Le débat en plénière sur le nouveau code des investissements aura globalement tourné au procès contre les pouvoirs publics accusés d’avoir échoué à faire de l’Algérie un pôle d’attraction des investissements étrangers, en dehors du secteur des hydrocarbures. Tel un leitmotiv, deux mots reviennent dans les interventions des députés : la corruption et la bureaucratie. « L’Algérie a besoin des investissements estrangers », soutient Mohamed Tahar Kaddour, du Rassemblement national démocratique (RND), avant de pointer les problèmes liés « au système bancaire, à la bureaucratie et au foncier industriel qui entravent l'investissement.
Le représentant de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), Mohamed El Hadi Othmannia, a mis en relief l’impératif d'améliorer le climat de l'investissement, expliquant que le "problème ne réside pas dans la loi, mais dans la bureaucratie qui ronge l'économie". M. Khelifa Hedjira du Front de la Justice et du développement (FJD) pointe le phénomène de la corruption, sa prolifération à grande échelle en contre partie des avantages accordés par l'Etat. D’où pour lui la nécessité » de « débureaucratiser » le nouveau code de l’investissement en y consacrant la transparence dans toute la chaine de l’investissement.
Le nouveau code des investissements a été aussi l’occasion pour les députés d’évoquer une vache sacrée, le fameux article du 51/49 régissant l’investissement étranger. Les intervenants au débat, ont plaidé tous la « fléxibilité » dans l’application de ce dogme stalinien, tout en recommandant de le limiter à l’avenir aux « secteurs stratégiques ».
Seul bémol, les députés du PT et du FFS, ne l’entendant pas de cette oreille, ont défendu mordicus le maintien de la loi dans sa riguer actuelle. Ramadane Taazibt du PT a estimé que le projet de loi sur la promotion de l'investissement ne peut atteindre les objectif fixés du fait de la situation difficile qui marque l'investissement à l'échelle mondiale. Il a par ailleurs contesté l'octroi de plus d'avantages au secteurs privé et étranger qui pour lui n'ont pas contribué à la croissance du secteur industriel.
L'examen du projet de code de l'investissement, qui revêt une importance capitale pour l'économie nationale, doit être centré sur les objectifs stratégiques du pays loin des considérations partisanes, a rétorqué M. Kada Djelid, député du FLN qui se fait le chantre du pragmatisme. « Peu importe la couleur du chat pourvu qu’il attrape la souris », argumentera-t-il, en utilisant la formule de l’ex leader chinois Den Xiaoping, père de la « libéralisation » de l’économie chinoise.
Selon M. Noureddine Boucetta du parti AHD 54, l'Algérie est contrainte d'adopter une politique d'investissement judicieuse et d'accorder des facilités et des garanties pour attirer les investisseurs et limiter la dette extérieure.
Dans son intervention devant les députés de l'APN, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, a soutenu que le nouveau code de l'investissement "s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle génération de réformes économiques qui vise à changer le mode de croissance à la faveur de la politique de diversification de l'économie".
Le projet de loi a également pour objectif de réguler le cadre de l'investissement étranger direct en fonction de l'importance des capitaux étrangers dans l'économie nationale à travers la mise en place d'un cadre de régulation efficace qui permet de filtrer les activités les moins productives pour le pays, notamment en matière d'importation, a insisté le ministre qui a à coeur de convaincre les députés quant à "l'incontournabilité"de la réforme de la loi.