dans le programme régional du Sud, particulièrement pour l'Algérie qui possède d'importantes potentialités dans ce domaine pouvant  devenir ente 2020/2030 exportateur. La mauvaise connaissance du domaine pourrait expliquer le programme retenu. En effet vouloir tester toutes les technologies avant de faire son choix, ne semble pas être la bonne démarche. Ceci occulte toutes les études qui ont prévalues dont les études en question avaient été menées en collaboration avec  les principaux  centres de recherche aussi bien des USA, comme l’ENREL, que des détendeurs de la technologie solaire :la DLR(Allemagne) et CIEMAT (Espagne). La centrale KramerJunction fonctionne aux USA depuis 1980 avec une capacité de 300 MW. La même technologie utilisée à Hassi R’Mel (Algérie). Les tours solaires en Espagne ont fait leurs preuves depuis plusieurs années.


Il s’agit de  cerner les paramètres d’évaluation des différentes technologies. Avec la GTZ (Allemagne) la décomposition de la chaîne de valeur par composant et par coût a permis de se fixer un taux d’intégration réaliste de 70% pour le solaire thermique. Les industriels du solaire thermique convergent avec ce taux, tout en s’accordant aussi avec le niveau d’exportation d’électricité vers l’Europe. En effet l’Europe aura besoin d’importer 15% de ses besoins en 2030, soit l’équivalent de 24 GW électrique ou l’équivalent de 50 milliards de M3 de gaz par an. L’étude a aussi défini les conditionnalités : -un cadre politique stable,  un marché local durable de la taille de 250 MW /an  et un  marché ouvert entre les pays du Maghreb.  Les technologies retenues doivent correspondre aux potentiels les plus importants à valoriser à savoir permettre un taux d’intégration, la plus grande création d’emplois, offrant la meilleure adéquation avec le marché de l’électricité et  enfin , le plus important les technologies offrant le plus grand potentiel de réduction de coûts allant même jusqu’à la compétitivité avec les énergies fossiles Il  s’agit donc de bien cerner les véritables acteurs et d’avoir une vision stratégique reposant non sur l’utopie mais le réalisme ne devant jamais  croire que de lois et des changements d’organisations résoudront les fondements des problèmes. Les acteurs politiques sont certes indispensables, lorsqu’il s’agit de négocier une part de marché. Le partenariat technologique et l’intégration font appel généralement à des entreprises privées. Le risque est trop grand par ces périodes de crise, pour qu’un investisseur accepte de se mettre sous le contrôle d’une entreprise publique.


En résumé, en ces moments de grands bouleversements géostratégiques, le continent Afrique à très fortes potentialités, est l'objet d’enjeux considérables en ce XXIème siècle,  rivalités  notamment entre les  grandes puissances,  USA/Chine/Europe pour son contrôle. Il représentera horizon 2040 le quart  de la population mondiale, tirera la croissance  de l’économie mondiale,  sous réserve d'une bonne gouvernance, du primat  de l’économie de la connaissance et de la lutte contre le réchauffement climatique qui le frappera de plein fouet par la préservation de son environnement. Le développement des énergies renouvelables  en Afrique est le garant  de la couverture de ses besoins et de sa sécurité énergétiques  


NB- Professeur des Universités, expert international  Dr Abderrahmane MEBTOUL directeur d'Etudes Ministère Energie/Sonatrach 1974/1979-1990/1995-200o/2006  assisté de  Tewfik HASNI –ingénieur- Ancien PDG de NEAL, expert en Énergies renouvelables que je remercie pour son aide à cette contribution

-Voir en détail notre contribution Pr Mebtoul/Hasni - à ce sujet  parue en anglais  au niveau du site international  (diffusion mondiale Amérique-Europe/Asie-Afrique-Moyen Orient)  MENA-Forum  Bruxelles/Doha- 20/10/2016 « Algeria to prepare for Energy Transition - National Renewable Energy programme in Algeria

- Autres contributions internationales récentes en anglais du Pr Abderrahmane Mebtoul  - Mena/Forum- World Energy Congress at Istanbul by Dr A. Mebtoul | Oct 10, 2016  et  OPEC’s Algiers Informal Meeting -by Dr A. Mebtoul | Sep 26, 2016   -Facing Energy and Geostrategic Global Changes -by Dr A. Mebtoul | Sep 19, 2016 



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