Face à la propagation de la corruption qui, tel un serpent de mer gangrène le corps de l’Etat, mais aussi la faillite des organismes publics de lutte contre ce phénomène ravageur, les autorités ont décidé de s’en remettre à…Dieu; ou plus exactement à ses «saints» Imams.
Le ministère des Affaires religieuses et l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLC) vont désormais faire cause commune à travers la mise en place «prochainement» d’un cadre de coopération pour «sensibiliser» la société aux dangers de ce phénomène.
C’est la conclusion d’une rencontre qui a réuni ce mardi le ministre des cultes, Youcef Belmehdi et le président de l’ONPLC, TAREK Kour, consacrée précisément à la concertation sur la mise en place d'un cadre de coopération entre les deux entités publiques.
En sa qualité de premier responsable des affaires religieuses, Youcef Belmehdi a estimé dans une déclaration à la presse que la lutte contre la corruption exigeait «une éducation, une réforme et une sensibilisation».
Pour ce faire, le ministre a promis que son département participerait à la lutte contre la corruption à travers «la formation d'imams et de cadres, ainsi que des prêches pour sensibiliser la société aux dangers de la corruption».
Le programme de ce projet s’articulera autour de colloques et des journées d'études pour sensibiliser sur les dangers et les répercussions de ce phénomène sur la société, précise le ministre.
Le président de l'ONPLC a indiqué de son côté qu'il a été convenu de mettre en place d'une «commission» chargée de l'élaboration d'un «cadre de partenariat», soulignant que l'organe qu'il préside avait demandé au ministère des Affaires religieuses d'inviter les imams à consacrer un "prêche unifié" le vendredi à travers toutes les mosquées du pays pour sensibiliser aux dangers de la corruption sur la société.
Tarek Kour souhaite en effet que la démarche aboutisse à la mise en place d’un «cadre de coopération en impliquant le département des affaires religieuses, à travers l'échange d'expertises, des connaissances et de la formation commune».
Il en veut d’autant plus que l’article le 203 de la constitution accorde à l’ONPLC un rôle «dans la consécration des principes d'intégrité et de transparence dans la gestion des biens et des deniers publics».
Cela étant dit, cette décision du ministère des affaires religieuses et de l'ONPLC de se serrer les coudes pour lutter contre la corruption à partir des mosquées, serait-elle la voie du salut pour ramener les fidèles (corrompus) dans le droit chemin? Rien n'est moins sûr.
Les deux deux responsables ne font qu’exprimer une prière que la bonne parole portée par les imams soit plus efficace que l'arsenal juridique en vigueur.