Vendredi à la fin de la grandiosemanifestation citoyenne contre le cinquième mandat et dans la foulée, desappels anonymes sont lancés sur les réseaux sociaux pour une « grève générale »de 4 jours, voire carrément d’une « désobéissance civile », un peu en écho à la grève du FLN pendant la révolution.
Une désobéissance civile, rienque ça ! Evidemment, on ignore totalement les auteurs de ces appels,confortablement planqués dans l’anonymat qu’offre Facebook, Leurs objectifs, pourle moins inavouables.
Ces appels, comme on a pu leconstater hier soir, ont déjà produit partiellement leurs effets, avec ceslongues queues devant les stations de carburants.
Ce matin, l’appel à l’air d’être partiellementsuivi à Alger, au niveau des transports publics qui sont perturbés. Beaucoup demonde en attente dans les arrêts.
Des lycéens, tout heureux desécher les cours, sont sortis pour dire « non au cinquième mandat »,drapeau à la main ou autour de la taille. Certains commerçants attentistes, n’ontpas ouverts le matin, mais la tendance en fin de matinée est à la reprise de l’activité.
Mais la tension est bien palpable,alors que sur l’autoroute Est-Ouest, des policiers et des gendarmes sont enjalonnement, comme dans un dispositif en attente d’un cortège officiel.
« Nous sommes là en faction »,nous dit un policier positionné pas loin de la pompe à essence d’Ain Naâdja. Onparle aussi ici et là du retour aujourd’hui du président Bouteflika. Ce qui justifie ce dispositif sécuritaire.
Si cette grève n’est quepartiellement suivie, c’est un peu grâceaux appels lancés hier soir toute la nuit sur les réseaux sociaux pour dissuaderles citoyens de la suivre. De ne passervir de jouet à des apprentis manipulateurs qui ne cherchent qu’à faire lebuzz.
Le devoir de discernement dans dessituations pareilles doit être plus que jamais de mise chez lescitoyens algériens, qui ont assez de jugeote, pour ne pas être des moutons de Panurge,en répondant de façon pavlovienne à des appels dont la dangerosité ne fait pasle moindre doute.
Depuis le 22 février, lesalgériens n’ont cessé d’épater le monde entier par des marches pacifiques etciviques pour réclamer dans le calme et la joie la fin du régime, le départ deBouteflika.
Ces marches pacifiques, qui sontautant d’épopées sont les bienvenues et doivent se poursuivre dans le mêmeesprit pour faire fléchir le pouvoir et le pousser à renoncer à son calendrierélectoral. Une présidentielle dans les conditions actuelles est justesurréaliste et irresponsable.
Autant les marches pacifiques des vendredi sont même nécessaires pour entretenir et ancrer dans le temps le mouvementde protestation, autant la désobéissance civile à laquelle ont appelé ces vaillants activistesvirtuels est dangereuse, car c’est la mise en péril même, voire la négation de ce formidable élan citoyen.
Les premières victimes collatéralesde ces appels à la désobéissance civile sont les citoyens qui ne pourront plusvoyager, s’approvisionner, se soigner, étudier…
Mais au-delà de ces premièresconséquences sur la vie quotidienne des algériens, une désobéissance civilevise à saper les fondements de l’Etat qui est la colonne vertébrale de lanation algérienne.
Les citoyens algériens doivent savoirfaire la part des choses en distinguant entre l’Etat (qui nous appartient àtous, quand bien même il y a des institutions qui sont aux mains des indusoccupants) et le régime qui est un grouped’hommes, à un instant « T » de l’histoire du pays qui défendentleurs intérêts économiques et politiques de caste.
Les algériens qui ont aujourd’hui40 ans et plus doivent savoir exactement ce que désobéissance civile veut dire.Ils n’ont certainement pas oublié vers quel enfer nous ont conduit les appelsdu FIS à la révolte contre l’Etat. Dix ans de violence,200.000 morts, des milliers de familles endeuillées, des milliards de pertes etun traumatisme collectif enfoui comme des déchets nucléaires dans l’inconscient de la société.
« Celui qui ne retient pasles leçons de l’histoire est condamné à les revivre », dit le proverbe. Achacun de le faire sien et à bon entendeur !