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Discours de Ouyahia sur le programme du gouvernement : quelles interprétations ?

21-09-2017 15:03  Pr Abderrahmane Mebtoul

Le premier ministre  a mis en relief  dans son discours présent le 21 septembre 2017l les axes généraux d’un vaste programme économique. Personne n’ayant le monopole de la vérité et du nationalisme, nous aimons tous l’Algérie, je  souhaite, pas dans une loi des finances qui a pour vocation de dresser les prévisions  annuelles des recettes et des dépenses globales, mais dans un document de prospective de cinq années    que l’ensemble des projets inscrits dans le  programme soit individualisés et que  leur mode de financement (part dinars, devises)  année par année soit clairement défini avec leurs impacts sur le  taux de croissance et le taux de l’emploi .

1.-Tout d’abord je me félicite que la proposition faite depuis décembre 2014 et réitéré récemment début septembre 2017, d’une commission indépendante  de suivi de l’action du gouvernement , notamment du plafond que doit consentir la banque d’Algérie au trésor par l’émission monétaire,  composé d’experts indépendants sous la haute autorité de la présidence de la république et non du premier ministre ne pouvant pas  être juge et partie  ait été décidé par les pouvoirs publics.

2.-D’abord depuis notamment la  chute du cours des hydrocarbures la mi 2014, la banque d’Algérie  dévalue simultanément le dinar  tant par rapport  à l’euro que du dollar pour combler le  déficit budgétaire et par le passé ayant pour gonflé artificiellement le fonds de régulation des recette calculé en dinars qui s’est épuisé début 2017.En effet les recettes d’hydrocarbures sont faites en dollars et la dévaluation du dinar gonfle la fiscalité hydrocarbures. Les Importations en euros converties en dinars dévalués gonflent la fiscalité ordinaire. Il est entendu qu’existe une corrélation et de la n’est pas propre à l’Algérie ( cas de la dévaluation rouble russe) entre les réserves de change via la rente des hydrocarbures et la cotation officielle du dinar à plus de 70% selon nos calculs. Mais existent également une corrélation indirecte en plus des fluctuations du panier des  monnaies internationales auxquelles se réfère la banque d’Algérie,  entre le taux d’inflation induit par cette cotation  et l’inflation qui pousse encore plus à la dévaluation.

2.-Quand un pays connaît une forte dépréciation de sa monnaie surtout pour un pays dont les  besoins des entreprises publiques et privées dépendent de l’extérieur comme l’Algérie , il y a  poussée inflationniste fonction de l’importance des biens importés dans la consommation nationale, de l’impact de certains biens dans la production (énergie et matières premières), de la capacité des salaires à résister aux poussées inflationnistes (état du marché du travail), des problèmes de financement des entreprises (insuffisance des crédits bancaires) qui poussent ces entreprises à augmenter leur prix pour financer par elles-mêmes les investissements, de la politique monétaire et comme résultante l’inflation dite « importée »..

3.-Concernant le montant de la sphère informelle, l’ex ministre des finances Benkhalfa l’avait évalué  dans un entretien à une télévision privée entre 40/50 milliards de dollars et en 2016, l’ex premier ministre a déclaré officiellement (flach de l’APS) que le montant était  de 37milliards de dollars citant les données de la banque d’Algérie. Aujourd’hui le premier en septembre 2017 ministre donne un autre montant 17 milliards de dollars. Ayant eu à diriger une étude sur la sphère informelle pour l’Institut Français des Relations  Internationales IFRI ( Mebtoul- Paris France décembre 2013) nous avions recensé quatre mode de calculs chaque mode donnant un montant différent avec un écart de 20/30%. Comment  dès los expliquer l’écart énorme de 20 milliards de dollars donné par deux premiers ministres à une  année d’intercale?

4.-Quelles sont les relations entre l’inflation qui constitue une épargne forcée au détriment des revenus fixes, (impôt indirect) devant préciser que  le dinar algérien est  inconvertible et le financement non conventionnel concernant que la  partie dinars et non la partie devises non maitrisée aura pour conséquence une poussée inflationniste. L’on doit comparer le comparable. Pour une  monnaie convertible, cela renvoie  la parité des pouvoirs d'achat (PPA) utilisée en finance internationale et  qui  constitue souvent une hypothèse de base de nombreuses théories sur les taux de change. Cette théorie est fondée sur l'idée que les taux de change devraient être fixés par rapport au prix relatif des biens de consommation entre deux pays. L'évolution du taux d'inflation d'un pays serait alors immédiatement compensée par un mouvement opposé du taux de change. Lorsque les prix augmentent dans un pays, alors la devise de ce pays devrait se déprécier pour que la parité soit rétablie. Si l’inflation   est plus fort dans un pays que dans l’autre, c’est là que l’inflation influe sur le taux de change. La devise avec le plus fort taux d’inflation va alors perdre de sa valeur et se déprécier, alors que la devise avec le plus faible taux d’inflation va elle s’apprécier. Autre conséquence, une poussée inflationniste   pousse vers une hausse des taux d’intérêts ce qui a pour effet de déprécier la devise (moins rémunératrice)   Selon les experts financiers il faut introduire également d’autre facteurs pour comprendre la relations entre l’inflation et la valeur de la d’une monnaie convertible, précisant que chaque  devise a un taux d'intérêt différent  influant  sur le taux de change avec les autres devises,  les devises ayant  un fort taux d'intérêt  attirant  les investisseurs (phénomène de carry trade). L’on peur recenser les autres  facteurs suivants  ayant une influence sur le taux de change :la croissance économique, la politique monétaire ,  la dette publique, la balance courante, le  statut de la devise et des  événements géopolitiques. 

5.-Concernant le financement non conventionnel, évitons la comparaison avec les Etats Unis d’Amérique  dont le dollar est une monnaie internationale qui finance  en grande partie, bien qu’ayant  baissé en valeur relative avec l’entrée de l’euro, depuis le décret de Nixon de décréter l’inconvertibilité du dollar vis-à-vis de l’or en 1971, le reste du monde. Pour le cas du signalons le cas du Japon c’est un pays qui a une grande épargne, la dette intérieure étant couverte par cette même épargne, les Japonais ayant préféré endetter leur Etat plutôt que d’augmenter les impôts

En résumé, l'Algérie souffre cruellement de prospectives en ce monde instable et turbulent avec le s profondes  mutations géostratégiques qui  s'annoncent 2017/2030. Je  souhaite  que l’ensemble des projets inscrits dans le  programme soit individualisés et que  leur mode de financement (part dinars, devises)  année par année soit clairement défini avec leurs impacts sur le  taux de croissance et le taux de l’emploi.

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