La déception des algériens est à la mesure des espoirs qu’ils avaient à voir leur pays (enfin !) organiser la phase finale de la CAN 2017 en Algérie. Cette déception s’exprime largement jeudi dans la presse, chaque journal y allant de sa manchette. « Le camouflet » , barre sa « une » Liberté. « Gifle historique » lui répond El Khabar. El Watan personnalise le revers et parle de « l échec de Raouraoua », Le Soir d’Algérie, pour sa part préfère ratisser plus large en déplorant « une défaite politique et sportive », Ennahar pour sa part, plus tragique s’en prend à Hayattou, le président de la CAF, l’accusant d’avoir tout simplement « égorgé Raouraoua ».
Raouraoua roulé dans la farine par Hayattou
Les médias publics, réserve oblige, se contentent de donner l’information sans commentaires. Maintenant que le choix de Hayattou est fait, car c’est bien lui le tireur des ficelles dans les sombres arcanes de la CAF, il s’agit de voir ce qui n’a pas marché côté algérien. Indiscutablement Hadj Mohamed Raouraoua a été bien roulé dans la farine par son « ami » Hayattou, en échange de son soutien à l’amendements des statuts de la CAF avec la suppression de la disposition de limitation des mandat. Ce qui permet désormais au camerounais d’éspérer demeurer à vie à la tête de la CAF, un pratique au demeurant bien africiane.
Les algériens avaient tellement confiance en Raouraoua, de son entrisme, de son lobbying que pour eux la chose était entendue depuis longtemps. Tellement entendue que même un début de polémique à commencé avec la montée des habitants du sud qui revendiquent le droit pour Biskra ou Ouargla d’être une des villes hôtes. L’éviction de l’Algérie a au moins cet avantage de tuer dans l’œuf ce début de polémique. Mais au-delà de Hadj Raouraoua, qui doit désormais prendre ses responsabilités, car désormais trop discrédité pour demeurer à la tête de la Fédération algérienne de football, il ya d’autres acteurs qui doivent rendre de comptes.
Une défaite politique du pays
A commencer par le ministre de la jeunesse et des sports, la diplomatie algérienne, voire même le président de la république, car avant d’être une défaite spotive c’est une défaite politique du pays. Nos responsable politiques, dormant sur leurs lauriers d’une Algérie puissance régionale de l’Afrique pensaient naïvement que cette stature lui confère un droit de préemption pour l’organisation de la CAN 2017. Que Nenni. le président Bango s’est impliqué personnellement en jouant à la fois sur le levier politique et financier. Pendant ce temps notre président, malade, incapable d’assumer ses obligations africaines donne aux algériens l’illusion d’exister, de compter dans le concert des nations africianes en recevant chez lui à Zeralda des chefs d’Etats africians.
Il ne suffit pas à l’Algérie d’être à l’origine de ce machin qu’est le NEPAD ou encore cette autre aberration qu’est le MAEP pour prétendre au rang de puissance crainte et respectée en Afrique. C’est la capacité de lobbying qui manque encore à notre diplomatie prisonnière d’une conception vieillotte des relations internationale fondée sur l’amitié. C’était une vertu peut être valable à l’époque où Bouteflika était jeune et fringant ministre des affaires étrangères de Houari Boumediene. En ce 21ème siécle c’est la diplomatie des intérêts, c’est le pragmatisme qui structurent les relations internationales. N’est-ce pas M.Lamamra ? Quand bien il faut admette que depuis votre arrivée à la tête des AE, les choses bougent. Mais hélas, une hirondelle ne fait jamais seule le printemps.
L'affaire était pliée depuis longtemps
Pour revenir à l’élimination de l’Algérie pour l’organisation de la CAN 2017, les langues commencent à se délier. Le journalistes Hafidh Derradji, qui connait bien le monde interlope du football, promet des révélations sur sa page Facebook dans les prochains jours. Le temps lui a donné raison en avertissant depuis des mois les reponsables algériens contre la tentation de vendre la peau de l’ours avantde l’avoir tué. En attendant ces révélations, dans les coulisses de la CAF, on apprend ainsi que Hayattou avait promis à Gabon de lui octroyer l’organisation de la CAN 2017, en contrepartie d’un soutien logistique à la Guinée équatoriale, pays de rechange choisi pour la dernière édition de la CAN. Le choix du Gabon était donc plié depuis longtemps.
Ainsi donc, les choses commencent à se clarifier, et les sourires de Aissa Hayattou, lors des ses dernières visite à Alger, accueilli en guest star par les hauts responsables politiques, sont autant de coups de poignard cyniques portés au dos de l’Algérie. Faut-il alors quitter la CAF, une interrogation qui ressurgit à chaque fois que cette instance nous fait un enfant dans le dos ? Certainement pas, pardi ! Mais nous devons à jouer discrêtement dans les coulisses au lieu de chercher l’affichage devant les caméras de télévision. N’est-ce pas M. Raouraoua ?