Un canular au mépris de l’intelligence humaine : Une décision organisationnelle pour rompre avec le front al-Nosra, qui n’a rien d’une révocation.

En effet, le numéro un d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri a donné son feu vert pour que sa branche en Syrie le front al-Nosra se sépare de sa nébuleuse.

Dans un enregistrement vocal publié jeudi par la chaine satellitaire qatari al-Jazeera, Zawahiri assure que le front al-Nosra peut très bien sacrifier ses liens organisationnels avec Al-Qaïda si cela est indispensable pour préserver son unité et pour poursuivre le combat en Syrie.

« Nos frères avec lesquels nous unissent des liens bien plus forts que les liens organisationnels, qui sont des liens provisoires et incertains, sachez que votre unité et votre harmonie nous sont bien plus chères que toute relation organisationnelle », a-t-il ajouté.

Et de poursuivre : « Votre unité et l’unification de votre rang sont bien plus importantes que les affiliations aux organisations et aux partis. On peut très bien sacrifier ces liens organisationnels partisans s’ils s’opposent avec votre harmonie, votre unité, et votre mobilisation dans un seul rang comme un bâtiment blindé, pour faire face à votre ennemi laïc et sectaire auquel s’est ralliée une Croisade moderne ».

Le texte de Zawihiri est certes bien clair : les objectifs n’ont pas changé. Il s’agit seulement d’une tactique pour se protéger.

Ces derniers jours, le front al-Nosra se préparait d’ailleurs à cette décision, exigée par ses alliés en Syrie et ses alliés alliés régionaux et internationaux. Vu qu'il est inscrit sur la liste des organisations terroristes des Nations Unies.

Joulani: une allégeance sans faille

Pour la première fois depuis que cette milice wahhabite est entrée en action en Syrie en 2012, il a révélé l’identité et le portrait de son chef et fondateur, connu sous le pseudonyme Abou Mohammad al-Joulani.

Selon le site libanais d’information a-Hadath News, cette révélation s’est faite sur tous les sites et les comptes du front al-Nosra sur les réseaux sociaux, accompagné des portraits dont la physionomie a longtemps été dissimulée.

Né en 1981 dans la localité al-Chahil dans gouvernorat de Deir Ezzor, a l’est de la Syrie, Oussama al-Aabsi al-Wahidi avait étudié la médecine à l’Université de Damas. En troisième année d’études, il se rend en Irak, lors de son invasion américaine et rejoint Al-Qaïda. Il a combattu sous les ordres du jordanien Abou Moussab al-Zarkaoui puis de ses successeurs et a prêté allégeance à Zawahiri.

Il retourne en Syrie en août 2011 pour fonder la branche d’Al-Qaïda, le front al-Nosra.

Le 24 janvier 2012, il publie un communiqué dans lequel il annonce la formation du front al-Nosra du Levant et lance son action a partir de son village natal.

Lorsque le 9 avril 2013, le chef de Daesh, Abou Bakr al-Baghdadi décide de fusionner sa milice EIIL avec la sienne, au motif que les deux sont des émanations d’Al-Qaïda, Joulani refusera d’obtempérer et déclarera son allégeance uniquement pour le commandement de Zawahiri.

Son allégeance est sans faille: il lui aura fallu une permission de ce dernier, pour décider une séparation organisationnelle d’Al-Qaïda. "Nous remercions les commandants d'Al-Qaïda pour avoir compris la nécessité de rompre les liens (...)", a-t-il tenu à dire, en alléguant que cette décision "vise à protéger la révolution syrienne".

Directement après l'avoir obtenu, Joulani alias Wahidi a donné un nouveau nom à sa milice: Jabhat Fateh al-Sham, le front de la conquête du Levant.

Une manoeuvre à laquelle toutes les milices syriennes ont recouru pour couvrir les crimes qu'elles ont commis en Syrie.