Il ne faut pas être utopique, les énergies fossiles notamment le gaz, pendant encore longtemps 2017/2030, seront la principale source d’énergie. Mais gouverner est prévoir, il appartient aux gouvernements africains d’ores et déjà, de faire face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales irréversibles avec les résolutions récentes de la COP21 à Paris, qui sera suivie de la COP22 au Maroc, ratifiées par la majorité des Etats, axées sur le MIX énergétique entre 2020/2030, de préparer la transition énergétique. C’est une erreur stratégique de raisonner sur le modèle de consommation énergétique linéaire du passé. Aussi, l’énergie engageant la sécurité des Nations, la stratégie des énergies renouvelables doit s’inscrire dans le cadre de la définition claire et datée d’un nouveau modèle de consommation énergétique axée sur un Mix énergétique, par l’évaluation des ressources pour atteindre les objectifs fixés qui devront préparer les industries de l’avenir,
1. L’irradiation solaire moyenne des pays africains est, selon l’Irena (Agence internationale des énergies renouvelables), comprise entre 1 750 kWh/m2/an et 2 500 kWh/m2, soit près du double de celle de l’Allemagne (1 150 kWh/m2) qui dispose d’un parc photovoltaïque installé de l’ordre de 40 GW (soit une capacité photovoltaïque 20 fois plus importante que celle de l’Afrique). Le facteur de charge des installations photovoltaïques serait ainsi bien supérieur en Afrique que dans les pays européens. A fin 2015, l’Afrique disposait de 2 100 MW d’installations solaires photovoltaïques installées, 65% de cette capacité étant concentrée en Afrique du Sud (13% en Algérie et 9% à la Réunion). Lors des deux dernières années, le continent a plus que quadruplé la puissance installée de son parc photovoltaïque mais ce dernier reste encore modeste au regard du très grand potentiel africain car près de 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité. Selon l’Agence, cette énergie serait aujourd’hui compétitive par rapport aux énergies fossiles actuellement employées, que ce soit dans le cas d’importantes centrales ou de micro-rpoéseaux isolés (ainsi que de systèmes domestiques).
Selon l’Irena, les coûts d’investissement de grandes centrales photovoltaïques en Afrique ont diminué de 61% depuis 2012. Ils atteindraient actuellement près de 1,3 million de dollars par MW installé (la moyenne mondiale pour le photovoltaïque avoisine 1,8 million de $/MW selon l’Irena). Le président de l’Agence Adnan Z. Amin envisage encore une baisse possible de 59% de ces coûts durant la décennie à venir. L’Irena met en exergue le fait que l’énergie photovoltaïque présente pour l’Afrique une solution décentralisée et « modulaire » (avec des installations de quelques W à plusieurs dizaines de MW) pour électrifier rapidement des régions non connectées à des réseaux électriques. Selon des experts, il est vrai que les besoins énergétiques des africains se limitent à quelques KWh par habitant et par an, l'usage étant principalement l'éclairage électrique. Il n'y a pas de réseaux électriques en Afrique. Il n'y a pas d'économie d'échelle possible. Les africains payent 2 fois plus chère l'électricité que les européens. C'est toujours plus intéressant d'avoir de l'électricité à bon marché. Mais le développement industriel exige de grandes puissances et surtout de la chaleur. Certes le photovoltaïque est certes plus adapté pour des petites installations hors réseau et pour certains pays africains mais une production industrielle nécessiterait de la combiner avec le thermique
2.-Il était nécessaire, au préalable de porter quelques remarques sur l’approche actuelle de développement des énergies renouvelables. Il faut cibler en priorité les projets qui concourent le plus à l’atteinte des objectifs. Sans avoir une position tranchée entre le photovoltaïque et le thermique, nous aborderons le solaire thermique qui s’inscrit lui-même dans le programme régional du Sud, particulièrement pour l'Algérie qui possède d'importantes potentialités
Il s’agit de cerner les paramètres d’évaluation des différentes technologies. Avec la GTZ (Allemagne) la décomposition de la chaîne de valeur par composant et par coût a permis de se fixer un taux d’intégration réaliste de 70% pour le solaire thermique. Les industriels du solaire thermique convergent avec ce taux, tout en s’accordant aussi avec le niveau d’exportation d’électricité vers l’Europe. En effet l’Europe aura besoin d’importer 15% de ses besoins en 2030, soit l’équivalent de 24 GW électrique ou l’équivalent de 50 milliards de M3 de gaz par an. L’étude a aussi défini les conditionnalités : -un cadre politique stable, un marché local durable de la taille de 250 MW /an et un marché ouvert entre les pays du Maghreb. Les technologies retenues doivent correspondre aux potentiels les plus importants à valoriser à savoir permettre un taux d’intégration, la plus grande création d’emplois, offrant la meilleure adéquation avec le marché de l’électricité et enfin , le plus important les technologies offrant le plus grand potentiel de réduction de coûts allant même jusqu’à la compétitivité avec les énergies fossiles. Il s’agit donc de bien cerner les véritables acteurs et d’avoir une vision stratégique reposant non sur l’utopie mais le réalisme ne devant jamais croire que de lois et des changements d’organisations résoudront les fondements des problèmes. Les acteurs politiques sont certes indispensables, lorsqu’il s’agit de négocier une part de marché. Le partenariat technologique et l’intégration font appel généralement à des entreprises privées. Le risque est trop grand par ces périodes de crise, pour qu’un investisseur accepte de se mettre sous le contrôle d’une entreprise publique.
En résumé, en ces moments de grands bouleversements géostratégiques, le continent Afrique à très fortes potentialités, est l'objet d’enjeux considérables en ce XXIème siècle, rivalités notamment entre les grandes puissances, USA/Chine/Europe pour son contrôle. Il représentera horizon 2040 le quart de la population mondiale, tirera la croissance de l’économie mondiale, sous réserve d'une bonne gouvernance, du primat de l’économie de la connaissance et de la lutte contre le réchauffement climatique qui le frappera de plein fouet par la préservation de son environnement. Le développement des énergies renouvelables en Afrique est le garant de la couverture de ses besoins et de sa sécurité énergétiques.
NB- Professeur des Universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL directeur d'Etudes